Le Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, s’est dit opposé, mercredi 7 septembre, à ce que soit poursuivi en justice le soldat qui a tiré sur la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, tuée le 11 mai en Cisjordanie occupée, et “a rejeté la demande de l’administration Biden de revoir les règles de Tsahal concernant l’utilisation de tirs réels”, rapporte The Jerusalem Post.

“Personne ne nous dictera nos instructions de tir réel alors que nous nous battons pour nos vies”, a déclaré M. Lapid lors d’une cérémonie militaire.

“Je ne permettrai pas qu’un soldat qui se protégeait des tirs de terroristes soit poursuivi en justice juste pour obtenir des félicitations de l’étranger”, a ajouté le chef de gouvernement.

L’État hébreu est “attaché à la liberté de la presse et a la réglementation la plus stricte au monde en matière de tirs réels, a-t-il dit. Israël a exprimé sa tristesse à la mort du journaliste. C’est une tragédie qui s’est produite au milieu d’un incident de tir à balles réelles par des terroristes”, a-t-il poursuivi.

“Pression” des États-Unis

Mardi, retrace The Times of Israel, le porte-parole adjoint du département d’État américain, Vedant Patel, avait déclaré que les États-Unis “continueraient à faire pression sur [leurs] partenaires israéliens pour qu’ils examinent de près leurs politiques et pratiques” en matière de tirs “et envisagent des mesures supplémentaires pour atténuer le risque de préjudice pour les civils, protéger les journalistes et prévenir des tragédies similaires à l’avenir”.

Pourtant, le journal mentionne aussi “des sources diplomatiques, citées par le site d’information Ynet, disant que Jérusalem ne s’attendait pas à ce que les États-Unis exercent une pression significative sur Israël concernant cette question”. “Des sources à Jérusalem ont déclaré que l’administration Biden n’avait pas réellement abordé la question avec Israël”, écrit de son côté le Jerusalem Post.

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a soulevé la question avec le ministre de la Défense israélien “à plusieurs reprises récemment, selon des responsables, la dernière fois le mois dernier”, peut-on toutefois lire sur le site de Yediot Aharonot.

Probablement tuée par un tir israélien

Ce “différend public entre Jérusalem et Washington”, selon les mots du Jerusalem Post, “a éclaté après la publication [lundi] des conclusions de l’enquête de l’armée israélienne” sur la mort de Shireen Abu Akleh. Il est très probable, selon Tsahal, qu’un de ses soldats ait tiré accidentellement sur la reporter d’Al-Jazeera.

“Cette position marque un changement par rapport aux récits israéliens précédents sur le meurtre, qui disent plusieurs versions différentes de ce qui s’est passé”, relève Al-Jazeera. La chaîne qatarie rappelle qu’“immédiatement après” les faits, le ministère des Affaires étrangères israélien et le Premier ministre Naftali Bennett avaient pointé du doigt les combattants palestiniens armés comme étant les auteurs “probables”.

L’Autorité palestinienne a affirmé que sa propre enquête montrait que Shireen Abu Akleh avait été délibérément visée par l’armée israélienne.

L’ONG israélienne de gauche Yesh Din a accusé Israël d’accorder l’immunité aux soldats indépendamment de leurs actions, indique encore le Jerusalem Post. Le cas de Shireen Abu Akleh “n’est pas inhabituel”, a déclaré l’organisation. “De nombreuses vies sont écourtées parce que le doigt est léger sur la détente. Il est du devoir d’Israël de changer cela.”