"Je ne suis pas satisfait" : Gérald Bronner "sans nouvelles" de l'Élysée après son rapport sur le complotisme

Gérald Bronner était l'invité de la matinale de France Inter, dimanche 18 septembre. ©Radio France
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Gérald Bronner était l'invité de la matinale de France Inter, dimanche 18 septembre. ©Radio France
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Gérald Bronner, professeur à la Sorbonne et directeur de l’ouvrage "Les Lumières à l'ère numérique" (PUF), paru fin août, est l'invité du week-end de France Inter, ce dimanche.

Le sociologue Gérald Bronner et d'autres experts ont remis en janvier dernier  une trentaine de recommandations à Emmanuel Macron pour lutter contre le complotisme et les fausses nouvelles sur les réseaux sociaux. Neuf mois plus tard, "c'est devenu rien du tout pour l'instant donc, non, je ne suis pas satisfait" , indique le professeur sur France Inter, soulignant toutefois qu'"il y a eu deux élections" qui ont occupé la sphère politique entre temps. "Je vais être extrêmement attentif à la suite. L'une des propositions est très importante, c'est le développement de l'esprit critique au sein de l'Éducation nationale, c'est le meilleur outil pour se protéger des flux d'informations et je n'ai pas de nouvelles."

La propagation des fausses informations

Pourtant, il y a urgence. D'après une enquête de NewsGuard, 20 % des vidéos publiées sur TikTok contiennent de la désinformation. "C'est très inquiétant, c'est énorme", réagit Gérald Bronner. "La fausse information est minoritaire mais peu de fausses informations peuvent avoir des conséquences extrêmement importantes, regardez ce qu'il s'est passé au Capitol", souligne le professeur.

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"Il y a des configurations, des algorithmes qui sont plus dangereux que d'autres du point de vue de l'intérêt général, de la démocratie", explique-t-il en donnant l'exemple de Facebook. "On a appris avec la donneuse d'alertes Frances Haugen que pendant longtemps, Facebook mettait en avant les posts qui étaient assortis de l'émoticône 'en colère', qui étaient cinq fois plus visible que l'émoticône 'like'", rappelle-t-il. "On voit bien qu'il y a une éditorialisation de l'information qui dépend de l'économie de l'attention. Il se trouve que la conflictualité nous intéresse. Ce n'est pas pour nous rendre furieux que Facebook fait ça mais pour nous maintenir le plus longtemps possible sur son site et que notre disponibilité mentale soit convertie en publicité."

Les réseaux sociaux proposent toutefois un espace d'expression inédit. "On ne propose en aucun cas des formes de censure mais cette diversité est inauthentique", souligne Gérald Bronner. "Certains représentent peu dans l'espace démocratique mais parlent beaucoup et rendent sur-visible leur argumentation." Par ailleurs, cela a tendance à "polariser les points de vue", "ce qui créé un climat démocratique délétère". Pour éviter les dérives, le professeur préconise que l'Europe se dote d'un outil de gestion de crise pour mieux anticiper et gérer la cyber-ingérence.

La multiplication des théories du complot

Si les "théories du complot sont très antérieures à l'apparition d'Internet", elles sont toutefois bien plus nombreuses et virales aujourd'hui, à l'heure de la mondialisation et d'Internet. "Les outils numériques donnent des tas de conditions pour que toutes sortes de croyances soient fertiles. Les théories du complot n'étaient pas connues du grand public et ont essaimé, sont de plus en plus nombreuses et vont de plus en plus vite. Aujourd'hui, il faut quelques minutes ou quelques heures pour voir, en même temps que les évènements, des théories alternatives."

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