Groupes électrogènes, bougies… Les ventes flambent face à la peur d'un blackout cet hiver

M.D. | Reportage vidéo : Elena Despatureaux, Jacques Rieg Boivin et Jean-Yves Mey
Publié le 15 septembre 2022 à 10h00

Source : JT 20h Semaine

La perspective de coupures de courant ou de gaz cet hiver préoccupe particuliers et entreprises.
Certains ont d'ailleurs déjà commencé à prendre leur disposition, faisant prospérer le "business du blackout".

Au moment où la France est confrontée à sa pire crise énergétique depuis les années 1970, la perspective d’une coupure de courant ou de gaz pousse un certain nombre de Français, particuliers ou professionnels, à investir dans des équipements. Bougies, batteries, groupes électrogènes et panneaux solaires ne se sont jamais aussi bien vendus.

Au sommet de l’Etat, le gouvernement a déjà assuré que la hausse des prix du gaz et de l'électricité resterait "contenue" y compris après l’expiration du bouclier tarifaire qui doit intervenir le 31 décembre prochain. La première Ministre, Elisabeth Borne, doit dévoiler, lors d'une conférence de presse ce mercredi, les scénarios possibles pour affronter les pics de consommation d'énergie cet hiver mais aussi les factures qui flambent.

Craignant de possibles coupures de courant pendant l'hiver, Michel, 74 ans, a voulu prendre les devants. Il a décidé d’investir dans un groupe électrogène. Une équipe de TF1 l’a rencontré dans un magasin de bricolage des Yvelines. "Je suis inquiet. Les congélateurs, par exemple. S’ils nous coupent l’électricité, il faut avoir un système de secours", explique le retraité, dans la vidéo en tête de cet article.

Batteries portatives et panneaux solaires ont aussi la cote

En deux mois à peine, les ventes de groupe électrogène ont quasiment doublé dans ce magasin Bricorama. Niveau prix, pour se faire une idée, comptez entre 120 et 700 euros pour les modèles les plus performants. Batteries portatives et panneaux solaires, moins coûteux, figurent également parmi les meilleures ventes. Tout comme les lampes solaires d’extérieur, pour moins de 10 euros, et qui trouvent aujourd’hui une nouvelle fonction. 

"En cas de coupure de courant, ça vous permet de pouvoir baliser votre chemin dans votre appartement ou dans votre maison. On a doublé en fait le volume de ventes depuis le début du mois d'août", explique à TF1 Steeve Ferchal, directeur de Bricorama à Orgeval (Yvelines). D'autres alternatives encore, moins sophistiquées, ont aussi la cote. C’est le cas notamment des bougies, qui deviennent une solution d’appoint. "On a multiplié par quatre le chiffre d'affaires sur ces produits. C'est assez étonnant, mais on en revient au basique", poursuit le directeur du magasin. 

Les petites entreprises investissent massivement

Quant aux entreprises, qui seront les premières concernées en cas de pénurie, elles investissent de plus en plus dans des solutions de secours afin d’anticiper un éventuel blackout. Ce qui fait les affaires des professionnels du secteur. En Alsace, le fabricant de groupes électrogènes Cap Générateur a vu ses ventes tripler au cours des dernières semaines.

En conséquence, les délais s’allongent avec jusqu’à trois mois d’attente aujourd'hui pour se faire livrer. "Actuellement, ça explose. Ce sont des plus petites industries qui ont ce besoin de continuité, qui ont peur d'être coupé en électricité et qui va engendrer chez eux des pertes exploitations importantes", explique Lionel Cadec, le directeur général de Cap Générateur.

Ce jour-là, il doit justement livrer un générateur à une entreprise de vidéosurveillance. Coût de l'investissement pour cette dernière, 25.000 euros, le prix à payer pour sécuriser son activité.  En France, plus qu'ailleurs, la crise est accentuée par une baisse de sa production électrique nucléaire, au plus bas en raison de l'arrêt de la moitié de ses réacteurs (28 sur 56), en travaux pour des maintenances ou des corrosions, d'où l'inquiétude grandissante parmi les professionnels.

"On est une société de gardiennage. On a un système de télésurveillance, un centre, donc on ne peut pas se passer de courants. On ne pourra pas intervenir chez nos clients en cas d'alarme", s'inquiète Renée Latscha, directrice de Paro Sécurité à Wittelsheim (Haut-Rhin).

Coup de chaud sur la production d'endivesSource : JT 13h Semaine

A La Couture, dans le Pas-de-Calais, un producteur d'endives a pris une décision radicale pour faire face à la hausse de sa facture d'électricité. Il a décidé d’acheter un groupe électrogène qui fonctionne au gazole et de couper l’électricité dans son usine. "En 2021, c'était 80.000 euros d'électricité et la dernière offre que j'ai eue, il y a huit jours, s'élevait à 800.000 euros", explique, au micro de TF1, Philippe Bréhon, qui dirige la société Saveurs d'endives. "On a fait le calcul : avec du gazole à 1,30 euro, ça revient moitié moins cher que ce que me proposait le fournisseur d'électricité", poursuit-il.


M.D. | Reportage vidéo : Elena Despatureaux, Jacques Rieg Boivin et Jean-Yves Mey

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