Allemagne : Olaf Scholz reporte la décision de sortie du nucléaire

L'opposition à la poursuite de l'exploitation des centrales nucléaires en Allemagne diminue alors que les partenaires européens se montrent agacés. [EPA-EFE/FOCKE STRANGMANN]

Alors que les responsables politiques allemands se divisent sur une éventuelle prolongation de la durée de vie des centrales nucléaires, le chancelier Olaf Scholz reporte cette décision, dans l’attente des résultats d’un second test de résistance. 

Les derniers réacteurs nucléaires allemands seront arrêtés le 31 décembre 2021. Un examen antérieur, réalisé dans l’urgence en mars, avait exclu la prolongation de leur durée de fonctionnement. Le ministère de l’Économie et du Climat, Robert Habeck, a annoncé le 17 juillet que les gestionnaires de réseaux de transport procéderont un autre test de résistance, plus complet, afin de déterminer si les centrales nucléaires sont nécessaires.

M. Scholz souhaite donc attendre les résultats de ce deuxième test de résistance sur la sécurité de l’approvisionnement en électricité a déclaré l’un de ses porte-parole lundi (25 juillet).

L’Allemagne sous pression pour maintenir les centrales nucléaires en activité

À Berlin, le gouvernement est soumis à des pressions externes et internes pour retarder l’arrêt des derniers réacteurs nucléaires du pays, tandis que des ONG menacent de poursuites judiciaires si une telle mesure était prise.

Solidarité avec la France ?

Le parti libéral FDP, qui fait partie de la coalition gouvernementale, avait auparavant demandé le maintien des centrales nucléaires sur le réseau.

Le test de résistance permettra de déterminer si la solidarité en matière d’électricité avec les voisins de l’UE, notamment la France dont le parc nucléaire est en difficulté, sera nécessaire au cours de l’hiver prochain. Les résultats sont attendus dans les semaines à venir.

«  Bien sûr, nous sommes solidaires avec nos voisins français  », a déclaré sur Twitter Franziska Brantner, secrétaire d’État écologiste au ministère de l’Économie. «  Mais cela ne signifie pas que nous prolongeons l’énergie nucléaire chez nous en raison de la situation difficile des centrales nucléaires françaises.  »

Les médias allemands ont rapporté ses déclarations comme étant un signal aux partenaires de l’UE que Berlin serait prêt à céder sur le nucléaire en échange d’un objectif obligatoire d’économie de gaz de 15 % pour l’ensemble du bloc.

La question de la solidarité entre voisins s’est déjà révélée assez épineuse. Une référence à l’impact des arrêts du nucléaire sur la «  sécurité de l’approvisionnement  » dans les autres États de l’UE a été supprimée à la dernière minute du plan d’économies de gaz présenté par la Commission le 20 juillet.

L’aile gauche des écologistes est particulièrement inflexible dans sa résistance aux appels du FDP.

«  Je pense qu’une prolongation de la durée de fonctionnement est absolument mauvaise  », a déclaré en ce sens Ricarda Lang, co-présidente des Verts, dimanche (24 juillet).

Cette affaire a constitué une occasion privilégiée pour les conservateurs de l’opposition de semer la discorde au sein du gouvernement divisé. «  Je prédis également que nous verrons à la fin de l’année que la durée de vie des centrales nucléaires sera prolongée  », a déclaré Friedrich Merz, président de la CDU, à la chaîne de télévision publique ZDF.

Les experts ajoute que le maintien par l’Allemagne de la date de sortie pour 2022 a été considérée comme «  très agaçante  » par les partenaires de l’UE.

L’Allemagne renonce à la prolongation de ses centrales nucléaires

Berlin a exclu la prolongation de la durée de vie de son parc nucléaire existant, balayant ainsi les préoccupations en matière de sécurité énergétique après que Moscou a menacé d’interrompre les livraisons de gaz à l’Allemagne.

Le compromis climatique

Les Verts, qui se disent défenseurs du climat, sont simultanément confrontés à un dilemme. Prolonger l’utilisation de l’énergie nucléaire va à l’encontre de l’un des principes fondateurs du parti, tandis que leur fermeture augmenterait considérablement les émissions de l’Allemagne.

Les trois dernières centrales nucléaires allemandes ont produit environ 11 % de l’électricité du pays, soit environ 69 térawattheures, en 2021.

«  Les volumes d’électricité précédemment générés par les centrales nucléaires seront compensés notamment par l’éolien, le photovoltaïque et d’autres centrales conventionnelles, ainsi que par la réduction des exportations  », a déclaré le ministère de l’Économie et du Climat à EURACTIV.

Les appels d’offres relatifs à l’énergie renouvelable sont continuellement insuffisamment souscrits — le dernier appel d’offres relatif à la production d’énergie solaire en juin n’a pas atteint son objectif, tandis que les objectifs en matière d’énergie éolienne n’ont pas été atteints depuis des années — alors même que la demande intérieure d’électricité continue de croître.

Les centrales à charbon feront le tampon

Par conséquent, ce sont les centrales à charbon «  classiques  » — le gaz est surtout réservé au chauffage et à l’industrie — et la réduction des exportations vers les pays voisins de l’UE qui risquent de supporter le poids initial de la réduction de la production d’électricité.

Une fois ces centrales nucléaires fermées, la majeure partie de leur production d’électricité sera remplacée par du charbon, à court terme.

Dans le pire des cas, elles seraient entièrement remplacées par le charbon, ce qui entraînerait le rejet de 70 millions de tonnes de CO2 supplémentaires dans l’atmosphère pour la seule année 2022. À titre de comparaison : les émissions totales de l’Allemagne en 2021 étaient de 762 millions de tonnes d’équivalent CO2.

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