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Plusieurs dizaines de piscines publiques contraintes de fermer à cause de l’explosion du prix de l’énergie

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  • France Bleu

Une trentaine de piscines du groupe Vert Marine sont fermées depuis ce lundi matin. L'exploitant ne peut plus faire face à l'augmentation des prix de l'énergie, explique-t-il. Une décision unilatérale et sans concertation dénoncée par les collectivités locales, alors que des négociations ont lieu.

La piscine Ingreo à Montauban fait partie de celles fermées jusqu'à nouvel ordre. La piscine Ingreo à Montauban fait partie de celles fermées jusqu'à nouvel ordre.
La piscine Ingreo à Montauban fait partie de celles fermées jusqu'à nouvel ordre. © Maxppp - CHANTAL LONGO

C'est l'une des conséquences de l'explosion des prix de l'énergie : plusieurs dizaines de piscines publiques ont été contraintes de fermer leurs portes ce lundi en France. Parmi elles notamment, une trentaine de piscines du groupe Vert Marine, soit un tiers de ses établissements, fermés "pour une durée temporaire". Des piscines et centres aquatiques sont concernés partout en France : à Versailles dans les Yvelines, à Meudon dans les Hauts-de-Seine, à Saint-Jean-de-Monts, Granville, Brignoles, Cassis, Bourg-de-Péage, Roye, Rivesaltes, Montauban, Nîmes ou encore Limoges sont concernés.

Le prix de l'énergie multiplié par dix selon l'exploitant 

La société exploitante, basée en Normandie, ne peut plus faire face à l'augmentation des prix de l'énergie, explique-t-elle. Souvent chauffées au gaz, les piscines sont en effet des équipements très énergivores et subissent de plein fouet la hausse des prix. Selon Vert Marine, le prix du mégawatt/heure a été multiplié par dix depuis le mois de janvier. La facture énergétique est ainsi passée de "15 à 100 millions d'euros", soit "la totalité du chiffre d'affaires annuel de l'entreprise", indique la société à l'AFP. Interrogée par France Bleu Normandie, la société estime que pour supporter les coûts, il faudrait selon elle multiplier le prix d'entrée des piscines par trois, ce qu'elle ne souhaite pas.

Des fermetures pour peser dans les négociations ? 

Des discussions avec les collectivités locales concernées, entamées en juin, n'ont pas abouti à ce stade. Environ 10% des 4.000 piscines publiques françaises sont gérées via une délégation de service public et non directement par la collectivité où elle est implantée. Et sur les 90 piscines et patinoires gérées par Vert Marine, certains contrats de délégation ne comprennent pas le coût de l'énergie.

Le groupe en appelle donc "aux instances locales et gouvernementales afin de prendre les décisions nécessaires et inédites pour revenir à des coûts supportables de l'énergie et permettre d'assumer les obligations de service public, et en premier lieu l'apprentissage de la natation notamment en milieu scolaire", explique Vert Marine.

Ce qui a le don d'énerver le maire de Sainte-Pazanne, en Loire-Atlantique. Bernard Morilleau a découvert la fermeture de L'Aquaretz, seule piscine de sa commune, via des habitants, qui se sont eux-mêmes retrouvés devant les portes closes de l'établissement. "Apparemment, ils font ça pour faire réagir les autorités politiques", s'agace-t-il sur France Bleu Loire Océan. L'édile a d'autant plus de mal à comprendre que la piscine est en l'occurrence chauffée à 85% au bois. 

Les piscines sont-elles vraiment essentielles dans un moment où l'énergie est si chère ? - Thierry Chaix, le patron de Vert Marine

"Nous avons décidé de prendre une mesure d'urgence pour ensuite discuter et trouver une solution : par exemple fermer certains bassins dans les piscines, ou bien se rattacher au contrat des collectivités, qui touchent l'énergie moins chère que nous", a expliqué Thierry Chaix, le patron de Vert Marine, sur franceinfo. "Les piscines sont-elles vraiment essentielles dans un moment où l'énergie est si chère ?" questionne-t-il. De toute façon, nous n'avons pas trouvé de meilleure défense que la fermeture", a-t-il résumé.

Les clients le bec dans l'eau

Les clients aussi s'agacent. Sur France Bleu Drôme Ardèche, le papa d'un petit garçon de six ans s'estime lésé : "On a payé 190 euros, ils nous ont laissés nous inscrire en août sans rien dire et là depuis ce (lundi) matin j'essaye de les appeler mais personne ne décroche." Si le patron de Vert Marine a assuré à France Bleu Normandie que les abonnements souscrits avant la décision de fermeture seraient remboursés, le père de famille doit aussi gérer la déception de son petit garçon, impatient de démarrer ses cours de natation au centre aquatique Diabolo, à Bourg-de-Péage, dans la Drôme. D'autres clients de la piscine, interrogés par France Bleu Drôme Ardèche, sont sceptiques sur la raison invoquée par le groupe Vert Marine.

Dans les Landes, où la piscine Aygueblue à Saint-Geours-de-Maremne ferme ses portes, Hélène, interrogée par France Bleu Gascogne, ne décolère pas : ses deux filles sont inscrites aux cours de natation depuis l'année dernière, elle a renouvelé l'inscription il y a quelques jours, soit un chèque de 500 euros qui a été encaissé la semaine dernière. "C'est sauver l'entreprise et sauver les emplois parce qu'aujourd'hui, si on continue comme ça, en trois semaines ou un mois, on était en cessation de paiement", justifie Philippe Boissier, le directeur régional de Vert Marine pour la région Nouvelle Aquitaine. Le personnel du groupe, qui compte 2.000 salariés, a été placé en chômage partiel.

Si dans les Landes, la décision a bien été prise conjointement entre la collectivité et le délégataire Vert Marine, le président de la communauté de commune Maremne Adour Côte Sud regrette la situation, "déplorant les conséquences pour les familles, les écoles, les clubs sportifs et de manière générale sur l’apprentissage de la nage sur notre territoire côtier" en cette période où les cours de natation sont censés reprendre.

Des poursuites judiciaires envisagées par les collectivités 

Résultat, certaines collectivités envisagent des poursuites, comme le propriétaire de la piscine de Limoges, à savoir Limoges Métropole. Le vice-président de la collectivité, Fabien Doucet, a indiqué à France Bleu Limousin qu'une réunion de crise s'était tenue ce lundi matin pour se pencher sur le plan "légal et juridique" de cette affaire et décider d'une éventuelle action "en référé pour les forcer à rouvrir" L'Aquapolis, qui a aussi cessé son activité. Même chose pour Nîmes Métropole, qui va selon France Bleu Gard Lozère se rapprocher d'autres collectivités, la communauté des communes du Grand Pic-Saint-Loup et Provence verte, ainsi que de la métropole de Marseille, de l’agglomération de Valence ou de la commune de Rivesalte.

En attendant, d'autres collectivités vont tenter de reprendre la gestion de leur piscine. C'est le cas de la mairie de Montauban, dont la fermeture de la piscine Ingreo a surpris tout le monde. "Je suis scandalisée (...) par l'attitude inqualifiable et irresponsable de la société Vert Marine qui nous met devant le fait accompli" déclare la maire de Brigitte Barèges, dans une vidéo postée sur Facebook. D'autant, rapporte France Bleu Occitanie, que l'élue qu**'un accord avait été trouvé** avec la direction nationale de Vert Marine avant l'été, pour limiter les effets de la hausse des coûts de l'énergie : raccorder le complexe aquatique au réseau de chaleur municipal à partir du mois de novembre et augmenter les tarifs de 2 à 3%. 

Les solutions mises en place insuffisantes

Depuis cet été, plusieurs collectivités françaises avaient déjà décidé de réduire les amplitudes horaires de leur piscine ou ont abaissé la température de l'eau, pour tenter de faire diminuer la facture. Cette dernière explose et la tendance pourrait se poursuivre compte tenu de la crise énergétique. De nombreuses piscines envisagent de fermer leurs portes cet hiver : environ 10% des adhérents de l'association France Urbaine, qui regroupe métropoles et grandes villes, par exemple. 

Cette question des piscines et des patinoires est au menu du groupe de travail gouvernemental sport sur la sobriété énergétique. "S'agissant des piscines et des patinoires, un travail est notamment mené avec les représentants de ces acteurs (dont l'Union Sport et Cycle) et les collectivités pour trouver des solutions afin de réduire la consommation tout en préservant l'activité sportive et économique", avait précisé de concert les ministres des Sports et de la Transition énergétique la semaine dernière. "Des mesures complémentaires seront étudiées en cas de fortes tensions sur les réseaux", avaient-t-elle ajouté.

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