La Suède, « dernier bastion contre les partis illibéraux » face à l’extrême droite

En Suède, le dirigeant du plus grand parti du bloc de tête est généralement chargé de réunir une majorité au pouvoir, ce qui, selon les sondages actuels, place le dirigeant des Démocrates suédois Jimmie Åkesson sur la sellette. [EPA-EFE/BJORN LARSSON ROSVALL]

Le leader du parti d’extrême droite des Démocrates de Suède (SD), Jimmie Åkesson, a dénoncé l’« échec politique » des sociaux-démocrates en réponse aux allégations selon lesquelles les « liens avec la Russie » de son parti menacent la sécurité nationale, lors d’une conférence de presse lundi (5 septembre).

M. Åkesson a notamment souligné la criminalité des gangs et l’augmentation des prix de l’énergie comme deux exemples pour lesquels, estime-t-il, les sociaux-démocrates au pouvoir depuis 2014 sont responsables.

« Notre pays se distingue comme étant extrême », a déclaré M. Åkesson, précisant que « la sécurité a disparue à causer des politiques sociales-démocrates », et qualifiant les huit dernières années « d’échec politique signé par les sociaux-démocrates ».

M. Åkesson critique également le fait que, selon lui, les sociaux-démocrates ne veulent pas discuter de politique de fond.

« Les sociaux-démocrates ne veulent pas beaucoup parler de leur bilan. Ils ne veulent pas du tout parler de politique, mais ils veulent parler de choses comme ils l’ont fait vendredi », a-t-il déclaré, en référence à la conférence de presse convoquée vendredi dernier (2 septembre) par les ministres de la Défense Peter Hulqvist et de l’Intégration Anders Ygeman. 

Au cours de cette conférence, les deux ministres avaient parlé de « la menace que représentent les Démocrates de Suède en matière de sécurité et de politique étrangère », affirmant que les « liens du parti avec la Russie » peuvent constituer un risque pour la souveraineté suédoise, si les Démocrates de Suède entraient au gouvernement.

« Les modérés sont-ils prêts à donner à SD des perspectives, des responsabilités ou des postes ministériels au niveau des ministères de la Justice, de la Défense et des Affaires étrangères ? », avait alors lancé M. Ygeman. 

Contacté par EURACTIV, l’eurodéputé conservateur (PPE) Tomas Tobé a affirmé que son parti « sera prêt à coopérer avec les Démocrates de Suède au Parlement suédois », notamment sur des questions telles que l’immigration, l’économie ou l’énergie. Il a cependant tracé une ligne rouge et « ne formera pas de gouvernement avec les Démocrates de Suède ».

Selon M. Tobé, le SD manque cruellement « d’expérience pour être au gouvernement ».

Plus à gauche, la menace que représente le parti d’extrême droite s’il intègre une coalition de droite au pouvoir va au-delà des questions de sécurité. En effet, l’eurodéputé Abir Al-Sahlani, du parti du centre (Renew), est préoccupé par « les valeurs que défendrait un gouvernement avec SD ».

« La Suède est le dernier bastion contre les partis illibéraux, racistes et homophobes dans de nombreux autres pays », a-t-elle déclaré lors d’un entretien pour EURACTIV, craignant le « manque de respect de SD pour les processus et procédures démocratiques ».

Ses craintes font écho à celles de l’eurodéputée sociale-démocrate (S&D) Jytte Guteland, qui a jugé le parti comme une « menace pour la démocratie » qui ne « défendra pas les droits de l’homme et les principes démocratiques »

Selon un sondage Sifos publié dimanche (4 septembre), les Sociaux-démocrates au pouvoir sont toujours en tête avec 29,4 %, suivis par les Démocrates de Suède (19,6 %) et les Modérés conservateurs (17,6 %). 

Le résultat définitif est encore difficile à déterminer car trop serré. En effet, le bloc de droite composé des libéraux, des chrétiens-démocrates, des Modérés et des Démocrates de Suède a obtenu 49,6 %, tandis que le bloc de gauche (Parti du centre, Verts, Sociaux-démocrates, Parti de gauche) a obtenu 48,6 %.

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