Une association d’aide aux femmes et aux nourrissons, fondée en mars 2020 par quatre femmes, Aïcha, Magali, Marielle et Marguerite, est en danger. Depuis sa création, MaMaMa travaille dans un hangar située en Seine Saint-Denis, mais l'organisation est aujourd'hui contrainte de déménager, a relayé France Bleu mercredi 20 juillet 2022.

Chaque semaine, à l'intérieur de cette structure, les bénévoles préparent et livrent 500 colis solidaires composés de produits hygiéniques, de petits pots, ou encore de couches, pour des mères isolées, précaires ou encore victimes de violences.

La nouvelle municipalité réclame un loyer conséquent

Les membres de l'organisation ont été priées de quitter les lieux, qu'elles occupaient gracieusement,  dans un délai très court. Du jour au lendemain, la municipalité leur a demandé de régler un loyer de 18 000 euros par mois.

Une somme que MaMaMa ne pouvait pas fournir, du fait de son activité caritative. Après une forte mobilisation sur les réseaux sociaux pour soutenir l'association, la mairie a finalement accordé à ses membres de trouver un lieu où déménager d'ici le 1er septembre 2022. 

L'occupation de leurs locaux a été rendue possible grâce à la ville de Seine Saint-Denis, qui leur a confié un entrepôt et une convention de mise à disposition gratuite d’une durée de deux mois, renouvelable.

Propriété de la SEM Plaine Commune Développement (la société d'économie mixte chargée de l'aménagement du territoire de Plaine Commune), le local de 1 200m² utilisé par l’association est voué à terme à la destruction pour un projet d’aménagement en 2024. Ce que les fondatrices auraient accepté lors de leur installation.

Vidéo du jour

En février 2021, le maire socialiste Mathieu Hanotin, fraîchement élu pour remplacer l'ancien maire qui avait fourni ces locaux, visite l’association oeuvrant dans sa ville. Celui-ci alors assuré aux bénévoles qu'elles pouvaient occuper les lieux sans problème d'ici là, et gratuitement. Tout est alors en règle, et tous les deux mois, l'organisation solidaire signe une convention d'occupation temporaire (COP) à titre gratuit.

MaMaMA aurait même proposé à la ville de Seine Saint-Denis le versement d’un loyer de 1 000 euros. "C’est le maximum que l’on puisse se permettre, mais nous n’avons pas eu de retour", rapporte-t-elle à France Bleu.

Fin décembre 2021, la ville propose cette fois une nouvelle convention et réclame un loyer de 18 000 euros. Une somme impossible à payer pour les bénévoles. 

Sept jours pour quitter les lieux

Après plusieurs mois de négociations le montant du loyer est revu à la baisse : à 14 400 euros. Les visites d’huissiers, l’envoi de courriers recommandés se sont multipliés et le mardi 19 juillet 2022, l'association reçoit un courrier de la SEM. MaMaMa a alors sept jours pour évacuer les lieux.

"C’est impossible ! On fait quoi de tous les produits stockés ? Et au-delà du matériel, il y a des personnes qui comptent sur nous actuellement. On distribue des colis sur neuf départements", insiste auprès du média local, Magali Bragard, l'une des co-fondatrices de l'association.

Pour trouver une solution et apaiser les tensions, une réunion a été organisée mercredi 20 juillet entre MaMaMa, la SEM, la mairie et le sous-préfet de la Seine Saint-Denis. L'objectif était d'accompagner l'association dans sa recherche de nouveaux locaux en Ile-de-France.

À l'issue de cette rencontre, la mairie s'est uniquement engagée "à ne pas demander l'expulsion de MaMaMa au juge d’ici au 1er septembre", a informé l'association citée par France Bleu. Pour la co-fondatrice, cette histoire est "une immense déception" car l'organisation espérait "une régularisation de la situation par une convention à titre gracieux pour 6 mois, le temps de trouver une solution de repli".

Une association devenue indispensable pour les familles précaires

En 2020, le Covid-19 empire la situation des personnes les plus précaires, et un terrible constat est fait : beaucoup de mères seules ont du mal à nourrir leur bébé.

Certaines utiliseraient de l'eau de riz pour remplacer le lait maternel qu'elles n'avaient plus les moyens d'acheter. Alors, Aïcha, Magali, Marielle et Marguerite, bénévoles pour l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris (AP-HP) et la Croix-Rouge, décident de les aider et fondent leur association.

Ensemble, elles récupèrent des denrées alimentaires trouvées dans des magasins et associations, puis les livrent à des centres de santé et de protection maternelle infantile, ou encore d'autres structures qui accueillent des femmes précaires.

Aujourd'hui, l'association travaille avec 150 centres de santé dans neuf départements et plusieurs organismes comme La Maison des femmes, les Restaus du Cœur, ou le Secours populaire.

Vague de soutien sur les réseaux sociaux

Mardi 19 juillet 2022, l’association a lancé un appel à l’aide sur le réseau social Twitter, relayé par près de 5 000 personnes? MaMaMa a reçu le soutien de plusieurs personnalités publiques comme la journaliste Léa Salamé, la comédienne Julie Gayet, la députée Clémentine Autain ou encore l’animateur Nagui.

Dans son tweet, ce dernier sollicite le maire de la Seine Saint-Denis et lui demande de ne expulser cette association qui, précise-t-il, a aidé plus de 70 000 femmes en deux ans. Quant à la journaliste Léa Salamé, elle apporte son soutien et affirme les avoir vu "agir" sur le terrain.

Cette solidarité a beaucoup touché Magali Bragard. La militante se dit "très heureuse de voir que la précarité menstruelle, infantile et féminine n’est pas 'qu’une affaire de femmes' et de voir que ça concerne tout le monde".