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Le 11 septembre 1942, une grande rafle frappe les Juifs du Nord et du Pas-de-Calais

Selon les historiens, de 500 à 600 Juifs sont arrêtés par les police et armée allemandes le 11 septembre 1942 dans le Nord et le Pas-de-Calais. Les détails de l’opération sont cachés aux autorités françaises. Soucieux d’efficacité, l’occupant tire même les enseignements de la rafle du Vel d’Hiv’, survenue deux mois plus tôt à Paris. Une série de commémorations est prévue dans la région.

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En 1871, l’Allemagne défait la France et annexe l’Alsace-Moselle. Les habitants désirant demeurer français doivent partir. De nombreux Juifs optent pour le Nord et le Pas-de-Calais. À Lille, la synagogue de la rue Auguste-Angellier, inaugurée en 1891, symbolise cette époque. « Auparavant, la présence juive dans la région se limitait à quelques familles isolées », rappelle l’historienne Monique Heddebaut. L’entre-deux-guerres marque une autre période de migration.

« Après 1918, il faut reconstruire le tissu économique et industriel, résume la chercheure. Les Juifs polonais arrivent en même temps que les grands groupes de catholiques. Ils fuient également l’antisémitisme, le numerus clausus dans l’enseignement etc. » En 1935, la Sarre vote son rattachement à l’Allemagne nazie. De nombreux Juifs s’exilent. Pour eux, la France est « la patrie des droits de l’homme et de la citoyenneté ».

Pris en tenaille

L’harmonie n’est pas forcément au rendez-vous entre nouveaux et anciens arrivants. « Les israélites français considèrent facilement les Ost Juden (Juifs de l’Est) comme "exotiques" , souligne Monique Heddebaut. Ils n’appartiennent pas au même monde. » En 1939, à la veille de la guerre, la communauté régionale représente 4 000 âmes, une goutte d’eau dans la population. Avec la défaite française de 1940 et l’occupation allemande, les Juifs du Nord sont pris en tenaille. La région est à la fois sous l’autorité du gouvernement collaborationniste de Philippe Pétain et rattachée au Reich allemand. « Les ordres venant de Bruxelles, dont dépend le Nord, supplantent régulièrement ceux de Vichy », note Monique Heddebaut, coauteur d’un riche ouvrage sur la question (voir ci-dessous).

« Sur les 513 déportés aujourd’hui recensés, seuls 17 reviendront »

Le 11 septembre 1942, deux mois après la rafle du Vel d’Hiv à Paris dont elles tirent les enseignements, les autorités allemandes visent les Juifs du Nord et du Pas-de-Calais. « Les arrestations ont lieu la veille de Rosh Hashana (nouvel an juif), afin d’être sûr de capturer des familles, décrypte l’historienne. Les police et gendarmerie françaises sont tenues dans le secret. La veille, on leur demande de tenir des hommes disponibles. Ils boucleront le quartier pendant que les Allemands opèrent… »

Quelques dizaines de personnes parviendront à fuir des gares, avant-postes de l’extermination. Des cheminots rodés aux actions de résistance exfiltrent des enfants au nez des occupants. Le réseau clandestin Voix du Nord est très implanté dans le rail. « Sur les 513 déportés aujourd’hui recensés, seuls 17 reviendront », rappelle Heddebaut. En 1943, une autre vague emportera les Juifs hongrois, turcs et italiens du Nord.

À lire : « Être Juif dans le Nord et le Pas-de-Calais 1939-1945 », Danielle Delmaire, Jean-Baptiste Gardon, Monique Heddebaut, Rudy Rigaut, ed. Tiresias-Michel Reynaud, 480 p., 30 €, juin 2022

monique.heddebaut@gmail.com

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