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Avortement aux Etats-Unis : près de la moitié des Américains prêts à déménager

La décision de la Court suprême de revenir sur le droit à l'avortement aux Etats-Unis avait provoqué l'émotion et la colère à travers le monde. Une étude révèle qu'un Américain sur cinq était prêt à déménager pour un Etat ne pénalisant pas l'interruption de grossesse.

Le 16 juillet 2022, à Santa Monica en Californie, des militantes pour le droit des femmes continuent de protester contre la décision de la Cour suprême de revenir sur le droit à l'avortement.
Le 16 juillet 2022, à Santa Monica en Californie, des militantes pour le droit des femmes continuent de protester contre la décision de la Cour suprême de revenir sur le droit à l'avortement. (RINGO CHIU/AFP)

Par Les Echos

Publié le 21 juil. 2022 à 12:04Mis à jour le 21 juil. 2022 à 13:06

Déménager pour vivre dans un Etat en accord avec ses valeurs ? C'est ce que seraient près à faire près de la moitié des travailleurs américains. Selon une enquête menée par Morning Consult auprès de 4.400 travailleurs américains, environ 44 % des sondés qui se disent inquiets de ne pas disposer de la possibilité d'avorter (pour eux-mêmes ou pour un proche), affirment être prêts à déménager dans un autre Etat, plus favorables à l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Seule condition : pouvoir garder leur emploi et leur salaire, même s'ils considèrent malgré tout le processus comme difficile.

En juin dernier, la Cour suprême américaine, la plus haute juridiction du pays, enterrait à six voix contre trois le droit à l'avortement au niveau fédéral . Un droit qui était garanti depuis près de 50 ans par l'arrêt Roe v Wade. Si l'avortement n'est pas interdit partout pour autant, chacun des 50 Etats est désormais libre de l'autoriser ou non. Dans 13 d'entre eux, notamment au sud du pays, certains n'ont pas tardé à l'interdire, comme l'Alabama ou l'Arkansas. Dans d'autres Etats, le délai pour avorter a été considérablement réduit et serait en passe d'être entièrement banni.

Une volonté qui ne se concrétise pas

A la suite de la décision de la Cour suprême, les Etats « refuges » conservant le droit à l'IVG s'attendent à un afflux de résidents issus de la vingtaine d'Etats où l'avortement devrait être criminalisé ou fortement restreint. Mais pour le moment, une telle tendance ne s'est pas encore concrétisée.

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En 2019, une étude de la Pennsylvania State University affirmait déjà que les travailleurs américains avaient tendance à préférer emménager dans des Etats et vivre avec des personnes en accord avec leurs valeurs personnelles, même s'ils n'étaient pas directement concernés.

Une contrainte économique

Parmi les sondés par Morning Consult, plus de la moitié affirme cependant qu'il serait difficile d'accepter une réduction de salaire ou de quitter leur emploi actuel pour se mettre en accord avec ses valeurs. Seulement un tiers serait prêt à faire ces sacrifices.

Une des raisons est le coût d'un tel choix. D'après l'entreprise de déménagement HireAHelper, le coût des déménagements a augmenté de 9 % au cours des cinq premiers mois de 2022 par rapport à la même période l'année précédente ; et ils devraient encore augmenter pendant l'été, période de forte demande.

Un autre obstacle majeur est le coût de la vie généralement plus élevé dans les Etats où l'avortement reste légal, par rapport à ceux qui le proscrivent. D'autant que les Etats-Unis traversent une période où les prix des produits de première nécessité, comme la nourriture, le gaz et l'énergie, n'ont jamais été aussi élevés .

Une prise en charge par les employeurs

Si certaines entreprises comme Citigroup ou Hewlett Packard couvrent les frais de santé génériques hors de l'Etat de résidence de leurs employés, elles restent une minorité à le faire. Moins de 15 % des personnes interrogées par Morning Consulting affirment que leur employeur a pris de telles mesures à la suite de la décision de la Cour suprême.

Aux Etats-Unis, plus d'un quart des travailleurs du secteur privé ne bénéficie d'aucune prestation de soins de santé . De plus, les frais pour avorter légalement dans un autre Etat sont hors de portée pour la plupart des travailleurs américains.

D'après une autre étude menée par le cabinet de conseil Gartner, la majorité des responsables des ressources humaines ne prévoient pas de modifier leur offre de soins de santé. Désormais, la prise en charge de tels frais est « un énorme défi pour les entreprises », commente un des auteurs du rapport. « Ils passent beaucoup de temps à communiquer sur les'valeurs' ; elles sont désormais mises à l'épreuve ».

Avec Bloomberg

Emile Kemmel

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