Une lueur d’espoir apparaît après deux ans de conflit armé dans le Tigré, en Ethiopie. « Le gouvernement du Tigré est prêt à participer à un processus de paix robuste sous les auspices de l’Union africaine », ont déclaré, dans un communiqué, dimanche 11 septembre, les rebelles éthiopiens du Front populaire de libération du Tigré (TPLF). « En outre, nous sommes prêts à respecter une cessation des hostilités immédiate et mutuellement acceptée, afin de créer une atmosphère propice », ont ajouté les rebelles de cette région du nord du pays.
Cette annonce survient alors que les efforts diplomatiques se multiplient pour trouver une solution pacifique au conflit, après que la reprise des combats le mois dernier a brisé une trêve établie en mars.
Le gouvernement éthiopien insistait depuis longtemps sur le fait que tout processus de paix devait être négocié sous l’égide de l’Union africaine (UA), dont le siège est à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Mais le TPLF avait jusqu’alors toujours rejeté la médiation de l’envoyé spécial de l’UA dans la Corne de l’Afrique, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, en dénonçant sa « proximité » avec le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed.
« Opportunité unique »
Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a salué une « opportunité unique » de mettre fin à près de deux ans de guerre, et appelé « les deux parties à œuvrer urgemment à la mise en place d’un cessez-le-feu, à s’engager dans des négociations directes, dans le cadre d’un processus sous l’égide de l’UA, incluant des partenaires internationaux mutuellement agréés ».
Le ministre pour la paix éthiopien, Taye Dendea, a qualifié sur Twitter l’annonce du TPLF d’« évolution positive », tout en insistant sur le fait que « les soi-disant TDF [Forces de défense du Tigré] doivent être désarmées avant le début des pourparlers de paix. Position claire ! ».
Le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a appelé dans un communiqué « les parties à saisir cette opportunité de paix et à prendre des mesures pour mettre fin définitivement à la violence et opter pour le dialogue ». Il a assuré que l’ONU était prête à soutenir le processus de paix dirigé par l’UA.
L’annonce du TPLF, qui coïncide avec le Nouvel An éthiopien, ne mentionne pas de condition préalable, mais les rebelles tigréens disent vouloir un processus de paix « crédible », avec des médiateurs « acceptables » par les deux parties, ainsi que des observateurs internationaux.
Au début du mois, le chef du TPLF, Debretsion Gebremichael, avait proposé une trêve sous condition prévoyant un « accès humanitaire sans entrave » et le rétablissement des services essentiels au Tigré, qui souffre de pénuries alimentaires et d’un manque d’électricité, de communications et de services bancaires. Dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations unies, il avait également demandé le retrait des forces érythréennes de l’ensemble de l’Ethiopie et du Tigré.
Réunions confidentielles
La déclaration de dimanche précise qu’une équipe de négociation comprenant Getachew Reda, le porte-parole du TPLF, et le général Tsadkan Gebretensae, ancien chef d’état-major de l’armée éthiopienne aujourd’hui au commandement militaire central du Tigré, est « prête à être déployée sans délai ».
Le mois dernier, M. Debretsion avait révélé que deux séries de réunions confidentielles en tête à tête avaient eu lieu entre de hauts responsables civils et militaires, la première reconnaissance par l’une ou l’autre des parties belligérantes de contacts directs.
Les combats font rage sur plusieurs fronts dans le nord de l’Ethiopie depuis la reprise des hostilités, le 24 août, les deux parties s’accusant mutuellement d’avoir rompu une trêve conclue en mars.
Abiy Ahmed, Prix Nobel de la paix, avait envoyé des troupes dans le Tigré en novembre 2020 pour renverser le TPLF, après ce qu’il avait considéré comme des attaques contre des camps de l’armée fédérale. Mais les rebelles avaient réussi en juin 2021 à reprendre la plus grande partie du Tigré, avant que les combats tournent à une impasse.
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