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Santé

Bisphénol A: un nouveau récepteur très sensible identifié

Le Bisphénol A (BPA), une molécule de synthèse souvent pointée du doigt pour ses risques sur la santé.

Le Bisphénol A (BPA), une molécule de synthèse souvent pointée du doigt pour ses risques sur la santé. - -

Des chercheurs français ont découvert le rôle d'un nouveau récepteur très sensible au bisphénol A (BPA), un perturbateur endocrinien qui pourrait également provoquer ou aggraver des maladies métaboliques comme l'obésité ou le diabète.

Déjà interdit dans les biberons, le bisphénol A est de nouveau pointé du doigt dans une étude publiée mercredi. Des chercheurs français ont ainsi découvert le rôle d'un nouveau récepteur très sensible à ce perturbateur endocrinien, qui pourrait également provoquer ou aggraver des maladies métaboliques comme l'obésité ou le diabète.

Alors que les scientifiques pensaient jusqu'ici que les récepteurs des oestrogènes étaient les cibles principales du BPA, une équipe de chercheurs de l'Institut de génomique fonctionnelle et de l'Ecole nationale supérieure (ENS) de Lyon a démontré sur un modèle animal qu'un autre récepteur, très impliqué dans le métabolisme, jouait un rôle beaucoup plus important.

"Nous avons découvert que le récepteur ERRg (g pour gamma) avait une affinité 1.000 fois plus forte pour le BPA que les récepteurs des oestrogènes" relève Vincent Laudet, qui a dirigé l'étude publiée mercredi dans la revue américaine Faseb Journal.

"Réévaluer l'impact du BPA sur la santé humaine"

Le bisphénol A est l'un des perturbateurs endocriniens les plus étudiés car on le trouve dans de nombreux contenants alimentaires, mais également sur des tickets de cartes bleues ou de caisse électronique ou encore dans certaines résines dentaires.

On sait depuis plusieurs années que l'exposition au BPA peut entraîner des malformations ou des dysfonctionnements des organes reproducteurs, un effet que les scientifiques lient à la capacité du BPA d'agir sur les récepteurs des oestrogènes.

Mais des études plus récentes effectuées notamment sur des souris montrent que le BPA pourrait également affecter d'autres organes comme les reins ou le foie et augmenter les risques d'obésité et de diabète de type 2 et affecter la fonction cérébrale.

"Ces données nous ont conduit à penser que d'autres récepteurs du BPA pouvaient exister" indique Vincent Laudet qui a découvert le rôle du récepteur ERRg en travaillant avec son équipe sur des poissons-zèbres.

Les chercheurs ont montré que ce récepteur, connu depuis une dizaine d'années comme étant un régulateur du métabolisme, était le seul à être impliqué dans des malformations de la structure de l'oreille interne induites par le BPA et empêchant les poissons de réguler leur équilibre.

Pour Vincent Laudet, ces résultats "suggèrent qu'il faut réévaluer l'impact du BPA sur la santé humaine en élargissant son spectre d'action depuis les effets reproducteurs jusqu'aux effets développementaux et métaboliques".

|||Bisphénol A interdit

Le BPA est interdit dans les biberons depuis janvier 2011 dans l'UE. La France est allée plus loin: après avoir étendu en 2013 cette interdiction à tous les contenants alimentaires destinés aux enfants de 0 à 3 ans, elle prévoit de l'appliquer à tous les contenants alimentaires à partir de juillet 2015.

S. C. avec AFP