Somalie, Haïti, Kenya, Afghanistan, Guatemala… Le risque de famine progresse de façon alarmante dans le monde et les conséquences du réchauffement climatique aggravent le phénomène. Une étude d’Oxfam sur dix pays particulièrement exposés aux catastrophes climatiques, comme la sécheresse, montre que le nombre de personnes souffrant gravement de la faim y a plus que doublé depuis 2016.

Les conséquences sociales du changement climatique se font cruellement sentir dans les pays les plus vulnérables. Selon une étude réalisée par Oxfam, le nombre de personnes souffrant de la faim n’a cessé d’augmenter dans les pays les plus exposés aux catastrophes climatiques. L’étude porte sur dix pays ayant fait l’objet du plus grand nombre d’alertes humanitaires de l’ONU en raison d’événements météorologiques depuis l’an 2000 : l’Afghanistan, le Burkina Faso, Djibouti, le Guatemala, Haïti, le Kenya, Madagascar, le Niger, la Somalie et le Zimbabwe. Oxfam y dénombre 48 millions de personnes souffrant de la faim en 2021, contre 21 millions en 2016, soit plus du double.
"Les principaux facteurs de la famine sont les conflits armés et les crises économiques, notamment celles accentuées par la pandémie de Covid-19", remarque Guillaume Compain, chargé de plaidoyer climat et énergie chez Oxfam. Les événements climatiques jouent également un rôle aggravant sur la faim pour les populations locales. "Mais nous avons cherché à voir s’il y avait un lien systématique entre les catastrophes climatiques et l’augmentation de la faim. C’est le cas, même si la famine peut être liée à d’autres facteurs", ajoute Guillaume Compain.

Des pays peu adaptés au changement climatique


Les événements climatiques, associés aux conflits existants dans la région, rendent notamment le travail agricole particulièrement difficile dans ces régions. La sécheresse qui frappe le Sahel entraîne ainsi d’importantes chutes de production agricole. Une baisse de 39 % des récoltes au Niger, de 15 % au Mali, de 10 % au Burkina Faso ont ainsi été enregistrées, ce qui renforce encore la fragilité des populations.
En Afrique de l’Est, la situation est similaire. "En Somalie, qui subit l’une des pires sécheresses qu’elle ait connue, on estime qu’un million de personnes a dû se déplacer depuis le début de l’année. Et ces personnes, une fois déplacées sont encore plus vulnérables", explique Guillaume Compain. Les dix pays cités dans le rapport sont ainsi placés en bas du classement des pays les mieux préparés à faire face aux conséquences du réchauffement climatique, effectué par la Notre-Dame Global Adaptation Initiative.

Augmenter le financement des pays vulnérables


"Nous prônons un engagement plus fort des pays riches, qui sont aussi les plus pollueurs", reprend le chargé de campagne d’Oxfam. Il s’agit aussi bien d’orienter plus d’argent vers les pays en situation de catastrophe humanitaire, afin de répondre aux besoins à court terme. Les appels humanitaires effectués par l’ONU pour aider les pays vulnérables ne rencontrent pas toujours le succès escompté. Pour les dix pays étudiés, seuls 40 % des fonds demandés par l’ONU ont été fournis par les bailleurs de fonds internationaux.
L’ONG incite également les pays riches à annuler la dette des pays pauvres, alors que les 100 milliards de dollars de financements verts promis par les pays occidentaux ne sont toujours pas atteints. "80 % des financements pour le climat du Nord vers le Sud se font en prêts, ce qui augmente encore leur dette. C’est un cercle vicieux", estime Guillaume Compain. Enfin, la mise en place d’un mécanisme de financement relatif aux pertes et préjudices permettrait de financer une partie de leur adaptation aux conséquences du changement climatique. Ardemment demandé par les pays du Sud dans le cadre des négociations sur le climat de la COP27, le mécanisme n’a cependant toujours pas été inscrit à l’ordre du jour.
En amont du sommet, alors que s’est ouverte l’Assemblée générale des Nations-Unies à New York, où un grand nombre de dirigeants politiques mais aussi de représentants de la société civile se retrouvent, plus de 200 ONG ont publié une lettre ouverte demandent aux dirigeants mondiaux d’"agir pour stopper la crise mondiale de la faim". Elles soulignent qu’une personne meurt actuellement de faim dans le monde toutes les quatre secondes…
Arnaud Dumas, @ADumas5

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