Contraception : 163 millions de femmes dans le monde n’y ont toujours pas accès

Publié le par Najwa Chaddou

Plus de 160 millions de femmes n’ont pas accès à la contraception, à travers le monde, selon une édifiante étude menée par l’université de Washington.

Sur 1,2 milliard de femmes, dans le monde, ayant besoin de moyens de contraception, 163 millions n’y ont pas accès. La majorité d’entre elles vivent dans des pays dits peu développés, de l’Asie du Sud et de l’Afrique subsaharienne.

L’étude, publiée dans la revue spécialisée The Lancet et dirigée par un programme de recherches de l’Université de Washington, a réuni un panel de 1 162 femmes, suivies de 1970 à 2019. Elle expose que le pourcentage de femmes en âge d’avoir des enfants et qui utilisent une contraception est passé de 28 à 48 %, en près de 50 ans. Une augmentation conséquente, mais qui met tout de même en exergue le fait que la majorité des femmes en âge de procréer n’utilisent pas de contraceptif.

Notons que l’étude définit les femmes ayant besoin d'une contraception selon les critères suivants :

  • être mariée ou sexuellement active,
  • être capable de tomber enceinte,
  • ne voulant pas d'enfant au cours des deux prochaines années.

De profondes inégalités entre les femmes pour accéder à la contraception

L'Asie du Sud-Est, l'Asie de l'Est et l'Océanie présentent les taux les plus élevés d'utilisation de contraceptifs modernes (65 %) et de demande satisfaite (90 %), tandis que l'Afrique subsaharienne, suivie de l’Asie du Sud, affiche les taux les plus faibles d'utilisation de contraceptifs modernes (24 %) et de demande satisfaite (52 %).

D'un pays à l'autre, les inégalités sont extrêmement accrues : 88 % des Norvégiennes utilisent des contraceptifs modernes, contre seulement 2 % des femmes résidant au Soudan du Sud. Un écart spectaculaire qui démontre, encore une fois, que l’accès à la contraception est conditionné aux divers niveaux de développement du pays dans lequel on vit.

La contraception, un élément essentiel pour l’émancipation sociale et professionnelle des femmes

L'étude relève par ailleurs que, par rapport aux autres groupes d’âge, les femmes et les filles de 15 à 19 ans et de 20 à 24 ans sont les moins susceptibles d'avoir accès à la contraception. Annie Haakenstad, l’une des scientifiques ayant dirigé l’étude, insiste : « Il est important de noter que notre étude attire l'attention sur le fait que les jeunes femmes sont surreprésentées parmi les personnes qui ne peuvent pas accéder à la contraception lorsqu'elles en ont besoin ».

Or, ces deux classes d’âge devraient particulièrement être ciblées par les politiques de santé publique, d’après la chercheuse : « Ces femmes ont le plus à gagner de l’utilisation de la contraception. Retarder la naissance d’un enfant peut les aider à rester à l’école ou à obtenir d’autres possibilités de formations, ainsi qu’à accéder à un emploi rémunéré et à le conserver. Cela peut conduire à des avantages sociaux et économiques qui durent toute la vie et constitue un moteur essentiel vers une plus grande équité entre les sexes. »