Les fruits d’automne sont fortement contaminés par la catégorie de pesticides la plus dangereuse
Dans son nouveau rapport publié à l'occasion du 60e anniversaire du livre 'Printemps silencieux', le Pesticide Action Network (Pan) Europe analyse les données gouvernementales sur les contaminations aux pesticides les plus dangereux. Selon la publication, les fruits d’automne sont fortement contaminés par la catégorie de pesticides la plus dangereuse.
- Publié le 26-09-2022 à 00h01
- Mis à jour le 26-09-2022 à 00h02
A l'occasion du 60e anniversaire de Printemps silencieux, le livre qui a contribué à lancer le mouvement écologique moderne, L'ONG Pesticide Action Network (Pan) Europe a publié un nouveau rapport. Selon les données gouvernementales analysées par l'association, les fruits d'automne sont fortement contaminés par la catégorie de pesticides la plus dangereuse.
"Les dernières données montrent qu'un pourcentage élevé de poires (49 %), de raisins de table (44 %), de pommes (34 %), de prunes (29 %) et de framboises (25 %) européens ont été vendus avec des résidus de pesticides", note l'organisation, qui explique dans un communiqué s'être concentrée sur la catégorie de pesticides étiquetée par les autorités comme "candidats à la substitution". Les substances en question sont liées "à un risque accru de cancer, de malformations congénitales, de maladies cardiaques et d'autres maladies graves".
Au total, plus de 40 000 échantillons ont été analysés. Selon le rapport, le problème se serait aggravé entre 2011 et 2020 : un tiers de tous les fruits échantillonnés étaient contaminés en 2020, contre un cinquième en 2011. "La contamination des pommes, des poires et des prunes aurait quasiment doublé depuis 2011, augmentant respectivement de 110%, 107% et 81%", souligne l'ONG.
Et la Belgique n'est pas épargnée. Selon la publication, c'est dans notre pays qu'ont été trouvées les poires les plus contaminées : 71% d'entre elles l'étaient.
Interrogée sur le plateau de LN24 à l'occasion de la sortie d'un rapport similaire en mai, Aline Van Den Broeck la porte-parole de l'AFSCA tenait néanmoins à nuancer ces résultats :"Il y a des limites maximales de résidus qui sont fixées par la législation européenne et qui sont contrôlées très strictement par notre agence. Et ily a une marge de sécurité entre les limites maximales et un éventuel risque pour la santé des consommateurs".
Échec européen
Le rapport du Pan pointe l'échec des réglementations européennes adoptées en 2009 qui visaient, entre autres, à éliminer progressivement cette catégorie de pesticides lorsque des alternatives non chimiques étaient disponibles. "Le rapport Pan publié aujourd'hui révèle que l'élimination progressive des pesticides a échoué parce que les gouvernements suivent des directives rédigées en étroite collaboration avec les géants de la chimie BASF, DuPont (maintenant Corteva) et Syngenta", estime l'organisation.
Pan Europe dénonce également l'adoption de lignes directrices par l'administration européenne "responsables du rejet des alternatives non chimiques et de chacune des autorisations de pesticides les plus toxiques". "Ces directives aboutissent à l'inverse de ce que la loi prévoit en favorisant les pesticides vendus par les entreprises qui ont contribué à leur rédaction".
L’ONG demande de rendre effectif le principe de substitution et d’en assurer une mise en œuvre proactive à l’aide de plans nationaux. “
Aujourd'hui, le pouvoir de faire enfin de ce mécanisme de substitution un outil utile pour atteindre les objectifs de la ferme à la table est à nouveau entre les mains de la Commission européenne et des États membres”,
conclut le rapport.