Vendée : cette commune vient de perdre son dernier médecin

Bellevigny, 6 200 habitants, n'a plus de médecin depuis le 30 juin. Faute d'accompagnement de la Sécu, entre autres, le docteur Louveau a décidé de quitter la ville.

Les petites communes peinent à attirer des médecins. Et n’ont pas d’autre choix que de s’impliquer et d’investir afin de proposer des locaux clés en main, avec l’espoir de séduire des praticiens à venir s’installer.
Depuis le 30 juin 2022, la ville de Bellevigny, 6 200 habitants, n'a plus de médecin. ©Admin
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Le 30 juin dernier, le dernier médecin de Bellevigny a tourné définitivement la clé de son cabinet du 4 allée Pasteur. Ce jour-là, le docteur Vincent Louveau a laissé, à « contre cœur » , ses 2 200 patients derrière lui.

« Ça n’a rien à voir avec Bellevigny ni avec ma patientèle particulièrement sympathique et intéressante », rassure le médecin. Pas sûr que ce coup de pommade suffise à réconforter la cité vendéenne de 6 200 âmes.

« Je suis désemparé », a lâché le maire Régis Plisson, au courant du départ du praticien depuis décembre 2021. « On doit bien être une cinquantaine de maires dans le même cas en Vendée. »

La perte de sens du travail 

Après huit ans d’exercice à Bellevigny, le docteur Louveau a souhaité pratiquer la médecine différemment. Aujourd’hui, il partage son temps entre la régulation à l’hôpital, les remplacements aux Sables-d’Olonne et la préparation d’un Diplôme universitaire de médecine subaquatique. Une activité professionnelle dense. À mille lieues des 70 heures semaine de sa vie d’avant.

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« Le problème, c’est qu’on arrive à faire perdre le sens du travail à des gens hyper motivés », glisse le docteur Louveau qui à la dent dure contre les autorités médicales.

On répète à l’envi que la médecine générale est au centre des soins. Mais en réalité, on fait tout pour la contourner.

Vincent Louveau, médecin généraliste

« On ne met pas l’argent où il faut »

Le généraliste tient en particulier rigueur à la Sécurité sociale qui lui a enlevé son assistante de consultation, « pour une histoire de virgule mal placée ».

Une bévue administrative qui a mis fin à une expérimentation de deux ans durant laquelle il a pu bénéficier des services d’une secrétaire, aux côtés d’une infirmière Asalée.

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« L’administratif, ça me prenait 2 h 30 par jour. Avec l’assistante, j’ai pu augmenter mon activité de 20 %. » Sauf que la Sécu a coupé le robinet des financements. Et le médecin a fini esseulé.

Mon travail, c’est de faire de la médecine. Pas de remplir des feuilles de soins et passer des cartes bleues.

A laisser choir les cabinets ruraux, le docteur Louveau craint une amplification des déserts médicaux. Comme d’autres, ils militent pour « le travail en équipe », avec des collaborateurs autour du médecin : assistante médicale, infirmière Asalée, interne. « Sauf qu’on ne met pas l’argent où il faut. »

Le 116-117 pour se faire soigner

Ces diagnostics, le maire de Bellevigny – avec qui le docteur Louveau a dit « avoir entretenu des rapports très intéressants, tout comme avec l’équipe municipale » – les entend. Sauf qu’il n’a pas de remèdes.

Le problème n’est pas local, il est vendéen, français. Aucun maire n’est responsable de la pénurie médicale. Nous ne faisons que subir des erreurs commises depuis 30 ans.

Régis Plisson, maire de Bellevigny

Résultat, comme les 8 000 Yonnais sans médecin traitant (12 000 en 2026), les Bellevignois vont devoir désormais composer le 116-117 pour se faire soigner… en attendant l’hypothétique arrivée d’une nouvelle blouse blanche en terre bellevignoise.

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