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Soudan du Sud : le Comité des droits de l’enfant préoccupé par l’enrôlement d’enfants par les groupes armés et par les forces gouvernementales

Une jeune fille se rend à l'école après que le Nil a inondé les alentours de Djouba, la capitale du Soudan du Sud.
© UNICEF/Bullen Chol
Une jeune fille se rend à l'école après que le Nil a inondé les alentours de Djouba, la capitale du Soudan du Sud.

Soudan du Sud : le Comité des droits de l’enfant préoccupé par l’enrôlement d’enfants par les groupes armés et par les forces gouvernementales

Droit et prévention du crime

L’abolition du recrutement de mineurs et la démobilisation des enfants soldats doivent intervenir sans délai au Soudan du Sud, ont indiqué ce vendredi des experts indépendants de l’ONU.

Lors de l’examen du rapport initial de Djouba, qui s’est déroulé la veille jusqu’à ce vendredi matin à Genève, le Comité des droits de l’enfant a exprimé son inquiétude sur « l’enrôlement d’enfants par les groupes armés et par les forces gouvernementales au Soudan du Sud ».

« Je suis préoccupé par le fait que des enfants continuent d’être recrutés par les forces gouvernementales et les groupes armés », a déclaré Gehad Madi, Coordonnateur du groupe de travail chargé par le Comité d’examiner plus avant le rapport du Soudan du Sud.  

Selon l’expert, ces enfants ne bénéficient pas d’un soutien suffisant pour se réinsérer dans la société, et l’impunité règne toujours à l’égard de ce crime. 

Abus sexuels et meurtres d’enfants

« Quelles mesures ont été mises en place pour remédier à cette situation ?  Quatre-vingts enfants ont été enlevés par les forces gouvernementales et les forces de sécurité entre 2018 et 2020.  Quel est le sort de ces enfants, et qu’a-t-il été fait pour punir les responsables ? », s’est interrogé M. Madi.

D’autre part, des abus sexuels, des meurtres d’enfants et des attaques contre des écoles ou hôpitaux se poursuivent dans « l’impunité ». Des services de réinsertion d’anciens enfants soldats font aussi défaut.  

Face à ces inquiétudes, le pays devrait sans délai « abolir le recrutement de mineurs », selon M. Madi. Le Comité demande également à Djouba de « démobiliser immédiatement les enfants soldats » et de traduire en justice les personnes prenant part au recrutement d’enfants, a insisté un expert du Comité. 

Quarante-huit enfants démobilisés en 2020-2021

Face à ces accusations, la délégation sud-soudanaise, conduite par Aya Benjamin Warille, Ministre de l’égalité des sexes, de l’enfance et des affaires sociales du Soudan du Sud, a fait savoir que le Ministère de la défense avait désigné quarante juges pour enquêter sur les violations des droits de l’homme commises dans le pays, y compris contre les enfants. Une cour martiale itinérante a été créée pour juger ces affaires.

Plusieurs jugements ont été rendus et des agresseurs emprisonnés, a-t-elle indiqué. 

Par ailleurs, le dernier en date de plusieurs plans d’action successifs contre le recrutement d’enfants soldats au Soudan du Sud a été adopté en 2020. Selon Djouba, son application a commencé par la création d’une commission interministérielle de haut niveau. 

Selon les statistiques établies par cette commission, 48 enfants ont été démobilisés en 2020-2021. Les enfants démobilisés sont réintégrés dans leur communauté par la Commission de démobilisation et de réinsertion, avec l’aide des Nations Unies.

Certains groupes armés n’ont pas signé les Accords de 2018

Mais la délégation sud-soudanaise a admis que certains groupes armés, qui n’ont pas encore signé les Accords de 2018, commettent toujours des crimes contre des enfants. Mais il n’est pas possible, en l’état, de leur demander des comptes, a ajouté la délégation sud-soudanaise. 

Selon la Ministre, les enfants victimes du conflit qui n’ont pas retrouvé leur famille sont hébergés au South Village, un village d’accueil près de Djouba, où ils sont pris en charge par des travailleurs sociaux dévoués. D’autres initiatives du même type existent aussi dans certaines localités du pays.

Sur un autre plan, les justices militaires, les chefs locaux, les responsables de la jeunesse et les étudiants universitaires ont reçu une formation sur la protection des enfants et les droits de l’homme.  Des tribunaux mobiles traitent des cas de violations des droits des enfants dans tout le pays. Une conférence sur la protection des enfants a été organisée, à laquelle ont participé 150 parties prenantes.