Tour de France féminin 2022 : mais pourquoi y a-t-il autant de chutes au sein du peloton ?

  • Un peloton nerveux est souvent une source de chutes.
    Un peloton nerveux est souvent une source de chutes. AFP - JEFF PACHOUD
Publié le , mis à jour

l'essentiel Les coureuses du Tour de France 2022 se sont élancées dimanche dernier de la Tour Eiffel. Depuis, la course est intense et remplie de suspense. Mais pas un jour ne passe sans que de nombreuses chutes viennent gâcher cette jolie fête. Pourquoi sont-elles si nombreuses ? Tentative d'explications. 

Vous n'avez pas pu manquer ces images lors de ces derniers jours et dernières heures. Elles tournent en boucle sur les réseaux sociaux et ne sont malheureusement pas l'image que le grand public devrait retenir de ce Tour de France féminin 2022. Pourtant, ce sont bien elles qui focalisent l'attention des suiveurs de la course depuis dimanche dernier. Ces nombreuses chutes, comme celle de ce jeudi, où une cinquantaine de coureuses furent prises au piège, aux multiples répercussions et abandons, peuvent être expliquées de différentes façons. 

De la tension, mais pas que...

Attardons-nous sur la dernière chute en date. Celle intervenue au kilomètre 45 de la cinquième étape entre Bar-le-Duc et Saint-Dié-des-Vosges. Un véritable empilement de vélo digne des plus beaux tableaux de l'histoire, heureusement sans grande conséquence puisque seule Emma Norsgaard fut contrainte à l'abandon. Un petit miracle quand on regarde les images. 

? Incroyables images sur le Tour de France Femmes avec cette chute collective XXL !

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— Eurosport France (@Eurosport_FR) July 28, 2022

Amandine Fouquenet racontait hier soir au Monde ceci "La fille devant moi, une Ceratizit[-WNT], est tombée la première. Elle a dû se prendre un trou alors qu’elle buvait, elle a dérapé et puis…" Et puis quelques secondes plus tard, la moitié du peloton se retrouvait par terre, certaines meurtries quand d'autres avaient les pieds coincés dans les rayons de leurs roues. 

Des chutes provoquées par le stress ? Forcément c'est la première hypothèse évoquée. Le tour de France est une telle visibilité que l'ensemble des coureuses veulent se montrer et bien faire. Quitte à jouer des coudes. De retour plus de 30 ans après sa dernière organisation, le Tour de France fait rêver et est l'occasion de briller. Surtout dans un milieu qui est encore loin d'offrir de jolis salaires à l'ensemble des coureuses. 

Séverine Eraud, membre du Stade Rochelais, confiait à RMC. "C’est une grosse course, toutes les filles sont là avec beaucoup d’ambition et les grosses structures n’ont pas trop le droit de se rater, dit-elle. Elles ne laissent pas la place, donc ça crée des chutes. Il n’y a pas de cadeau dans le peloton, tout le monde veut être devant." Et malheureusement, la place n'existe pas pour tout le monde. Certaines sont prêtes à toutes pour engranger des primes qui sont plus généreuses que sur les autres courses.

"On est sur le Tour de France, pas sur Zwift"

En référence à Zwift, l’un des principaux sponsors de l’épreuve et qui est un programme d’entraînement en ligne, la championne d'Europe Ellen van Dijk avait poussé un coup de gueule suite aux nombreuses chutes dans le peloton lors de la deuxième étape. "On est sur le Tour de France, pas sur Zwift. Espérons que le peloton se souviendra qu’on ne peut pas passer à travers les gens ici". 

Un discours également entendu chez la championne de France Audrey Cordon-Ragot qui avait également exprimé son exaspération. "Je n’ai jamais vu ça ! Il n’y a pas de respect des équipes. On essaye de rouler ensemble et il y a toujours quelqu’un qui arrive là où il n’y a pas de place. Je n’ai jamais vu autant de chutes depuis le début de la saison, c’est affolant!"

Avec 24 équipes et certaines coureuses qui n'ont pas l'habitude d'être sur le circuit professionnel, la cohabitation est compliquée et complexe. "Le cyclisme féminin progresse vite, peut-être un peu trop vite. La différence entre les équipes du top et les autres équipes est un peu trop grande, dans tous les domaines" a analysé à l'agence Belga Jlien D'Hoore, directrice sportive d’AG Insurance-NXTG Team.

16 abandons, deux rescapés au Stade Rochelais 

Et cette tension a eu raison de nombreuses coureuses depuis le départ ce dimanche du pied de la Tour Eiffel. Dès la première étape, les pavés de Paris avaient fait des dégâts. Puis la deuxième étape avait été le théâtre d'un enchaînement de chute dont la très spectaculaire subie par Marta Cavalli, victime d'un traumatisme crânien, fauchée à pleine vitesse par Nicola Frain.

? Oh le carnage ! Enorme chute sur le Tour de France Femmes avec, notamment, le violent fauchage de Marta Cavalli par Nicole Frain.

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— Eurosport France (@Eurosport_FR) July 25, 2022

Des images qui ont fait polémique tant l'Australienne n'avait pas semblé activer ses freins alors que de nombreuses coureuses étaient tombées devant elles. Marta Cavalli n'est pas la seule à avoir dû abandonner depuis le début de cette Grande Boucle. Une fracture au poignet pour la Néo-Zélandaise Ally Wollaston, les cervicales touchées pour la Danoise Emma Norsgaard, hier, ou encore une fracture du sacrum pour la Belge Alana Castrique. Autant de blessures que d'abandons qui montrent l’âpreté de ce Tour de France où la moindre inattention se paie cash. 

Et certaines équipes en subissent plus les conséquences que d'autres. C'est le cas du Stade Rochelais. Partie à 6, la formation maritime ne compte plus que deux coureuses en courses : India Grangier et Sandra Lévénez. Leurs quatre coéquipières ont été contraintes à l'abandon sur des chutes ou des arrivées hors délais. 

"On ne va pas dire que c’est la routine, mais c’est le vélo, relativise Sandra Lévénez. Il y en a sur les autres courses, mais elles sont moins médiatisées" confiait la coureuse au Monde hier soir. Du vélo, du stress, de la tension et des chutes, mesdames bienvenue dans le monde impitoyable du Tour de France. 

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Les commentaires (2)
Ellias Il y a 1 année Le 29/07/2022 à 13:17

c'est bien connu femme au guidon....chute sur goudron...!!

cortomaltese Il y a 1 année Le 29/07/2022 à 12:56

Ce qui est étonnant, c'est plutôt qu'il n'y en ai pas plus !!!
Rouler roues dans roues, coudes contre coudes en groupe serré... C'est fatalement un gros risque de bousculade en cascade !