Champollion, déchiffreur des hiéroglyphes

En recopiant des visuels et des textes, Jean-François Champollion a réussi à percer le secret des hiéroglyphes, qu'on ne savait plus lire à l'époque.
En recopiant des visuels et des textes, Jean-François Champollion a réussi à percer le secret des hiéroglyphes, qu'on ne savait plus lire à l'époque.
Champollion, déchiffreur des hiéroglyphes
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Champollion, déchiffreur des hiéroglyphes

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On lui doit la présence de l’obélisque sur la place de la Concorde et le déchiffrement des hiéroglyphes, il y a 200 ans. Jean-François Champollion est le père de l’égyptologie et sa méthode reste un modèle linguistique.

“Je suis tout à l'Égypte, elle est tout pour moi”, cette phrase de Champollion résume à elle seule sa passion pour cette civilisation antique, dont on ne connaît plus grand-chose à l’époque où il naît, en 1790.

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Le goût du savoir lui est transmis par son frère aîné, archéologue, Jacques-Joseph. “Les Champollion ne sont pas du tout issus de la noblesse”, précise la chargée de collections Proche et Moyen-Orient à la BnF, Vanessa Desclaux. Originaires de Figeac, dans le Lot, ils vont étudier à Grenoble et “doivent batailler face à un milieu parisien. Ils ont donc un caractère très pugnace tous les deux”. Latin, grec, arabe, hébreu, copte, syriaque, l’aîné enseigne au plus jeune une trentaine de langues : une boîte à outils capitale pour la suite.

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Une campagne d’Égypte lancée par Napoléon

À l’époque, la connaissance de l’Égypte antique est floue. En 1798, Napoléon lance la campagne d’Égypte, une conquête militaire doublée d’une expédition scientifique. Des milliers de carnets de notes d’observations des savants arrivent en France et des objets affluent sur le marché de l’art. Parmi eux, des papyrus remplis de hiéroglyphes, une écriture abandonnée 1 400 ans plus tôt, qu’on ne sait plus lire. Champollion va s'appuyer sur eux dans sa quête de devenir le premier à les déchiffrer. Pour cela, il retranscrit des textes, établit des similitudes entre les langues, recopie des peintures, parcourt l’Europe pour étudier des collections.

La pierre de Rosette, une importance capitale

Champollion s’intéresse pendant 10 ans à une copie de la pierre de Rosette. Cette stèle d’importance capitale est retrouvée dans une ville nommée Rosette par les Occidentaux et confisquée aux Français par les Anglais. Elle est d’ailleurs aujourd’hui conservée à Londres.

Un décret y est inscrit en trois langues : le grec ancien, les hiéroglyphes égyptiens et l’égyptien démotique, qui est une version simplifiée et cursive des hiéroglyphes. La clé du déchiffrement : comparer ces trois langues.

Il y a 200 ans, la découverte

Un physicien anglais, Thomas Young, tente de la déchiffrer mais Champollion le devance. En 1822, à seulement 32 ans, il perce le code. Dans sa “Lettre à Dacier”, il expose sa découverte en établissant un abécédaire de 24 signes phonétiques.

Il enchaîne en 1824 avec la publication du Précis du système hiéroglyphique des anciens Égyptiens, où il présente une compréhension plus complète du système hiéroglyphique, avec la combinaison des trois types de signes hiéroglyphiques : signes associés à un son, signes renvoyant à une idée et signes combinant les deux.

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À ce stade, Champollion n’est toujours pas allé en Égypte. “Pour y aller, ce sont des enjeux diplomatiques importants" explique l’égyptologue Vanessa Desclaux. "Il faut obtenir des autorisations, il faut avoir une position sociale. Et il n’a pas tout ça.

Il acquiert ces éléments en 1826 lorsqu’il est nommé premier conservateur de la division des Antiquités égyptiennes du Louvre, créée à ce moment-là. Il se rend pour la première fois en Égypte en 1828 et 1829. Sur place, époustouflé par l’obélisque de Louxor, il recommande de la faire venir en France. Le monument sera érigé sur la place de la Concorde, à Paris, en 1836.

En 1836, l'obélisque de Louxor est érigée sur la place de la Concorde, devenant le "plus vieux monument de Paris".
En 1836, l'obélisque de Louxor est érigée sur la place de la Concorde, devenant le "plus vieux monument de Paris".

Grâce à ses découvertes, on en apprend plus sur l’Égypte antique, connue jusque-là par des auteurs grecs et latins : il précise le rôle des divinités, rétablit l’ordre des 77 pharaons, reconstitue la faune et la flore du Nil… À partir de ses propres sources, il redonne une voix à l’Égypte et rétablit son histoire.

Dès 1831, Champollion enseigne sa nouvelle science, l’égyptologie, au Collège de France, institution de diffusion du savoir. Il meurt l’année d’après. L’égyptologie se développera à partir du milieu du XIXe siècle, notamment avec l’arrivée de la photographie qui simplifie l’étude des objets et des textes.

Des méthodes restées actuelles

Le frère aîné se battra toute sa vie pour défendre l’héritage scientifique familial, en faisant aboutir des publications posthumes de Jean-François. Les méthodes inventées par “Champollion le jeune” ont traversé les âges, tout comme la fascination pour l’Égypte.

Ce qui a présidé au déchiffrement des hiéroglyphes reste toujours vrai pour déchiffrer n'importe quelle écriture" conclut Vanessa Desclaux. "Sa manière très méthodique de découper les textes, de faire des cartes où on va enregistrer les mots de vocabulaire, les variantes orthographiques, ce sont des techniques qui sont toujours utilisées de nos jours.

À voir : Exposition “L’aventure Champollion” à la BnF à Paris, jusqu’au 24 juillet 2022.