Le "messager de Dieu" qui avait poignardé son ex-compagne à Aunay-sur-Odon ne sera jamais jugé

La cour d'appel de Caen a déclaré "irresponsable pénalement" l'homme qui avait été mis en examen pour "tentative de meurtre" sur son ex-compagne.

Tribunal Caen illustration
Mis en examen pour « tentative de meurtre », l'homme a été déclaré « irresponsable pénalement », mardi 6 septembre. Illustration. ©DR
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La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Caen a déclaré ce mardi 6 septembre « irresponsable pénalement » l’homme qui avait été mis en examen pour « tentative de meurtre » sur son ex-compagne, le 17 avril 2020 à Aunay-sur-Odon.

Deux experts psychiatres avaient été entendus lors de son procès, mardi 17 mai 2022, par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Caen pour déterminer s’il était responsable de ses actes. Un premier psychiatre avait conclu en garde-à-vue à une simple « altération » du discernement de Julien*.

Cette conclusion avait donc ouvert la porte à son procès pénal, mais ses deux confrères entendus lors du procès, à Caen, avaient considéré que ce même « discernement » était en réalité « aboli » le jour des faits. Pour rappel, Laure* avait rendu visite ce jour-là à son ex-compagnon, dont elle était séparée depuis peu, pour qu’il puisse voir leur fille de 3 mois.

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Des « voix » avaient alors ordonné à Julien de « tuer » son ex-compagne. « J’ai eu un ras-le-bol et je lui ai donné deux coups de couteau dans la jugulaire », avait-il confié lors de l’enquête. Il s’était ensuite enfui chez des amis, avait disparu dans la forêt pendant deux heures et était finalement revenu pour se dénoncer aux gendarmes.

Elle avait le couteau enfoncé dans le cou

Pendant ce temps là, la jeune femme avait été retrouvée près de la boulangerie « Aux douceurs d’Agathe » et prise en charge par les secours alors qu’elle avait encore le couteau enfoncé dans le cou et était encore consciente. « Si la lame n’avait pas été arrêtée par la moelle épinière, celle-ci serait décédée », avait rapporté l’avocat général à l’audience du 17 mai dernier.

La jeune femme était restée en revanche tétraplégique, son bébé avait dû être placé en famille d’accueil et une cagnotte en ligne mise en place par ses amis pour collecter des fonds. Mère et fille vivent à présent ensemble en Saône-et-Loire.

L’irresponsabilité pénale de son ex-compagnon ne faisait donc « pas de doute » aux yeux des psychiatres car le prévenu souffrait depuis une dizaine d’années d’une « schizophrénie paranoïde » qui n’avait jamais été soignée auparavant. Sa consommation de cannabis avait aussi accentué ses « hallucinations auditives » et son « délire de persécution ».

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Julien avait par exemple pris l’habitude de « s’enfuir quelques jours en forêt », sans téléphone, de peur qu’on ne le retrouve et qu’on « vienne le tuer » a-t-il été dit au cours de l’audience.

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« Délire messianique »

Converti à l’islam, cet homme qui s’était présenté à l’audience les cheveux longs et relâchés jusqu’aux épaules est sujet à un « délire messianique » : il estime être un « messager de Dieu », avec qui il croyait converser grâce à l’alcool et la drogue.

Le jour du drame, cet ancien enfant hyperactif était d’ailleurs « en état de décompensation psychotique » d’une « intensité majeure », souffrant de « désorganisation intellectuelle » et « se sentait en danger de mort ».

L’avocate de la partie civile avait pour sa part manifesté son inquiétude « pour la sécurité » de sa cliente si son ex-compagnon venait à être déclaré pénalement irresponsable. L’avocat général avait requis des mesures de sûreté avec une hospitalisation sous contrainte impliquant des soins longue durée ou une prise en charge psycho-thérapeutique sous forme d’hospitalisation complète.

Finalement, les juges ont prononcé des « mesures de sûreté et une hospitalisation psychiatrique sous contrainte » et complète au pôle psychiatrique de l’hôpital de Bayeux. Il lui est interdit d’entrer en contact avec sa victime pendant vingt ans et interdit de porter ou détenir une arme pendant vingt ans, également.

*Prénoms modifiés

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