POLITIQUE - Aucun regret de la part de Jean-Luc Mélenchon, après son tweet controversé de soutien à Adrien Quatennens, qui venait d’avouer des violences conjugales. Ce jeudi 22 septembre, le chef de file de la France insoumise a maintenu ses propos. Avant un geste inapproprié à l’encontre du journaliste qui l’interrogeait.
« Est-ce que vous regrettez les tweets que vous avez publiés ? », interroge devant l’Assemblée nationale un journaliste de l’émission Quotidien diffusée sur TMC, tandis que l’ancien candidat à la présidentielle passe devant lui pour se rendre aux journées parlementaires de son parti. Jean-Luc Mélenchon rit puis fait brusquement demi-tour : « Monsieur, je pèse mes mots tout le temps ». Avant d’ajouter « C’est vous qui regrettez ce que vous êtes en train de me dire », en touchant la joue du journaliste, qui opère un mouvement de recul.
Depuis ses tweets lors de « l’affaire Quatennens », Jean-Luc Mélenchon ne s’était pas exprimé. Il l’a fait ce matin… https://t.co/CZVjMY0Z4k
— Quotidien (@Qofficiel)
Ce geste, filmé et aussitôt diffusé par les équipes de l’émission, a provoqué l’agacement de plusieurs journalistes et nombreux sont ceux à s’être indignés du comportement déplacé de l’ancien député.
Le geste d'intimidation par excellence. Regarder le mouvement du recul du confrère une seconde plus tard. https://t.co/tKrV0DQeyC
— Sophie de Ravinel (@S2RVNL)
Assume son tweet et tance le journaliste qui se permet de lui poser une question sur ce tweet… https://t.co/GJnZnp11kx
— Stephane Jourdain (@s_jourdain)
Mélenchon en roue libre, assumant ses tweets sur Quatennens ("Je pèse mes mots tout le temps") et touchant la joue… https://t.co/SkigtUBeog
— Etienne Baldit (@EtienneBaldit)
Ces critiques ont été balayées avec ironie par Manuel Bompard, député LFI. Répondant à une journaliste du Figaro, il a exhumé des photos d’Emmanuel Macron faisant le même geste que Jean-Luc Mélenchon, face au chef d’État burkinabais d’abord puis son ancien Premier ministre Édouard Philippe. « Vous avez oublié de dénoncer la violente claque de Macron sur le président burkinabais Roch Kaboré. Et vous n’avez rien dit sur la violente claque de Macron sur le premier ministre Edouard Philippe. Quel oubli fâcheux ! », ironise-t-il.
@S2RVNL Vous avez oublié de dénoncer la violente claque de #Macron sur le président burkinabais Roch Kaboré. https://t.co/P4XQMPXibh
— Manuel Bompard (@mbompard)
@S2RVNL Et vous n’avez rien dit sur la violente claque de #Macron sur le premier ministre Edouard Philippe. Quel ou… https://t.co/GfqfudyFyt
— Manuel Bompard (@mbompard)
« Rien ne va dans cette vidéo »
« Rien ne va dans cette vidéo », s’indigne ce jeudi Madeline Da Silva, cofondatrice de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique. Elle dénonce aussi bien les propos assumés de Jean-Luc Mélenchon sur Adrien Quatennens que son geste « inadmissible » à l’égard du journaliste. « Mes pensées de nouveau à toutes les militantes, les élues France Insoumise NUPES qui ont fait confiance quand il disait vouloir lutter contre les violences », écrit la militante.
Rien ne va dans cette vidéo. Mais ce geste à la fin est inadmissible. Grave. Tu nous piétines Jean-Luc Mélenchon. T… https://t.co/b1avhb1o72
— Madeline Da Silva (@DASILVAMADELINE)
Jean-Luc Mélenchon n’en est pas à son premier incident avec les équipes de Yann Barthès. En pleine campagne présidentielle de 2012, il avait lancé un « allez vous-en », « vous êtes la vermine du Front National » et « ça va les fachos ? » aux reporters du Petit Journal (l’ancêtre de Quotidien diffusé sur Canal+). À l’époque, ses équipes reprochaient à l’émission de « piéger » le candidat et « de tout tourner en ridicule ».
Six ans plus tard, jugé pour rébellion et provocation après la perquisition au siège de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon avait accusé les journalistes d’être à l’origine du procès : « Il n’y aurait pas eu de procès s’il n’y avait pas eu les images de Quotidien ! », avait-il lancé à la presse après le réquisitoire.
Une première réaction qui met le feu aux poudres
Dimanche 18 septembre, c’est encore le « voyeurisme médiatique » que Jean-Luc Mélenchon a attaqué, dans son tweet de soutien au coordinateur du parti. Il a salué en revanche la « dignité » et le « courage » d’Adrien Quatennens, lui redisant sa « confiance » et son « affection ». Le message a provoqué un tollé, et des remous rarissimes - au sein de la France Insoumise. Quelques heures plus tard, l’ancien candidat à la présidentielle a essayé de corriger le tir : « Une gifle est inacceptable dans tous les cas. Adrien l’assume. C’est bien ». Sans réussir à convaincre.
« Ce ne sont pas mes mots », ont dit notamment Clémentine Autain et Manon Aubry, tandis que la députée Pascale Martin a estimé dans un communiqué qu’une telle réaction de l’ancien parlementaire pouvait « avoir des conséquences graves » en décourageant les femmes de signaler des faits de violences. La Première ministre Élisabeth Borne a jugé le tweet « extrêmement choquant », reprochant au leader Insoumis de « banaliser les violences intrafamiliales ».
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