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Au moins cent morts dans les affrontements entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

Erevan et Bakou s’accusent mutuellement de « bombardements intensifs » et d’« actes subversifs », alors que des échanges d’artillerie ont été constatés à la frontière entre les deux pays, mais aussi dans des localités arméniennes.

Le Monde avec AFP

Publié le 13 septembre 2022 à 02h07, modifié le 14 septembre 2022 à 08h55

Temps de Lecture 3 min.

L’Azerbaïdjan a accusé, mardi 13 septembre au soir, l’Arménie de violer « de manière intense » le cessez-le-feu négocié par Moscou, après les combats les plus violents depuis la guerre entre les deux pays en 2020, dans une escalade de violences qui a provoqué la mort d’au moins cent soldats arméniens et azerbaïdjanais.

Malgré un cessez-le-feu annoncé par Moscou et en vigueur depuis 8 heures du matin (heure de Paris), « des unités des forces armées arméniennes (…) ont ouvert le feu à l’artillerie contre les positions de l’armée azerbaïdjanaise » à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, a affirmé le ministère de la défense azerbaïdjanais dans un communiqué. « L’Arménie viole de manière intense le cessez-le-feu », a-t-il accusé, en faisant état des « mesures de riposte » des soldats azerbaïdjanais à ces tirs.

Cette déclaration survient alors que l’Azerbaïdjan a affirmé plus tôt dans la journée avoir « rempli tous ses objectifs » à la frontière avec l’Arménie dans les combats avec les forces arméniennes. « Les provocations commises par les forces arméniennes à la frontière entre les deux pays ont été repoussées, tous les objectifs ont été remplis », s’était félicité le bureau du président azerbaïdjanais, Ilham Aliev. « Malgré une forte diminution de l’intensité des bombardements, l’ennemi continue d’essayer d’avancer », avait fait savoir un peu plus tôt le ministère de la défense arménien dans un communiqué.

« Cinquante militaires azerbaïdjanais ont été tués à la suite d’une provocation arménienne d’une grande ampleur » à la frontière entre les deux pays, a annoncé dans la soirée le ministère de la défense azerbaïdjanais dans un communiqué. Plus tôt dans la journée, il avait accusé l’Arménie d’« actes subversifs à grande échelle » près des districts de Dachkesan, Kelbadjar et Latchine à la frontière, ajoutant que les positions de son armée « ont essuyé des tirs, notamment de mortiers de tranchée ».

Pour sa part, le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a fait état dans la matinée de la mort de quarante-neuf militaires arméniens, tués lors d’une intervention devant le Parlement à Erevan, tout en précisant que « ce n’est malheureusement pas le nombre définitif ». Les deux pays s’accusent mutuellement d’avoir lancé les hostilités.

Appels à la paix et à la retenue

Les nouveaux combats, qui ont éclaté dans la nuit, illustrent combien la situation reste explosive. M. Pachinian a appelé la communauté internationale à réagir, lors d’entretiens avec plusieurs dirigeants étrangers, et notamment avec Emmanuel. Le président de la République a appelé au « respect de l’intégrité territoriale de l’Arménie ».

Mardi soir, le chef de l’Etat français a, par ailleurs, appelé le président azerbaïdjanais à « revenir au respect du cessez-le-feu » avec l’Arménie. M. Macron a « dit sa très grande inquiétude » face à ces nouveaux affrontements et a insisté sur la nécessité d’« intensifier les efforts de négociation » entre les deux pays, selon l’Elysée. Il a enfin rappelé sa « disposition à y contribuer en lien avec tous les partenaires, notamment l’Union européenne », a ajouté la présidence française.

L’Union européenne a réclamé l’arrêt des hostilités et a annoncé que le président du Conseil européen, Charles Michel, qui dirige une médiation entre Erevan et Bakou, allait discuter avec les deux belligérants.

Aussi, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a appelé les dirigeants de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie pour les exhorter à parvenir à la paix, tandis que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé les deux pays à « prendre des mesures immédiates pour désamorcer les tensions ». Le ministre des affaires étrangères turc, Mevlüt Çavusoglu, a, quant à lui, appelé l’Arménie à « cesser ses provocations » contre l’Azerbaïdjan.

Enfin, la Russie s’est dite « extrêmement préoccupée » et a appelé les deux parties à « la retenue », a déclaré à la presse le conseiller du Kremlin Iouri Ouchakov, en précisant que la situation devait être discutée dans la soirée lors d’une réunion par visioconférence du conseil de sécurité de l’Organisation du traité de sécurité collective, alliance militaire menée par Moscou.

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Cette violence surgit alors que Moscou, qui a déployé une force de maintien de la paix dans la région après la guerre de 2020, est occupé par les difficultés de son offensive militaire en Ukraine. Mais, selon le Kremlin, M. Poutine est « personnellement impliqué » et fournit « tous les efforts possibles pour aider à réduire les tensions ».

Fusillades fréquentes

De fréquentes fusillades ont été signalées le long de la frontière depuis la fin de la guerre entre Erevan et Bakou au sujet de la région contestée du Haut-Karabakh, enclave azerbaïdjanaise peuplée d’Arméniens, en 2020. La semaine dernière, l’Arménie a accusé l’Azerbaïdjan d’avoir tué l’un de ses soldats à la frontière. En août, Bakou a déclaré avoir perdu un soldat, et l’armée du Karabakh a fait savoir que deux de ses soldats avaient été tués ; et plus d’une douzaine, blessés.

Les deux ex-républiques soviétiques rivales du Caucase se sont affrontées lors de deux guerres au cours des trois dernières décennies pour le contrôle de la région du Haut-Karabakh. Les nouveaux combats, qui ont éclaté dans la nuit, sont les plus meurtriers depuis la guerre de 2020, qui avait fait plus de 6 500 morts et s’était soldée par un cessez-le-feu négocié par Moscou.

Lors de pourparlers sous médiation européenne à Bruxelles en avril et en mai, MM. Aliev et Pachinian sont convenus de « faire avancer les discussions » sur un futur traité de paix. Les séparatistes de l’ethnie arménienne du Haut-Karabakh se sont séparés de l’Azerbaïdjan lors de l’effondrement de l’Union soviétique, en 1991. Le conflit qui s’est ensuivi a fait environ 30 000 morts.

Le Monde avec AFP

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