« Je veux informer tous les musulmans que l’auteur du livre intitulé Les Versets sataniques, qui a été écrit, imprimé et publié en opposition à l’Islam, au prophète et au Coran (…) (a été) condamné à mort », déclarait l’ayatollah Rouhollah Khomeyni, guide suprême de l’Iran, en 1989 à propos de Salman Rushdie. Trente-trois ans plus tard, Hadi Matar a-t-il cherché à exécuter la sentence ? L’homme de 24 ans doit comparaître mercredi 8 septembre pour une audience préliminaire devant la justice américaine.

Salman Rushdie : plus de trente ans d’une menace jamais éteinte

Le 12 août 2022, l’auteur américano-britannique d’origine indienne donnait une conférence à Chautauqua, dans l’État de New York. Alors qu’il vient de prendre place sur l’estrade, il est attaqué par un homme armé d’un couteau. Hadi Matar est immédiatement appréhendé par la police. Actuellement détenu à la prison du comté de Chautauqua, il plaide non-coupable des chefs d accusation d’« agression » et de « tentative de meurtre ».

Reclus depuis un voyage au Liban

Originaire du New Jersey, Hadi Matar aurait pris connaissance de la conférence via Twitter. D’après sa mère, il vivait en reclus noctambule replié sur son ordinateur depuis 2018 et un voyage au Liban, effectué pour rendre visite à son père. Il aurait pu y rencontrer des dignitaires du Hezbollah, une milice chiite proche du régime iranien.

Dans une interview donnée depuis sa cellule au New York Post, l’accusé refuse de relier son acte à la fatwa prononcée en 1989 par le plus haut dignitaire de la République islamique d’Iran. Il concède toutefois qu’il « respecte l’ayatollah », en qui il voit une « personne exceptionnelle ».

L’Iran n’a jamais relâché sa pression sur Salman Rushdie

En plus de cette déclaration, sa page Facebook fait plusieurs références aux Gardiens de la révolution, l’armée idéologique du guide suprême iranien actuel. En outre, des photographies de l’ayatollah Khomeyni et d’autres figures du régime ornaient les murs de sa chambre. Les autorités iraniennes, de leur côté, nient tout lien avec Hadi Matar.

L’Iran nie tout lien avec Hadi Matar

Sa mère a indiqué qu’il lui reprochait régulièrement de ne pas lui avoir prodigué une éducation musulmane suffisamment stricte. Il y a plusieurs mois, Hadi Matar aurait consulté des vidéos de Salman Rushdie sur YouTube. Il aurait trouvé l’auteur « hypocrite ». « Je ne l’aime pas. Je ne pense pas que ce soit quelqu’un de bien. Il s’agit de quelqu’un qui a attaqué l’Islam, il a attaqué ses croyances, son système de valeur », a-t-il ainsi déclaré au New York Post.

Hadi Matar a toutefois déclaré qu’il n’avait lu que « quelques pages » des Versets sataniques de Salman Rushdie. « Je ne l’ai pas lu du début à la fin », explique-t-il. C’est pourtant bien ce livre, considéré comme blasphématoire par une partie des musulmans, qui a entraîné sa condamnation à mort par l’ayatollah Khomeyni en 1988. Sa tête avait également été mise à prix à plus de 3 millions d’euros par une organisation créée par le régime, la Fondation 15 Khordad.

L’attaque de Salman Rushdie suscite un regain d’intérêt pour son œuvre

En apprenant l’échec de sa tentative de meurtre, Hadi Matar s’était déclaré « surpris ». D’après son agent, Salman Rushdie est désormais « sur la voie de la guérison ».