“Bourdonnements, sifflements, grésillements ou tintements… Si ces bruits intérieurs permanents ou intermittents vous sont familiers, vous faites sans doute partie des quelque 740 millions d’adultes dans le monde souffrant d’acouphènes”, commence Le Temps.
Le quotidien suisse se fait l’écho d’une méta-analyse parue le mois dernier dans Jama Neurology portant sur la fréquence des acouphènes dans la population mondiale. De l’examen de 90 études scientifiques, il ressort que 14,4 % des individus seraient affectés par ces symptômes à des degrés divers. “Quelque 2 % en éprouvent une forme sévère”, écrivent les auteurs. La prévalence des acouphènes ne différerait pas selon le sexe, mais un accroissement associé à l’augmentation de l’âge a été repéré. Les acouphènes touchent “10 % des jeunes adultes, 14 % des adultes d’âge moyen et 24 % des plus âgés”, détaillent les auteurs.
Autre fait saillant repéré par Le Temps dans l’étude : “L’Europe de l’Est, en particulier la Bulgarie (avec une prévalence de 28,3 % au sein de la population), l’Estonie, la Lituanie et la Pologne, s’avère plus affectée que les autres [régions] d’Europe, sans que les chercheurs ne sachent encore pourquoi.” Il faut dire que les financements de recherche associés à ce sujet manquent, déplorent des chercheurs interrogés par le quotidien.
Gare au “tout et n’importe quoi”
En outre, prévient Tobias Kleinjung, médecin spécialisé dans la prise en charge des acouphènes à la clinique d’oto-rhino-laryngologie de l’hôpital universitaire de Zurich, qui n’a pas participé à cette étude :
“La prévention des acouphènes est cruciale, car il n’existe, à ce jour et dans la majorité des cas, aucune thérapie permettant de faire disparaître avec certitude les symptômes.”
Cette prévention passe par le fait d’éviter de s’exposer à des niveaux sonores importants, en portant des bouchons lors de concerts par exemple ou en s’abstenant de pousser le volume dans ses écouteurs. “Aspect moins connu, certains médicaments sont également répertoriés comme étant toxiques pour les oreilles (ou ototoxiques), à savoir qu’ils peuvent générer des symptômes tels que des acouphènes, des aggravations d’une atteinte auditive préexistante, ou encore des vertiges”, prévient Le Temps. C’est le cas de certains médicaments de chimiothérapie (par exemple le cisplatine), pourtant essentiels dans le traitement de certains cancers. D’où l’importance d’informer les patients, mais surtout de les accompagner, afin de repérer de manière précoce toute perturbation du système auditif.
Enfin, Christopher Cederroth, chercheur suisse au Karolinska Institutet à Stockholm et coauteur de l’étude, met en garde : “Il faut être très prudents, car certains traitements à la mode, comme la mélatonine ou certains antidépresseurs, peuvent possiblement exacerber ce syndrome et même causer d’autres effets secondaires.” Il ajoute :
“De plus, en proposant tout et n’importe quoi aux acouphéniques, sans preuve que cela marche réellement, on donne de faux espoirs aux patients.”