Santé : Des cas isolés de guérison du VIH, mais pas de solution miracle

Publié

Santé Des cas isolés de guérison du VIH, mais pas de solution miracle

Un hôpital californien a annoncé mercredi la disparition du virus de l’organisme d’un patient. Il s’agit du 4e ou 5e cas de guérison du VIH dans le monde. 

Dans le dernier cas de guérison annoncé en date, le patient californien a ainsi reçu en 2019 une greffe de moelle osseuse.

Dans le dernier cas de guérison annoncé en date, le patient californien a ainsi reçu en 2019 une greffe de moelle osseuse.

AFP

Ils sont une poignée de patients à avoir eu une chance extraordinaire: guérir d’une infection au VIH, à l’origine du sida. Mais ces cas sont extrêmement isolés et ne permettent pas encore d’élaborer des traitements qui aboutiraient à éliminer totalement le virus.

Des cas très rares

«Je n’aurais jamais imaginé vivre assez longtemps pour ne plus avoir le VIH», résume l’un de ces patients, dont la guérison a été annoncée mercredi, peu avant la Conférence internationale sur le sida, un rendez-vous important qui se tiendra cette année à Montréal. Ce patient, qui souhaite garder l’anonymat mais s’est exprimé dans le cadre d’un communiqué de l’hôpital californien où il a été soigné, est le quatrième ou cinquième à être guéri du VIH, selon différents décomptes.

Ces cas sont donc très rares. Il faut les distinguer des millions de patients infectés par le VIH mais qui peuvent compter sur une espérance de vie normale grâce à l’existence de traitements efficaces. Ces traitements, dits anti-rétroviraux, bloquent la reproduction du VIH dans l’organisme, mais ils ne l’éliminent pas complètement. Or, dans les quelques cas de guérison avérée, on parle bien d’une disparition du virus.

Le premier d’entre eux, dit de Berlin, remonte à 2008. L’avant-dernier, annoncé quelques mois avant la conférence de Montréal, concernait une patiente soignée à New York. Mais ces patients ont tous en commun une situation bien particulière. Ils étaient atteints de cancers du sang et ont bénéficié d’une greffe de cellules souches qui a renouvelé en profondeur leur système immunitaire. Les patients guéris ont eu de la chance: leur donneur présentait une mutation rare d’un gène dit CCR5. Elle rend le système immunitaire résistant aux principales souches du VIH.

Procédure lourde 

Dans le dernier cas de guérison annoncé en date, le patient californien a ainsi reçu en 2019 une greffe de moelle osseuse. Deux ans plus tard, il cessait de prendre ses antirétroviraux, le VIH étant devenu indétectable dans son organisme. Ce cas est d’autant plus intéressant que l’homme, âgé de 66 ans et infecté depuis plus de trente ans au VIH, est le plus vieux patient à avoir été guéri. Cela montre donc qu’une guérison par greffe de cellules souches peut bénéficier à une personne relativement âgée. Mais cette observation reste largement théorique car il est inconcevable de généraliser un tel traitement au-delà de patients atteints de certains cancers.

«Pour la plupart des personnes infectées au VIH, ça n’est pas une option», a admis l’infectiologue Jana Dickter, qui a soigné ce patient et présente son cas à Montréal, en attendant que ce travail soit relu de manière indépendante et publié dans une revue scientifique. La greffe de cellules souches, le plus souvent par moelle osseuse, est, en effet une procédure lourde aux effets secondaires importants. «Le premier effet d’une greffe de moelle osseuse, c’est de détruire provisoirement votre propre système immunitaire», souligne auprès de l’AFP le chercheur Steven Deeks, un spécialiste du VIH qui n’a pas participé à ce travail. Un tel risque est «hors de question chez quelqu’un qui n’a pas le cancer», ajoute-t-il.

Modifier les gênes?

Steven Deeks, qui présente lui-même à Montréal des avancées importantes quant à la manière d’identifier une cellule infectée par le VIH, juge pour autant que le patient californien, comme ses prédécesseurs, donne des pistes intéressantes pour trouver un jour un traitement qui permettrait une guérison intégrale. Un tel traitement, avance-t-il, pourrait se baser sur la technologie CRISPR, une méthode de manipulation génétique qui constitue l’une des grandes avancées scientifiques des dernières années.

L’idée serait de modifier directement les gênes CCR5 des patients infectés pour rendre leur organisme résistant au VIH. «Théoriquement, c’est possible», conclut-il. «Mais, pour le moment, c’est de la science-fiction.»

(AFP)

Ton opinion

0 commentaires