On le sait : le Covid long, forme chronique du Covid-19, est entourée d’une pluralité de symptômes. De la toux au brouillard cérébral, en passant par la fatigue, la gêne respiratoire ou les maux de tête.
“On peut estimer que 2,06 millions de personnes de plus de 18 ans sont atteintes d’une affection post-Covid-19 en France”, relatait une étude de Santé Publique France rendue publique jeudi 21 juillet 2022.
L'éventail des symptômes n’est pas exhaustif, et les études s’enchaînent pour le prouver. Derniers en date, des travaux de l’Université de Birmingham (Royaume-Uni) publiés le 25 juillet 2022 dans la revue Nature Medicine, évoquent maintenant la perte de cheveux et la baisse de libido comme manifestations du Covid long.
L’étude précise que ces symptômes étaient davantage représentés chez les femmes, les jeunes ou encore les personnes issues de minorités ethniques, défavorisées, fumeuses et anciennes fumeuses.
"Les symptômes que nous avons identifiés devraient aider les cliniciens à améliorer l'évaluation des patients présentant des effets à long terme de Covid-19, et à envisager par la suite comment ce fardeau de symptômes peut être mieux géré", a déclaré l’auteur principal de l’étude, le Dr Shamil Haroon, professeur clinicien agrégé en santé publique à l'Université de Birmingham.
Covid long : perte de cheveux, baisse de libido et troubles de l'éjaculation
Selon un communiqué de la Haute autorité de santé (HAS) rendu public en février 2021, on parle de Covid long quand les patients "ont présenté une forme symptomatique de Covid-19 et présentent un ou plusieurs symptômes initiaux, 4 semaines après le début de la maladie et qu'aucun de ces symptômes ne peut être expliqué par un autre diagnostic”.
Le 8 juillet 2022, une étude parue la revue Scientific Reports recensait les symptômes les plus fréquents du Covid long sur un panel de 308 malades. Les maux de tête, le nez qui coule et la fatigue extrême figuraient parmi les maux les plus ressentis.
Mais les travaux de l’Université de Birmingham mettent en lumière d’autres symptômes, jusqu'ici pas, ou peu documentés. Selon leurs résultats, 62 symptômes étaient plus fréquemment ressentis 12 semaines après l'infection initiale par les 486.000 participants à l’étude ayant contracté le Covid. Parmi eux : la perte de cheveux, la baisse de libido et les troubles de l’éjaculation.
"Notre hypothèse est que cette perte de cheveux reflète un stress extrême, potentiellement une réaction à une forte fièvre ou à des médicaments. C'est donc une indication de la gravité de la maladie", pouvait-on lire dans l’étude du 8 juillet, qui avait également évoqué ce symptôme.
“Cette recherche valide ce que les patients rapportent aux cliniciens tout au long de la pandémie – que les symptômes du long Covid sont extrêmement larges et ne peuvent pas être entièrement pris en compte par d'autres facteurs tels que les facteurs de risque liés au mode de vie ou les problèmes de santé chroniques”, détaille le Dr Shamil Haroon.
Les femmes et les jeunes plus susceptibles de développer ces symptômes
Mais nous ne sommes pas tous égaux face à ces signes cliniques particuliers, informe, en outre, l’étude. D'après les chercheurs, ils concernent surtout les jeunes âgé.es d'entre 18 et 30 ans, et les femmes.
Ce qui fait sens avec les observations d'une précédente étude publiée le 20 juin 2022, affirmant que les femmes avaient 22% de risques en plus que les hommes de développer un Covid long. “Les femmes sont, par exemple, plus susceptibles de souffrir de maladies auto-immunes. Voir la probabilité accrue que les femmes aient un long Covid dans notre étude augmente notre intérêt à rechercher si l'auto-immunité ou d'autres causes peuvent expliquer le risque accru chez les femmes”, explique Anuradhaa Subramanian, également de l'Université de Birmingham.
“Nous n'avons pas été en mesure d'estimer l'effet de la vaccination sur les longs symptômes du Covid en raison de la très courte période de suivi parmi les personnes vaccinées et infectées en 2022”, ajoutent les chercheurs, précisant que les données des participants ont été examinées entre janvier 2020 et avril 2021.
"Nos analyses de données sur les facteurs de risque présentent un intérêt particulier car elles nous aident à examiner ce qui pourrait causer ou contribuer à un long Covid. Ces observations aideront à mieux cibler les facteurs pour enquêter sur ce qui peut causer ces symptômes persistants après une infection, et comment nous pouvons aider les patients qui les éprouvent", conclut Dr Anuradhaa Subramanian.