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Iran : des dizaines de morts et des centaines d'arrestations parmi les manifestants

Les manifestations se sont poursuivies, dimanche, en Iran après plus d'une semaine de protestations déclenchées par la mort d'une jeune femme arrêtée par la police des mœurs. La répression a déjà fait au moins 41 morts, selon un média d'État, plus de 50 selon l'ONG d'opposition Iran Human Rights.

Une manifestation à Téhéran, quelques jours après la mort de Mahsa Amini en garde à vue. La photo a été obtenue par l'AFP le 21 septembre 2022.
Une manifestation à Téhéran, quelques jours après la mort de Mahsa Amini en garde à vue. La photo a été obtenue par l'AFP le 21 septembre 2022. © AFP
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De nombreux manifestants sont de nouveau descendus dans la rue, dimanche 25 septembre en Iran, pour la dixième nuit consécutive, au mépris d'un avertissement de la justice, afin de protester contre la mort de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs pour avoir porté son voile de manière "inappropriée".

La répression a fait au moins 41 personnes depuis le début des troubles selon un bilan officiel, bien que d'autres sources affirment que le chiffre réel est plus élevé.

L'ONG Iran Human Rights (IHR), basé à Oslo, a déclaré dimanche soir que le nombre de morts était d'au moins 57, mais a précisé que les pannes d'Internet en cours dans le pays rendaient de plus en plus difficile la confirmation des décès.

Faisant écho à un avertissement lancé la veille par le président Ebrahim Raïssi, le chef du pouvoir judiciaire Gholamhossein Mohseni Ejei a "souligné dimanche la nécessité d'une action décisive sans clémence" contre les principaux instigateurs des "émeutes", a rapporté le site Mizan Online du pouvoir judiciaire.

Des centaines de manifestants, de militants réformistes et de journalistes ont été arrêtés au milieu des manifestations, pour la plupart nocturnes, depuis que les troubles ont éclaté après la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre.

Des images diffusées par IHR montraient des manifestants dans les rues de Téhéran, criant "mort au dictateur", prétendument après la tombée de la nuit, dimanche. Des témoins ont déclaré à l'AFP que des manifestations se poursuivaient dans plusieurs localités.

Dans la province de Guilan, dans le nord du pays, 739 personnes, dont 60 femmes, ont été arrêtées, a annoncé samedi le chef de la police locale, le général Azizollah Maleki, cité par l'agence Tasnim.

Dimanche, l'Union européenne a jugé "injustifiable et inacceptable" l'usage "généralisé et disproportionné de la force" contre les manifestants en Iran, après neuf jours de protestations.

Dans une déclaration au nom de l'UE, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell condamne aussi "la décision des autorités iraniennes de restreindre drastiquement l'accès à internet et de bloquer les plateformes de messagerie instantanée", qui "constitue une violation flagrante de la liberté d'expression".

"L'Union européenne continuera à examiner toutes les options à sa disposition, avant le prochain Conseil (des ministres des) Affaires étrangères, face à la mort de Mahsa Amini et à la façon dont les forces de sécurité iraniennes ont répondu aux manifestations qui ont suivi", a averti Josep Borrell, sans plus de précision.

Des réformateurs réclament la fin du port obligatoire du voile

Samedi, le principal parti réformateur d'Iran a exhorté l'État à annuler l'obligation du port du voile.

Dans un communiqué, l'Union du peuple de l'Iran islamique, formation des proches de l'ex-président réformateur Mohammad Khatami (1997-2005), "exige" des autorités qu'elles "préparent les éléments juridiques ouvrant la voie à l'annulation de la loi sur le hijab obligatoire".

Ce parti, qui n'est pas au pouvoir, réclame en outre que la République islamique annonce "officiellement la fin des activités de la police des mœurs" et "autorise les manifestations pacifiques". Il appelle également à la création d'une commission d'enquête "impartiale" sur la mort de Mahsa Amini et à la "libération immédiate des personnes récemment arrêtées".

Des manifestations dans 80 villes, selon une ONG d'opposition

Mahsa Amini, âgée de 22 ans, a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour "port de vêtements inappropriés" par la police des mœurs, chargée de faire respecter le code vestimentaire de la République islamique. Son décès, trois jours plus tard à l'hôpital, a entraîné des manifestations dans les principales villes d'Iran, parmi lesquelles la capitale Téhéran.

L'ONG d'opposition Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, a fait état vendredi d'au moins 50 morts dans la répression de manifestations ayant eu lieu, selon cette même source, dans environ 80 villes depuis une semaine.

Dans plusieurs villes iraniennes, des manifestants ont affronté les forces de sécurité, incendié des véhicules de police et scandé des slogans hostiles au pouvoir, selon des médias et des militants.

Les images les plus virales sur les réseaux sociaux sont celles où l'on voit des Iraniennes brûler leur foulard. En Iran, les femmes doivent se couvrir les cheveux et n'ont pas le droit de porter des manteaux courts ou serrés.

Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a promis jeudi une enquête sur le décès de la jeune femme, tout en précisant que le médecin légiste n'avait pas fait état d'abus de la part de la police, ce que contestent les manifestants.

Des manifestants iraniens brûlent une poubelle dans la capitale Téhéran lors d'une manifestation pour protester contre la mort de Mahsa Amini, le 21 septembre 2022. Illustration.
Des manifestants iraniens brûlent une poubelle dans la capitale Téhéran lors d'une manifestation pour protester contre la mort de Mahsa Amini, le 21 septembre 2022. Illustration. © AFP

>> À lire aussi : "Iran : 'Les femmes ne se laissent plus faire' face à la répression croissante de la police des mœurs"

Des contre-manifestations prorégime

Face aux protestataires, qualifiés de "contre-révolutionnaires", "émeutiers" ou "comploteurs", les autorités ont riposté en organisant leurs propres manifestations après la prière du vendredi.

À l'appel d'un organisme chargé d'organiser des manifestations officielles, des milliers de personnes ont défilé dans plusieurs villes d'Iran, notamment à Téhéran, Qom (nord) ou Ispahan (centre).

À Téhéran, des centaines de personnes, parmi lesquelles des femmes en tchador, ont manifesté avec des drapeaux de la République islamique, des pancartes de soutien et de remerciements aux forces de l'ordre, selon la télévision d'État.

"Mort aux comploteurs", "Prôner la fin du voile, c'est la politique des Américains", pouvait-on entendre comme slogans.

Louant les "efforts et les sacrifices de la police", les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de la République islamique, ont de leur côté assuré que la récente "conspiration de l'ennemi" serait "vouée à l'échec".

Les autorités avaient fait état jeudi de la mort de cinq membres des forces de l'ordre.

Plusieurs centaines d'Iraniens vivant en France se sont rassemblés samedi à Paris pour protester contre la répression du mouvement de protestation en Iran. Des manifestations de solidarité se sont également tenues ailleurs en Europe, notamment à Stockholm et Athènes.

Des débordements à Paris et Londres

En France, dimanche, la police a utilisé des gaz lacrymogènes pour empêcher des milliers de personnes, défilant à Paris pour protester contre la répression des manifestations en Iran, d'atteindre l'ambassade de la République islamique, selon des journalistes de l'AFP.

Cette deuxième manifestation consécutive en deux jours à Paris pour dénoncer la mort en détention de Mahsa Amini a coïncidé avec un autre rassemblement tendu à Londres près de l'ambassade d'Iran. Au moins cinq policiers ont été "sérieusement blessés" et 12 personnes arrêtées à Londres.

Parti de la place du Trocadéro, le cortège parisien s'est dirigé vers l'ambassade d'Iran au son de slogans tels que "femme, vie, liberté !", en écho à ceux des manifestants en Iran, ou encore "France, ça suffit le silence".

Les participants reprochent notamment au président français Emmanuel Macron d'avoir serré la main de son homologue iranien Ebrahim Raïssi lors de leur rencontre le 20 septembre en marge de l'assemblée générale des Nations unies à New York, portant notamment sur une relance de l'accord international sur le programme nucléaire de Téhéran.

À l'approche de l'ambassade, près du siège du Conseil économique, social et environnemental (Cese), les policiers ont fait usage à plusieurs reprises de gaz lacrymogènes pour repousser les manifestants qui tentaient de franchir leur cordon interdisant l'accès à la représentation diplomatique de la République islamique.

Avec AFP

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