Sur la guerre en Ukraine, le fossé reste entier entre l’Occident et le reste du monde

Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky passe beaucoup de temps à s’adresser au reste du monde, mais son message pas mal dans les pays du Sud global. ©AFP - BART MAAT / ANP MAG / ANP via AFP
Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky passe beaucoup de temps à s’adresser au reste du monde, mais son message pas mal dans les pays du Sud global. ©AFP - BART MAAT / ANP MAG / ANP via AFP
Le Président ukrainien Volodymyr Zelensky passe beaucoup de temps à s’adresser au reste du monde, mais son message pas mal dans les pays du Sud global. ©AFP - BART MAAT / ANP MAG / ANP via AFP
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Une étude menée dans 22 pays montre un fossé persistant entre la perception occidentale du conflit ukrainien et celle du reste du monde. Une défiance vis-à-vis de l’Occident plus qu’une adhésion aux thèses russes.

L’une des conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie a été de faire apparaître au grand jour le fossé des perceptions entre l’Occident et le reste du monde, le « Sud global » selon la formule du moment. Six mois après le début du conflit, alors que le monde entier est affecté par les prix de l’énergie ou l’accès aux céréales, le fossé ne se réduit pas.

C’est ce que montre une étude d’opinion réalisée auprès de plus de 21 000 personnes dans 22 pays, sur tous les continents. Commandée par la fondation Open Society, elle révèle la difficulté des Occidentaux à faire accepter leur lecture du conflit dans des pays comme l’Inde ou le Sénégal, qui ne sont pas a priori hostiles.

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Le décalage est évident lorsque les sondeurs posent la question de savoir si la Russie est justifiée dans son désir « d’exercer plus d’influence » sur son voisin ukrainien : 56% des Indiens disent oui, tout comme 54% des Nigérians. A l’opposé, 78% des Britanniques et 58% des Français et des Américains répondent non.

La première conclusion est évidemment que ces divisions affaiblissent la cause de l’Ukraine ; elles permettent à Vladimir Poutine d’affirmer, comme il s’en est vanté hier, qu’il est « impossible d’isoler la Russie ». Cela n’est pas faux lorsque la Russie a à ses côtés la Chine, et qu’elle bénéficie de la neutralité bienveillante d’une partie de ce « Sud global ».

Un pays comme l’Afrique du Sud est majoritairement compréhensif vis-à-vis de la Russie car lors de la lutte contre l’apartheid, c’était l’URSS qui aidait l’ANC de Nelson Mandela, pas l’Occident. Poutine en retire les bénéfices aujourd’hui.

Ce sondage est d’ailleurs plus un signe de défiance vis-à-vis d’un Occident trop longtemps hégémonique, qu’une adhésion aux thèses russes. Car à la question « faut-il que la Russie se retire du territoire ukrainien pour assurer la paix », une grande majorité dans le monde répond positivement.

Personne ne veut voir disparaître un État souverain, ou reconnaître le fruit d’une conquête militaire : ce serait un précédent dangereux.

L’Occident peut-il inverser cette perception ? Difficilement, car nous parlons d’une image qui s’est construite au fil des décennies, et qui ne se déconstruit pas par de simples proclamations. Lorsque les Occidentaux mettent en avant le droit international pour défendre l’Ukraine, un citoyen d’un pays du Sud peut légitimement penser à quelques situations où ce même droit est bafoué dans l’indifférence générale.

L’étude est également éclairante sur l’état de l’opinion mondiale sur les problèmes globaux. C’est un constat de faillite, car sur tous les sujets, du climat aux inégalités ou au coût de la vie, seule une minorité a le sentiment que la réponse collective est à la hauteur. Seule la lutte contre le Covid reçoit 52% d’approbation collective.

Enfin, quand on demande aux citoyens du monde si leur pays va dans la bonne direction, les Européens sont les plus pessimistes. Exception remarquable : l’Ukraine ! Oui, l’Ukraine en guerre, où 62% des personnes interrogées considèrent que leur pays va dans la bonne direction. Une leçon de courage assurément, qui inspire le respect.

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