Allemagne : confirmation d’une sortie totale du nucléaire en 2022

Berlin garde le cap de sortir du nucléaire à la fin de 2022. Les trois réacteurs restants produisent aujourd’hui environ 5 à 7 % de l’électricité allemande. [EPA-EFE/SASCHA STEINBACH]

Le gouvernement allemand maintiendra la sortie du nucléaire prévue pour 2022, en fermant les trois derniers réacteurs nucléaires du pays sur fond de crise énergétique européenne.

Les gestionnaires du réseau de transport allemand ont été chargés en juillet de procéder à une analyse spéciale. Ce que l’on appelle le « test de résistance » doit permettre de déterminer si la stabilité du réseau sera assurée au cours de l’hiver prochain.

La sécheresse de l’été et son impact sur la production d’énergie hydroélectrique, les rivières asséchées, le parc nucléaire français en difficulté et la situation de tension sur les marchés de l’énergie après l’invasion russe en Ukraine ont été cités comme facteurs de risque. 

Malgré cela, Berlin garde le cap de sortir du nucléaire à la fin de 2022. Les trois réacteurs restants produisent aujourd’hui environ 5 à 7 % de l’électricité allemande.

« Nous avons un niveau très élevé de sécurité d’approvisionnement en électricité en Allemagne. Nous avons suffisamment d’énergie en Allemagne et pour l’Allemagne », a expliqué le vice-chancelier et ministre écologiste de l’Economie et du Climat, Robert Habeck, lundi (5 septembre), dans un communiqué de presse.

« Nous sommes un pays exportateur d’électricité. Mais nous faisons partie d’un système européen », a-t-il ajouté. Dans le pire des cas, les gestionnaires de réseaux de transport recommandent d’arrêter les gros consommateurs industriels ou de stopper les exportations d’électricité.

Les voisins de l’Allemagne sont des importateurs nets d’électricité allemande, et les responsables politiques français font pression sur Berlin pour que les réacteurs nucléaires continuent de fonctionner dans le contexte de la crise énergétique actuelle.

Il est « très peu probable » qu’une « crise ou une situation extrême » se produise, a souligné le ministre. Au nom de la sécurité d’approvisionnement, deux réacteurs situés en Bavière et dans le Bade-Wurtemberg seront maintenus en réserve jusqu’en avril 2023.

« Nous nous en tenons à la sortie du nucléaire [en 2022] telle que réglementée par la loi sur l’énergie atomique. Les nouvelles barres de combustible ne seront pas chargées, et à la mi-avril 2023, la réserve cessera également d’exister », a ajouté M. Habeck.

La seule condition dans laquelle les centrales nucléaires pourraient reprendre leur activité serait dans le cas où le déséquilibre dans la production d’électricité entre le Nord et le Sud deviendrait trop important. « Une semaine environ » serait nécessaire pour qu’elles puissent redémarrer, a déclaré le ministre écologiste.

La décision n’est pas définitive et doit maintenant passer par le parlement allemand, bien qu’il soit peu probable que le résultat fasse l’objet de changements majeurs.

Problèmes de coalition gouvernementale

Le parti libéral FDP, membre de la coalition gouvernementale et ouvertement pro-nucléaire, a fait part de son mécontentement face à cette décision.

« En cette période, il faut saisir toutes les occasions de réduire le prix de l’électricité pour les ménages et les entreprises », a déclaré lundi Christian Lindner, le leader du FDP et ministre des Finances, au journal Süddeutsche Zeitung.

« À mon avis, il s’agit d’un test de résistance de la politique économique qui doit également jouer un rôle aux côtés du test de résistance de la politique énergétique », a-t-il ajouté.

Les Verts allemands, deuxième parti au gouvernement, sont farouchement opposés à l’énergie nucléaire. Le mouvement antinucléaire est en effet l’une des idées fondatrices du parti.

L’énergie nucléaire n’est pas particulièrement populaire auprès du plus grand parti au gouvernement, le SPD social-démocrate, non plus.

« Je ne vois pas de majorité au Parlement en faveur de la prolongation de l’énergie nucléaire », a noté M. Habeck.

Un porte-parole avait déclaré en juillet que le chancelier allemand Olaf Scholz aurait souhaité attendre les résultats d’un deuxième test de résistance sur la sécurité de l’approvisionnement en électricité.

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