Face à la “fatigue informationnelle”, des Français prennent leurs distances avec l’actu

Selon une enquête, plus d’un Français sur deux souffre des conséquences liées à l’excès d’information. Pour lutter contre le stress et l’épuisement, certains font le choix de la sobriété…

Photo filistimlyanin/Getty Images/iStockphoto

Par Olivier Milot

Publié le 02 septembre 2022 à 11h58

Qui n’a jamais ressenti une forme de saturation face au trop-plein d’informations ? Chacune et chacun percevant que cet incessant déferlement brouille plus la réalité qu’il ne l’éclaire, qu’il détériore notre capacité d’attention plus qu’il ne la stimule. Le phénomène n’est pas nouveau. Dans les années 1980, le philosophe et sociologue Edgar Morin posait déjà ce diagnostic d’une rare lucidité : « Nous sommes comme aveuglés par un nuage informationnel. » C’était avant les chaînes d’infos, Internet et les réseaux sociaux. Avec eux, le « nuage » s’est opacifié. Non sans conséquences.

Pour en cerner l’ampleur, l’Observatoire Société & Consommation, la Fondation Jean-Jaurès et Arte (1) ont mené une enquête aux résultats éloquents. Plus d’un Français sur deux (53 %) reconnaissent souffrir de « fatigue informationnelle », suscitant « régulièrement » (15 %) ou « de temps en temps » (35 %) du stress ou de l’épuisement. En cause : l’excès d’information, l’une chassant l’autre ; sa fiabilité, son caractère anxiogène, son traitement volontiers polémique. Du connu, sauf qu’au-delà des effets délétères sur la santé l’étude pointe aussi que beaucoup d’entre nous ont d’ores et déjà pris leurs distances avec l’actualité, voire renoncé temporairement à s’informer. Difficile par conséquent de ne pas lier cette « fatigue informationnelle » à la dangereuse fatigue démocratique qui touche l’Europe et les États-Unis. Comme de ne pas penser, aussi, qu’une forme de sobriété informationnelle vaudrait peut-être mieux que cette surabondance-là. Cette tentation du retrait interroge en tout cas tout autant notre rapport individuel à l’information que la façon dont nous, médias, la délivrons.

(1) Réalisée du 5 au 12 avril auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 personnes de 18 à 75 ans.

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