Visa pour l’image 2022 : de l’Ukraine aux prisons pour femmes, voici les grands gagnants

Visa pour l’image 2022 : de l’Ukraine aux prisons pour femmes, voici les grands gagnants

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© Daniel Berehulak/The New York Times/MAPS

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Par Konbini avec AFP

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L’un des plus prestigieux festivals de photojournalisme vient de révéler ses lauréats. Très ému, le gagnant du Visa d’or, Evgeniy Maloletka, a dédié son prix "au peuple ukrainien".

Le Visa d’or News, prix le plus prestigieux du festival international de photojournalisme Visa pour l’image de Perpignan, a été décerné à Evgeniy Maloletka pour ses reportages à Marioupol, ville du sud de l’Ukraine massivement bombardée. Très ému, Evgeniy Maloletka a dédié son prix “au peuple ukrainien”, en soulignant l’importance de cette reconnaissance de son travail.

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Ce photographe ukrainien de 35 ans, de l’agence Associated Press, et son compatriote Mstyslav Chernov, 37 ans, vidéaste pour la même agence, ont été les premiers journalistes à entrer dans Marioupol le 23 février, une heure avant la première bombe, et les derniers à en partir le 15 mars.

Une femme devant un camion de pompiers détruit par des tirs d’obus. Marioupol, Ukraine, 10 mars 2022. (© Evgeniy Maloletka/Associated Press)

“Ces vingt jours à Marioupol ont été comme un seul long jour sans fin, de pire en pire”, a confié à l’AFP Evgeniy Maloletka devant ses photos poignantes d’enfants tué·e·s, de femmes enceintes dans les décombres, de fosses communes creusées à la hâte, faute de pouvoir organiser des funérailles à cause des bombardements. Le pilonnage par l’armée russe de cette ville portuaire de 400 000 habitant·e·s, en particulier celui d’une maternité, a suscité l’indignation dans la communauté internationale.

Les autres nominé·e·s étaient le photographe australien d’origine ukrainienne Daniel Berehulak pour son reportage Des gens vivaient ici (New York Times) sur le massacre de civil·e·s à Boutcha, et Marcus Yam, reporter états-unien né en Malaisie, pour La chute de l’Afghanistan (Los Angeles Times).

Un chien errant a suivi des combattants ukrainiens qui se sont abrités dans un immeuble après avoir entendu des tirs lors d’une opération menée pour repousser les derniers militaires russes présents dans la ville. Irpin, Ukraine, 29 mars 2022. (© Daniel Berehulak/The New York Times/MAPS)

Le palmarès révélé

Sept Visa d’or, cinq prix et trois bourses ont été remis au cours du festival. L’an dernier, le Visa d’or News avait pour la première fois récompensé un photographe resté anonyme par sécurité, pour son travail intitulé La révolution du printemps en Birmanie. En 2020, il avait été décerné à Fabio Bucciarelli pour sa série 2020, Bergame, épicentre de la pandémie de Covid-19, en Italie.

L’Ukraine était l’un des grands thèmes de cette 34e édition ouverte le 27 août. Le Visa d’or de la presse quotidienne est allé au journal danois Politiken pour le travail de Mads Nissen sur la guerre, tandis que celui de la Ville de Perpignan Rémi Ochlik saluait les photos de Lucas Barioulet pour Le Monde.

Oksana Gonishuk, Any et Illa disent au revoir à leur père et mari Yevgeni à la gare de Lviv, en Ukraine. Alors qu’elles se dirigent vers l’ouest, Yevgeni part au combat à l’est. (© Mads Nissen/Politiken)

Mais la planète et ses dérèglements causés par l’activité humaine étaient aussi au cœur du festival. Le Visa d’or Magazine a récompensé Brent Stirton (Getty Images/National Geographic) pour Viande de brousse : à l’origine des épidémies, et le prix de la Fondation Yves Rocher, visant à faciliter un reportage sur les questions environnementales, est allé à Alain Schroeder, qui travaille sur l’Indonésie.

Le Visa d’or humanitaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a récompensé Sameer Al-Doumy (AFP) pour Les routes de la mort, sur la crise migratoire dans le nord de la France, et celui de l’information numérique franceinfo est allé à Max Bearak, Dylan Moriarty et Julia Ledur pour Africa Cities Rising, diffusé par le Washington Post.

Des migrants à bord d’un bateau naviguant dans des eaux agitées entre Sangatte et le cap Blanc-Nez, dans la Manche, alors qu’ils tentent de franchir la frontière maritime entre la France et le Royaume-Uni. 27 août 2020. (© Sameer Al-Doumy/AFP)

Le Visa d’or d’honneur du Figaro Magazine, honorant la carrière d’un photographe toujours en activité, a été décerné à Alain Keler (Myop) connu notamment pour ses photos de Tchétchénie, du Salvador, de Tiananmen.

Parmi les autres récompenses, le prix Pierre et Alexandra Boulat a salué le travail de Laura Morton sur les technologies automatisées. La bourse Canon de la Femme photojournaliste est allée à Natalya Saprunova pour son projet sur le peuple des Evenks en Sibérie, celle du documentaire vidéo court-métrage à Irene Baqué qui tourne sur la Casa Xochiquetzal, refuge pour travailleuses du sexe retraitées à Mexico.

Le prix Camille Lepage 2022 a été remis à Rebecca Conway, qui travaille sur l’impact de la guerre civile sur la santé mentale au Sri Lanka, tandis que celui de 2021 a été décerné à Ana María Arévalo Gosen. Pour finir, le prix Carmignac du photojournalisme est allé à Fabiola Ferrero pour son projet sur la débâcle économique au Venezuela.

Des femmes condamnées pour des crimes liés au gang Barrio 18. Prison pour femmes d’Ilopango, à l’est de San Salvador, Salvador, mars 2021. (© Ana María Arévalo Gosen)

Les 25 expositions gratuites de Visa pour l’image – qui proposait aussi projections, rencontres avec les photographes et tables rondes – restent ouvertes jusqu’au 11 septembre 2022. Des reportages seront projetés sur écran géant les 23 et 24 septembre à la Grande Halle de La Villette à Paris.