Les Russes qui tentent de fuir en Géorgie sont accueillis à la frontière par un bureau de mobilisation

Les fonctionnaires au poste frontalier doivent délivrer des convocations aux “citoyens en âge de se mobiliser”, selon les autorités. Après la déclaration de mobilisation partielle en Russie, davantage de Russes sont arrivés dans l’Union européenne. Nombreux sont ceux à tenter de rejoindre la Géorgie, comme en témoignent de récentes images satellites de files d’attente interminables à la frontière.

L’exode est tel que les services de sécurité russes ont installé mardi un bureau de mobilisation “mobile” à la frontière avec la Géorgie, pour intercepter ceux qui chercheraient à échapper à l’armée. Selon le ministère géorgien de l’Intérieur, près de 10.000 Russes franchissent la frontière chaque jour.

Certains arrivent en marchant avec leurs valises traînant derrière eux. D’autres sont arrivés en voiture ou à vélo. Interrogé par la BBC, un homme a montré une photo de sa petite fille Arisha, expliquant qu’il voulait la voir grandir, et non mourir dans la guerre insensée menée en Ukraine. Un autre jeune homme de Moscou a, quant à lui, déclaré que “le dangereux président Vladimir Poutine” était la raison de sa fuite.

La région russe d’Ossétie du Nord, frontalière de la Géorgie où se sont formées des files d’attentes géantes de Russes fuyant la mobilisation, a annoncé mercredi restreindre l’accès aux véhicules sur son territoire. Selon la chaîne officielle du gouvernement local sur Telegram, le dirigeant de cette région, Sergueï Méniaïlo, a signé un décret “restreignant l’entrée des véhicules passagers sur le territoire d’Ossétie du Nord”, hormis aux résidents et aux touristes.

Selon ce décret, seront exemptées les personnes se rendant dans des camps de vacances et autres structures de tourisme au sein de cette république. Un état d’alerte est aussi décrété dans plusieurs districts, y compris dans la capitale régionale, Vladikavkaz.

Une telle décision va rendre plus difficile le trajet entre Vladikavkaz et Tbilissi, la capitale géorgienne située à 200 km au sud où de nombreux Russes ont trouvé refuge depuis le début de l’intervention militaire russe en Ukraine.

De longues files d’attente ont également été signalées aux postes frontières de la Russie avec la Mongolie et le Kazakhstan. Le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev, a promis mardi de protéger la sécurité et le bien-être des Russes qui fuient une “situation sans issue”.

Pour rappel, le président Poutine a annoncé une mobilisation partielle le 21 septembre dernier. Le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a ensuite précisé que 300.000 réservistes seraient appelés. Rapidement, les médias indépendants russes ont toutefois laissé entendre que jusqu’à un million de personnes pourraient être convoquées.

Selon plusieurs experts militaires occidentaux, la décision de Poutine de rappeler les réservistes démontre l’échec des forces russes en Ukraine. Dans un geste inhabituel, le Kremlin a par ailleurs reconnu lundi des erreurs dans sa campagne de mobilisation. “Il y a des cas où le décret est violé”, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ajoutant que “toutes les erreurs seront corrigées”. De nombreux cas de mobilisation de personnes âgées, malades ou sans expérience ainsi que des étudiants ont été recensés. Mardi, un haut responsable de la mobilisation dans la région de Magadan, à l’extrême nord-est du pays, a ainsi été licencié. Depuis l’annonce de la mobilisation, plus de 2.000 personnes ont enfin été arrêtées lors de manifestations en Russie.

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