Enfants handicapés : les laissés-pour-compte de la rentrée
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par Guillaume Tarde

Enfants handicapés : les laissés-pour-compte de la rentrée

18 % des enfants handicapés n’ont aucune heure de classe dans la semaine. Un gros trou dans la raquette de l’inclusion, pointé du doigt par l’Unapei qui sensibilise sur la question avec sa campagne #Jaipasecole.

« Encore une fois, les personnes en situation de handicap intellectuel ou cognitif, etc … sont les invisibles, les oubliés. » Luc Gateau président de l’Unapei, première fédération française d’associations de représentation et de défense des intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles, tape du poing sur la table en cette rentrée pour sensibiliser à la question de la scolarisation des enfants handicapés.

Une situation tendue mais passée sous silence

Enfants handicapés : les laissés-pour-compte de la rentrée - Une situation tendue mais passée sous silence
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L’Unapei n’a de cesse d’alerter sur la situation des enfants en situation de handicap et particulièrement sur leur mise au ban de l’école. Afin d’illustrer ce combat, la fédération a mis en place un outil de suivi de scolarisation et les chiffres sont édifiants.

Sur un panel de 7 949 enfants, 18 % ne suivent aucune heure de classe dans la semaine. L’Unapei résume cette situation sans détour. « Les droits des élèves en situation de handicap toujours bafoués », et ce malgré les efforts déployés. D’autres chiffres édifiants suivent à l’image des 33 % d’enfants qui ont seulement entre 0 et 6h de scolarisation par semaine. 22 % sont concernés par une scolarisation comprise entre 6 et 12h et 27 % seulement ont accès à plus de 12h de classe par semaine.

L’Unapei rappelle pourtant qu’à l’école primaire, la durée moyenne d’enseignement est de 24 heures par semaine. Alors, comment expliquer cette situation ? Pour la fédération, l’État porte sur lui une lourde responsabilité dans l’invisibilisation des enfants handicapés puisque seulement 34% sont inscrits dans la base « élève » du ministère de l’Éducation nationale.

Pour faire entendre les voix de ces parents pour qui la scolarisation de leurs enfants est un parcours du combattant, la fédération a lancé une plateforme de témoignage.

Marentree, une plateforme pour faire remonter des témoignages

L’Unapei a lancé #jaipasecole, une campagne qui doit faire remonter des témoignages et sensibiliser ainsi les décideurs politiques comme le grand public aux enjeux de la scolarisation des enfants en situation de handicap. Cette campagne est à retrouver sur le site www.marentree.org.

Ainsi plus de 800 témoignages ont été recueillis et permettent de mettre en lumière les difficultés rencontrées par les familles quand il s’agit de faire valoir le droit à l’éducation de leurs enfants.

« 4e rentrée que ma fille de 14 ans est déscolarisée et donc à la maison par manque de place en IME ou autre structure spécialisée. »

« Bonjour, notre fille a 14 ans, elle n'a aucune place en structure adaptée (7 ans d'attente) ni de place d'école depuis 3 ans maintenant »

« …son ancienne école m'a même déjà sorti la phrase suivante par rapport au TDAH "Vous devriez lui mettre plus de rdv et même l'interner »

Les témoignages se succèdent, révélant une situation commune à de nombreuses familles qui se retrouvent sans solution, sans issue. Alors l’Unapei, loin de simplement se faire le porte-voix des enfants oubliés, émet des recommandations pour passer à l’action.

Comment agir ?

La scolarisation est l’un des moyens de socialisation les plus efficaces et en sortir ces enfants c’est leur imposer une mise à l’écart de la société insupportable quand beaucoup vivent déjà un isolement de fait.

L’Unapei a donc publié sur son site une liste de recommandations à suivre pour sortir de cette situation et ainsi aider les enfants en situation de handicap et leurs familles :

– Prendre en compte les élèves inscrits dans les établissements spécialisés (IME…) dans les chiffres de l’Education Nationale, pour avoir une vision réaliste de la situation,

– Former les enseignants et le personnel éducatif aux spécificités des élèves en situation de handicap afin qu’ils puissent adapter leur enseignement, au bénéfice de tous.

– Adapter les programmes éducatifs en termes de méthodes, de rythmes et de contenus.

– Adapter l’environnement scolaire et renforcer les moyens accordés aux enseignants et personnel éducatif afin d’offrir les meilleures conditions d’accueil aux élèves en situation de handicap.

– Adapter les effectifs des classes accueillant des élèves en situation de handicap.

– Garantir la possibilité d’un accompagnement thérapeutique adapté aux élèves en situation de handicap, quel que soit le lieu de leur scolarisation

– Organiser des projets pédagogiques collaboratifs entre établissements scolaires et établissements spécialisés, dédier des temps d’échange de pratique et de construction entre professionnels du médico-social et de l’Éducation nationale.

– Garantir une continuité d’accueil entre les temps scolaires et les temps d’accueil de loisirs des élèves en situation de handicap.

– Sensibiliser l’ensemble de la communauté éducative à la diversité des handicaps, notamment les handicaps invisibles, et à leurs conséquences sur les apprentissages et la vie sociale.

Pour résumer

18 % des enfants handicapés n’ont aucune heure de classe dans la semaine. Un gros trou dans la raquette de l’inclusion, pointé du doigt par l’Unapei qui sensibilise sur la question avec sa campagne #Jaipasecole.

Guillaume Tarde
Rédacteur
Guillaume Tarde

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