SCRUTINLa nouvelle Constitution controversée adoptée en Tunisie

Tunisie : La Constitution controversée renforçant les pouvoirs du président adoptée

SCRUTINMalgré une faible participation, le texte a été adopté avec une majorité écrasante
Kais Saied a été élu à la tête de la Tunisie en 2019.
Kais Saied a été élu à la tête de la Tunisie en 2019. - AFP / Pixpalace
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Le président Kais Saied a engrangé un succès avec l’adoption à une large majorité d’une nouvelle Constitution qui lui octroie de vastes prérogatives au risque de mettre en péril la jeune démocratie tunisienne, mais le faible taux de participation entame la légitimité du processus, selon ses opposants.

La nouvelle loi fondamentale a été adoptée à une majorité écrasante de 94,6 %, selon des résultats officiels préliminaires annoncés tard mardi par le président de l’autorité électorale Isie, Farouk Bouasker, à l’issue de longues opérations de dépouillement.

Le taux de participation, considéré comme très faible, a un peu augmenté par rapport aux chiffres provisoires annoncés la veille par l’Isie, « à 2,756 millions d’électeurs » contre « 2,46 millions et une participation de 27,54 % ».

Trois Tunisiens sur quatre n’ont pas voté

La coalition d’opposants Front du salut national (FSN), qui avait appelé à boycotter le scrutin dénonçant un texte « taillé sur mesure » pour Saied, a accusé l’Isie d’avoir « falsifié » en les amplifiant les chiffres sur l’affluence au scrutin.

Pour le FSN, dont fait partie le mouvement d’inspiration islamiste Ennahdha, bête noire de Saied, en n’allant pas aux urnes, « 75 % des Tunisiens ont refusé de donner leur approbation au projet putschiste lancé il y a un an par Kais Saied ».

La Tunisie, confrontée à une crise économique aggravée par le Covid et la guerre en Ukraine dont elle dépend pour ses importations de blé, est très polarisée depuis que M. Saied, élu démocratiquement en 2019, s’est emparé de tous les pouvoirs le 25 juillet 2021, arguant d’une ingouvernabilité du pays.

Inquiétudes de Washington

Dans la première prise de position étrangère sur ce référendum contesté, les Etats-Unis ont mis en garde contre le risque que la Constitution ne garantisse pas suffisamment les droits et libertés des Tunisiens.

« La nouvelle Constitution inclut des mécanismes de contrepoids affaiblis, qui pourraient compromettre la protection des droits humains et des libertés fondamentales », s’est inquiété Ned Price, porte-parole du département d’Etat américain. Said Benarbia de l’ONG Commission internationale des juristes a émis des doutes « sur la légitimité » du vote avec une aussi faible participation. Pour l’analyste Youssef Cherif, « la plupart des gens ont voté pour l’homme (Kais Saied) ou contre ses opposants, pas pour son texte ».

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