BFMTV
Police-Justice

"J'ai vécu beaucoup de violence": le témoignage de l'un des enfants de la "maison de l'horreur"

Bryan, l'un des enfants maltraités de Noyelles-sous-Lens, a témoigné ce mardi soir sur BFMTV.

"Maison de l'horreur, le mot est trop faible". Bryan, l'un des enfants maltraités dans une maison de Noyelles-sous-Lens (Pas-de-Calais), a raconté le calvaire familial qu'il a vécu pendant de nombreuses années avec ses frères et sœurs.

"J'ai vu beaucoup de choses et vécu beaucoup de choses dans ce foyer", a déclaré le jeune homme sur notre antenne. "Il n'y a aucune famille à ma connaissance qui a ce fonctionnement-là, avec autant de violences physiques et verbales", a-t-il ajouté.

"Sortir les enfants de là"

Fin août, une bagarre éclate au domicile. Le père de famille, le beau-frère et l'une des sœurs s'en prennent à l'un des frères âgé de 16 ans. La scène de trop pour Bryan: "j'ai donc décidé le lendemain que c'était un stop, je ne pouvais plus voir et vivre des scènes que j'ai vécues".

"J'ai vécu beaucoup de violences physiques, beaucoup de violences verbales, et je suis l'un des enfants qui a le moins vécu toutes ces violences", a-t-il confié sur BFMTV.

Bryan décide alors de faire appel à des assistantes sociales et leur raconte ce qui se passe au domicile "pour sortir les enfants de là". Il leur parle de "coups de bâton, de fouet, de raquette, de balai", de périodes où ses petits frères ou petites sœurs se retrouvaient attachés pendant plusieurs heures par leur parents mais aussi de "scènes de sexualité".

"Je suis père d'un petit de vingt mois et je vois qu'on n'élève pas un enfant dans des conditions pareilles", a-t-il poursuivi sur notre antenne.

Des épisodes traumatisants et qui ont duré de nombreuses années malgré les visites des assistants sociaux: "il n'y avait aucune visite surprise, que des visites prévenues [...] mes parents s'arrangeaient toujours pour nous embobiner le cerveau"

"Quand un enfant part de la maison, ils font un autre enfant pour ne pas perdre une seule somme d'argent. On est leur salaire, l'argent ne va pas aux enfants", a-t-il encore affirmé.

"On est encore seuls"

Une enquête a été ouverte à la suite du signalement de Bryan. Ses deux parents, mis en examen, ont reconnu les faits et ont été placés sous contrôle judiciaire avant leur procès en janvier prochain. Ils encourent trois ans de prison et 45.000 euros d’amende, une peine maximale trop peu élevée pour Bryan.

"J'ai très mal au cœur de dire à mon petit frère de 16 ans que la justice n'est pas derrière nous, qu'on est encore seuls", a déploré Bryan, se disant "très choqué" par les propos du procureur qui jugeait le terme de "maison de l'horreur" comme étant inapproprié.

Tous ses frères et sœurs ont été placés, mais Bryan affirme qu'"ils ne vont pas bien". Aujourd'hui le jeune homme souhaite "leur donner tout l'amour qu'ils méritent" et les retrouver dès que possible: "on ne tombera pas et on se relèvera comme on l'a fait pour tous les coups qu'ont donnés nos parents, on ne lâchera pas"

Hugues Garnier Journaliste BFMTV