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Joe Biden s'engage à défendre Taïwan en cas d'invasion chinoise

Lors d'un entretien très rare, le dirigeant démocrate a rappelé qu'il n'était pas en train «d'encourager» l'île à déclarer son indépendance formelle. Pour la première fois, il a fait savoir qu'il n'avait pas décidé s'il comptait se représenter à la présidentielle de 2024

Joe Biden était à Londres, dimanche 18 septembre. — © BRENDAN SMIALOWSKI / AFP
Joe Biden était à Londres, dimanche 18 septembre. — © BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

Ferme vis-à-vis de la Chine, optimiste sur le Covid mais mystérieux sur ses intentions en 2024: le président américain a multiplié les déclarations choc lors d'une interview diffusée dimanche sur la chaîne CBS.

Joe Biden a affirmé que les troupes américaines défendraient Taïwan si l'île venait à être envahie par la Chine, une déclaration qui devrait à nouveau provoquer l'ire de Pékin. Sollicité par l'AFP, un porte-parole de la Maison-Blanche a toutefois affirmé dimanche soir que la politique des Etats-Unis à l'égard de Taïwan n'«avait pas changé».

La Chine estime que Taïwan, peuplée de quelque 23 millions d'habitants, est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. En sept décennies, l'armée communiste n'a jamais pu conquérir l'île, laquelle est restée sous le contrôle de la République de Chine.

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Lors de son interview, le président des Etats-Unis a aussi souligné qu'il n'était pas en train «d'encourager» l'île à déclarer son indépendance formelle. «C'est leur décision», a-t-il déclaré.

Rapprochement significatif entre Washington et Taipei

Joe Biden avait déjà agacé Pékin en affirmant fin mai que les Etats-Unis interviendraient militairement pour soutenir Taïwan en cas d'invasion par la Chine communiste. Il était revenu ensuite en arrière, affirmant son attachement à «l'ambiguïté stratégique». Ce concept volontairement flou, qui gouverne la politique taïwanaise de Washington depuis des décennies, consiste pour les Etats-Unis à s'abstenir de dire s'ils interviendraient ou non militairement pour défendre Taïwan en cas d'invasion. Ce qui a permis de maintenir jusqu'ici une certaine stabilité dans la région.

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Washington applique, par ailleurs, une «politique d'une seule Chine»: les Etats-Unis ne reconnaissent officiellement qu'un seul gouvernement chinois, celui de Pékin.

Mais, en même temps, ils se gardent d'approuver la position de Pékin selon laquelle Taïwan est une partie inaliénable de la Chine unique qui sera réunifiée un jour. Les Etats-Unis estiment que c'est à Pékin et à Taipei de trouver une solution, mais s'opposent à tout usage de la force pour changer le statu quo.

«Nous sommes en accord avec ce que nous avons signé, il y a longtemps», a estimé Joe Biden lors de son interview. Ses propos interviennent toutefois après un rapprochement significatif entre les Etats-Unis et Taïwan, à l'heure où les relations entre Pékin et Washington sont à leur plus bas depuis des décennies. Mercredi, un projet de loi qui prévoit une première aide militaire directe des Etats-Unis à Taïwan a franchi une étape clé au Congrès américain. Quelques jours plus tôt, Washington avait annoncé la vente pour 1,1 milliard de dollars d'armes à Taipei.

Biden n'a pas encore décidé s'il se représentera en 2024

A cinquante jours de périlleuses élections de mi-mandat, lors desquelles le président pourrait perdre le contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants, Joe Biden a tenu à dresser un portrait très flatteur de la première puissance économique mondiale. Il a ainsi affirmé que la pandémie de Covid-19 était «terminée» aux Etats-Unis. «Nous avons encore un problème avec le Covid, on consacre beaucoup de travail à ce dossier... Mais la pandémie est terminée», a déclaré le dirigeant à la chaîne CBS.

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«Si vous regardez autour de vous, personne ne porte de masque, et tout le monde a l'air en plutôt bonne forme», a-t-il affirmé. «Donc je pense que c'est en train de changer.»

Le président américain n'a pas encore décidé s'il serait candidat à sa réélection en 2024. «Est-ce une décision définitive que je me représenterai? Cela reste à voir», a-t-il indiqué à la chaîne CBS, tout en affirmant que cela était pour l'instant son «intention».

Lors de son interview, le locataire de la Maison-Blanche a tenu à répondre à ceux qui doutent de la capacité du quasi-octogénaire à gouverner: «Regardez-moi», a-t-il lancé dans un sourire.