À l’exception de quelques enfants et jusqu’en juillet 2022, la France a refusé de rapatrier les femmes et les enfants français qui mouraient dans les camps syriens. Comment se passent cet abandon, le calvaire de ces êtres humains et leurs parcours quand enfin, on les fait revenir ?
Au moment où la doctrine semble enfin évoluer, en juillet 2022 et après des années d’atermoiements politiques, la France a finalement organisé le retour de 35 enfants et de 16 mères. Où la France vient d'être condamnée par la CEDH (Cour européenne des droits de l'homme) pour n’avoir pas justifié son refus de rapatrier deux femmes djihadistes et leurs enfants de Syrie, ce deuxième épisode est donc consacré à la question – politique et médiatique – du rapatriement des Français et des Françaises détenues dans les camps kurdes en Syrie.
Des enfants, bien français, comme tient à le rappeler l'avocate pénaliste Marie Dosé (auteure du livre Les Victoires de Daech) qui précise, “Je pense que ce qu’il est important que l’on comprenne, c'est que ces enfants ont une histoire de France". "Même si la France a essayé, et continue malheureusement, d’essayer de les transformer en enfants fantômes, ces enfants ont une histoire de France. Ils connaissent les récits de Victor Hugo, les récits de La Fontaine. Ils parlent français. La France existe et ça, c'est important de le comprendre.” Et elle souligne : “Ce sont des gamins qui n’ont pas du tout de souvenirs de Daesh, et je ne supporte plus de les entendre appeler ‘les enfants de djihadistes, les enfants de Daesh’. Non, ce sont des enfants des camps. Si vous voulez un qualificatif, c'est celui-là : les enfants des camps ! Ce sont d'abord des enfants tout courts, dans l'absolu, mais ce sont les enfants français des camps. Leur histoire de la Syrie, c'est l'histoire de la France qui les maintient dans ses camps comme le dit le Comité des droits de l'enfant de l'ONU”.
Autour de Marie Dosé et d'un grand nombre de témoignages de femmes et d'enfants retenu.es prisonnières et prisonniers dans ces camps, nous avons voulu faire entendre le quotidien de ces lieux de misère et essayer de comprendre pourquoi, durant tant d’années et malgré les exemples des autres gouvernements européens (l’Allemagne, la Belgique ou encore les Pays-Bas), nos dirigeants et dirigeantes politiques ont préféré laisser leurs ressortissant.e.s mourir plutôt que de les juger dans leur pays. Nous avons également pu utiliser et faire entendre les reportages réalisés dans le camp de Roj par Gaelle Joly et Raymond Albouy que nous remercions.
Générique
Un documentaire d’Adrien Chevrier, réalisé par Séverine Cassar
Mixage : Manuel Couturier
Recherches INA : Stéphanie Place
Intervenant.e.s : Marie Dosé, avocate, Gaëlle Jolly, journaliste, Des femmes et des enfants emprisonné.e.s dans les camps en Syrie, Henri Leclerc, avocat, Une femme de l’Aide Sociale à l’Enfance, Sandra Alvarez de Toledo.
Merci également à Raymond Albouy et Lucie Simon.
Références bibliographiques
- Marie Dosé, Les Victoires de Daech – Quand nos peurs fabriquent du terrorisme, Plon, 2020
- David Thomson, Les Revenants – Ils étaient partis faire le jihad, ils sont de retour en France, Le Seuil, 2016
Liens
- Allan Kaval, Dans le nord-est de la Syrie, la mort lente des prisonniers djihadistes, Le Monde, 31/10/2019
- Tribune - « Monsieur le Président, ne laissez pas des enfants français s’éteindre à petit feu dans les camps syriens », Le Monde, 09/04/2022
- Trente-cinq ans de législation antiterroriste : un éclairage proposé par le site Vie Publique (septembre 2021).
- Lutte contre la radicalisation et le terrorisme : dossier proposé par l’Ecole nationale de la magistrature.
- Christine Lazerges, La dangerosité de la notion de dangerosité en droit pénal, in Criminocorpus n°20, 2022.
- Vanessa Codaccioni : La place de l'autorité judiciaire dans l'antiterrorisme : des juridictions politiques à l'avènement d'une justice d'exception policière et administrative, in Les Cahiers de la Justice, vol. 3, n°3, 2016.
- Des mesures disproportionnées. L'ampleur grandissante des politiques sécuritaires dans les pays de l'UE est dangereuse. Rapport d’Amnesty international, 2017.
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