"Mango Man", l'homme qui fait pousser 300 variétés de mangues

Kaleem Ullah Khan, connu localement sous le nom de "Mango Man", montre comment il greffe différentes variétés de mangues sur un arbre centenaire dans sa ferme (juin 2022).
Kaleem Ullah Khan, connu localement sous le nom de "Mango Man", montre comment il greffe différentes variétés de mangues sur un arbre centenaire dans sa ferme (juin 2022). Tous droits réservés MARYKE VERMAAK/AFP or licensors
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Par Euronews avec AFP
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🥭 Kaleem Ullah Khan, un octogénaire indien connu localement sous le nom de "Mango Man", a réussi à produire plus de 300 variétés de mangues, avec un seul et unique arbre, vieux de 120 ans.

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"Même dans un désert, je peux faire pousser des mangues", lance Kaleem Ullah Khan. Tous les jours, l'octogénaire indien se lève à l'aube, fait ses prières et parcourt environ un kilomètre jusqu'à son immense manguier, vieux de 120 ans. Au fil des années, le vieil homme a réussi à produire plus de 300 variétés de mangues avec cet unique arbre.

Son pas s'accélère à mesure qu'il s'approche, et ses yeux s'illuminent : il observe attentivement les branches à travers ses lunettes, caresse les feuilles et renifle les fruits pour voir s'ils sont mûrs. "Voici mon prix après des décennies de dur labeur sous un soleil brûlant", sourit l'homme de 82 ans dans son verger de la petite ville de Malihabad, dans l'Uttar Pradesh, un Etat du nord de l'Inde.

À chaque mangue son arôme

Après avoir abandonné l'école, Kaleem n'était qu'un adolescent quand il a tenté une première expérience pour créer de nouvelles variétés de mangues en assemblant différentes parties de plantes. Pari gagné car l'expérience a littéralement porté ses fruits : sept nouvelles variétés produites par un seul et même arbre. 

Depuis 1987, il concentre son travail, sa fierté et sa joie sur ce manguier majestueux, source de plus de 300 différents types du fruit sucré. Chacun a un goût particulier, une texture spécifique, une couleur propre et une taille unique, explique-t-il.

Il a nommé l'une de ses premières variétés "Aishwarya", en référence à Aishwarya Rai Bachchan, lauréate du concours de beauté Miss Monde 1994 devenue l'une des plus grandes stars de Bollywood. À ce jour, elle reste l'une de ses "meilleures créations".

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Ici, une variété de mangue provenant du manguier centenaire de Kaleem Ullah Khan à Malihabad, à quelque 30 km de Lucknow (juin 2022).MARYKE VERMAAK/AFP or licensors

Une méthode singulière

Haut de neuf mètres, son précieux arbre a un tronc robuste et des branches larges et épaisses, produisant une ombre agréable contre le soleil de l'été indien. Les feuilles forment un camaïeu de textures et d'odeurs différentes. À certains endroits, elles sont jaunes et brillantes, et à d'autres, d'un vert sombre et terne.

"Tout comme il n'y a pas deux empreintes digitales identiques, il n'y a pas deux variétés de mangues semblables. La nature a doté les mangues de caractéristiques qui ressemblent à celles des humains", confie Kaleem Ullah Khan.

Sa méthode, qui s'apparente à une greffe, est complexe. Elle consiste à trancher avec soin une branche d'une variété, laissant une plaie ouverte dans laquelle une branche d'une autre variété est épissée et scellée avec du ruban adhésif. "J'enlèverai le ruban une fois que le joint sera solide, et j'espère que cette nouvelle branche sera prête pour la saison prochaine, et qu'elle portera une nouvelle variété après deux ans", explique le vieil homme.

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Cette image montre un manguier centenaire dans la ferme de Kaleem Ullah Khan à Malihabad, à quelque 30 km de Lucknow (juin 2022).MARYKE VERMAAK/AFP or licensors

Des mangues en péril

L'Inde est le plus grand producteur mondial de mangues et fournit la moitié de la production planétaire. Malihabad, dans l'État de l'Uttar Pradesh, compte plus de 30.000 hectares de vergers et représente près de 25% de la récolte nationale.Mais les agriculteurs s'inquiètent du réchauffement climatique, la canicule de cette année ayant détruit 90% de la récolte locale, selon l'All-India Mango Growers Association. 

Le nombre de variétés a également diminué. Pour M. Khan, ce sont les techniques d'agriculture intensive et l'utilisation généralisée d'engrais et d'insecticides bon marché qui en sont responsables. Les arbres sont par ailleurs plantés trop près les uns contre les autres, ne laissant aucun espace pour que l'humidité et la rosée se déposent sur les feuilles, détaille-t-il. 

"Les humains vont et viennent, mais les mangues resteront pour toujours, et même dans plusieurs années", se réjouit Kaleem Ullah Khan. Les compétences de ce père de huit enfants lui ont valu de nombreuses récompenses, dont l'une des plus hautes distinctions civiles de l'Inde en 2008, ainsi que des invitations en Iran et aux Émirats arabes unis.

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