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Maladie au travail

Amiante: les autorités sanitaires confirment le lien avec des cancers des ovaires et du larynx

L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) préconise de faciliter la reconnaissance de maladie professionnelle pour les patients, afin de faciliter leurs démarches.
par LIBERATION et AFP
publié le 19 septembre 2022 à 11h09

Le cercle des maladies professionnelles liées à l’amiante s’élargit. Certains cancers du larynx et des ovaires sont bien liés à une exposition à l’amiante, confirme ce lundi l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Cette décision ouvre la voie à des indemnisations pour maladie professionnelle. Ces deux types de cancers sont «sous-déclarés et sous-reconnus», quand ils sont liés à une exposition professionnelle à l’amiante, estime l’Anses.

Son lien avec les cancers du larynx ou des ovaires était déjà reconnu depuis plusieurs années par différents organismes, dont l’Institut de veille sanitaire - ancêtre de l’actuel Santé publique France - et, à l’étranger, le Centre international de recherche sur le cancer, lié à l’ONU. Mais il est documenté de manière moins bien détaillée que pour d’autres cancers. «L’amiante étant couramment associé aux cancers des poumons et de la plèvre, ni les médecins ni les malades ne font le lien avec d’autres cancers», regrette Alexandra Papadopoulos, cadre de l’Anses, citée dans le communiqué.

L’agence recommande la création de tableaux de maladies professionnelles pour ces deux types de cancers, comme c’est déjà le cas pour ceux des voies bronchopulmonaires. Une telle mesure créerait une «présomption d’origine» pour les cancers concernés, ce qui faciliterait les démarches des patients.

«Actuellement, il est déjà possible de faire reconnaître ces cancers en tant que maladie professionnelle, mais cela demande à la victime d’apporter la preuve du lien entre le cancer et son travail», explique Alexandra Papadopoulos.

Des études genrées

Les victimes de l’amiante étant principalement, jusqu’à présent, des salariés du secteur du bâtiment, le nombre de femmes est assez faible. Dès lors, «les études épidémiologiques sont principalement réalisées chez les hommes, mais cela ne signifie pas que les femmes n’ont pas de risques de santé liés à l’amiante», souligne l’Anses.

D’autres secteurs que le BTP sont concernés. L’agence cite l’élimination de déchets, le transport, le secteur agricole mais aussi les activités professionnelles effectuées dans un environnement contaminé par l’amiante, comme l’administration, l’enseignement ou la santé. «Le groupe d’expert estime qu’il faudrait plus de données pour documenter l’exposition des femmes à l’amiante et les impacts sur leur santé», plaide Alexandra Papadopoulos.

L’agence avait été saisie par plusieurs ministères (Santé, Travail…) pour évaluer le lien de cause à effet entre plusieurs cancers et l’exposition à l’amiante. L’Anses n’a pas encore examiné les cas d’autres cancers - pharynx, estomac, colorectaux -, par manque de «ressources» et pour des raisons de «calendrier». D’autres décisions similaires sont ainsi attendues.

L’amiante, utilisé pendant plusieurs décennies au cours du XXe siècle dans la construction de bâtiments, est désormais interdit dans de nombreux pays comme la France, en raison de ses effets dangereux pour la santé. Mais la reconnaissance des maladies professionnelles et de la responsabilité des employeurs est toujours difficile à établir.

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