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Reportage

Les Russes exilés en Arménie se battent pour aider leurs proches à fuir

La Russie a annoncé, jeudi 29 septembre, annexer quatre régions de l'Ukraine. En Arménie, les exilés russes arrivés la semaine dernière craignent que ce soit la première étape vers une mobilisation générale. À Erevan, la capitale, ils s’entraident pour essayer de faire venir leurs proches, toujours coincés en Russie, mais la tâche devient de plus en plus difficile avec la fermeture des frontières, même à ceux munis d’un visa de tourisme.

Un Russe arrive à l'aéroport international Zvartnots, près de Erevan, le 22 septembre 2022, au lendemain de l'annonce de la mobilisation partielle en Russie.
Un Russe arrive à l'aéroport international Zvartnots, près de Erevan, le 22 septembre 2022, au lendemain de l'annonce de la mobilisation partielle en Russie. © Hayk Baghdasaryan, AP
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Avec notre correspondante à Erevan, Manon Chapelain

Dans un café branché de Erevan, une vingtaine d’exilés russes sont réunis autour d’un verre. Ils réfléchissent ensemble aux solutions pour que leurs proches restés en Russie les rejoignent. Sergeï est développeur et est arrivé la semaine dernière. « Je suis très inquiet que mes amis soient envoyés à la guerre, dit-il. J’essaie de les aider grâce à mes connaissances en informatique. Les billets d’avion sont trop chers pour eux, alors je me renseigne sur les points de passage à la frontière les plus sûrs. Depuis quelques jours, il y a des garde-frontières qui ne laissent plus passer les hommes. »

Sergeï en est sûr, la mobilisation générale est pour bientôt. Il redoute que les frontières russes ne ferment d’un instant à l’autre : « On ne peut plus rien prévoir sur plus de 24h. Des amis ont, par exemple, acheté des billets d’avion pour partir le 1er octobre. Mais ils ne savent pas ce qui va se passer en Russie d’ici là. »

Iglia était directeur de théâtre à Saint-Pétersbourg. Il connaît beaucoup de monde encore coincé là-bas : « La plupart d'entre eux veulent partir, mais ils ne peuvent pas, car la vie est trop chère à l’extérieur de la Russie. Ils ont peur de ne plus pouvoir gagner de l’argent s’ils partent, et ils ne savent pas où s'installer. Il n’y a pas beaucoup de pays qui acceptent d’accueillir les Russes, et c’est le principal problème pour nous désormais. Quand je pense à eux, ça me fait peur, ça me rend nerveux et déprimé. »

► À lire aussi : Un soulèvement populaire est-il possible en Russie?

« Fermer les frontières aux Russes qui veulent fuir », c’est faire « le jeu de Poutine »

Au moins 260 000 Russes se seraient enfuis depuis l’annonce de la mobilisation partielle en Ukraine. Ces derniers mois, ils étaient déjà 70 000 à avoir choisi l’Arménie.

Après la Pologne, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie, la Finlande a également a annoncé jeudi la fermeture de ses frontières aux citoyens russes munis d’un visa de tourisme. Pour Boris, un Moscovite exilé en Arménie, c'est une nouvelle sanction difficile à digérer. Il appelle à plus de solidarité envers les Russes qui fuient la guerre.

Quand je vivais en Russie, j’étais très inspiré par les valeurs de l’Union européenne. Je me disais, un jour, nous aussi, nous serons capables de construire une société aussi belle et aussi libre. Mais quand je vois une telle discrimination, surtout venant des institutions, cela me rend vraiment triste. C’est une vraie désillusion. En faisant cela, ils se tirent une balle dans le pied et font le jeu de Poutine. Cela appuie son discours, qui consiste à répéter en Russie que l’Occident prêche l’égalité, mais qu’en réalité, ils détestent les Russes ; que leurs sociétés sont soi-disant meilleures, mais que c’est juste une façade. Et c’est en partie grâce à ce discours que Poutine a évité de gros soulèvements en Russie. Le message envoyé par les pays qui ferment leurs frontières aux Russes qui veulent fuir, c’est : « Restez en Russie, engagez-vous dans l’armée russe et faites la guerre en Ukraine. » C’est complètement dingue et ridicule.

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«Fermer les frontières aux Russes qui veulent fuir» c’est faire «le jeu de Poutine». Par Marion Chapelain

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