Déserts médicaux : il manque plus de 6.000 généralistes dans les campagnes, selon les maires ruraux de France
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Une nouvelle étude publiée ce vendredi à l'initiative de l'Association des maires ruraux de France confirme que la désertification médicale touche davantage les zones rurales, où un médecin généraliste couvre en moyenne 30 km², contre 5 km² dans les bassins de vie urbains.
Aggravation des écarts d’espérance de vie, moindre accès aux soins hospitaliers, vieillissement des professionnels de santé, désertification médicale : selon une série d’études menées en 2020 et 2021 à l'initiative de l'Association des maires ruraux de France (AMRF) en partenariat avec France Bleu, l'ensemble de ces problématiques touchent davantage les campagnes. L'AMRF, qui milite pour une réorganisation du système de santé, le renforcement des services publics et de la proximité médicale, publie ce vendredi une nouvelle étude sur la désertification médicale avec l'aide d'Emmanuel Vigneron, professeur des universités à Montpellier et spécialiste de l'approche territoriale de la santé. Ces travaux confirment qu'il est six fois plus difficile de consulter un médecin en milieu rural, qu'en ville.
Les généralistes, six fois moins accessibles en zone rurale
L'étude propose une nouvelle approche géographique de cette question sanitaire, en calculant la densité de médecins au km² et non par rapport au nombre d'habitants, comme c'est le cas habituellement. Cette densité de médecin au km² permet de se représenter la distance à parcourir pour accéder à un médecin généraliste, sans compter le délai de prise de rendez-vous.
En moyenne, dans les bassins de vie ruraux *, un médecin généraliste couvre 30 km² contre 5 km² dans les bassins de vie urbains. "La réalité de l’accessibilité à la présence médicale est donc six fois plus faible en milieu rural qu’en ville", d'après cette enquête. En outre, 63% des bassins de vie ruraux (2 sur 3) manquent de médecins généralistes.
Cette carte représente la densité actuelle de médecins généralistes libéraux par bassin de vie. Dans de nombreux territoires le manque de médecins est criant. C’est le cas en Ile-de-France mais aussi dans de nombreux territoires ruraux où ces déserts médicaux s’étendent parfois sur de vastes surfaces. En surcharge, est indiqué le nombre de médecins qu’il faudrait pour arriver à la moyenne actuelle de 0,83 pour 1.000 habitants ; et dans une autre couleur, le nombre de médecins dépassant la moyenne dans les territoires excédentaires.
Il manque plus de 6.000 généralistes dans les bassins de vie ruraux pour atteindre l'objectif, souhaitable, d'un médecin généraliste pour 1.000 habitants. Seules 18% des zones rurales sont suffisamment dotées, contre 31% des zones urbaines.
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Un nombre de spécialistes très variable d'un département à l'autre
Ophtalmologie, gynécologie, pédiatrie... d'un département à l'autre, le nombre de spécialistes varie grandement selon l'étude. Alors que la densité est forte dans les grandes métropoles et sur la façade méditerranéenne, la pénurie de médecins spécialistes est particulièrement criante dans des départements du centre ou de l'ouest du pays notamment.
Il existe, par exemple, un "excédent" de 1.862 médecins dans les Bouches-du-Rhône, dont 1.296 spécialistes, alors qu’il en manque 194 en Dordogne, dont 138 spécialistes. Parmi les 11 spécialités analysées durant l'enquête, l’écart est particulièrement marqué en anesthésie, gynécologie, pédiatrie et psychiatrie.
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Quatre propositions concrètes
Représentants des patients, médecins généralistes et spécialistes, infirmiers, mutuelles et élus... L’AMRF a réunit 35 organisations afin d'élaborer des propositions, réalisables, concrètes et consensuelles pour améliorer l’accès aux soins dans les zones rurales. Quatre grandes mesures ont émergé.
Diversifier les lieux de stage des étudiants
Donner les moyens aux étudiants en santé (médicaux, paramédicaux et pharmaciens) de faire des stages hors du lieu de formation initiale en développant les maîtres de stages universitaires dans toutes les professions médicales paramédicales et pharmaceutiques, les hébergements territoriaux des étudiants en santé (HTES) et les aides au transport afin de rendre obligatoire la diversification des lieux de stages.
Mettre en place des équipes de soins coordonnées
Mettre en place et développer les ESCAP : équipes de soins coordonnées autour du patient. Ramener le patient au cœur du sujet, en permettant à n’importe quel professionnel de santé, présent aux côtés du patient, de déclencher une coordination au cœur d’un épisode de soin. Elles peuvent être favorisées par la télé expertise entre tous les professionnels de santé, et apportent des réponses à l’accès aux soins en permettant d’éviter des passages inutiles aux urgences. La coordination, justifiée et déclenchée par les seuls besoins de prise en charge du patient, doit être valorisée financièrement pour reconnaître une équipe de soins de proximité pertinente et réactive.
Faciliter l'installation des professionnels de santé
Pour une meilleure répartition des professionnels de santé, faciliter leur installation est fondamental. Dans ce sens, la création d’un guichet unique d’accompagnement qui centralise, à l’échelle de chaque département, les besoins territoriaux, les aides financières, l’accompagnement administratif et les informations relatives à la vie familiale du professionnel – est nécessaire.
Faciliter les collaborations entre les médecines de ville et hospitalière
Développer de nouvelles manières de pratiquer susceptibles d’assurer à la population une prise en charge rapide et en proximité. Faciliter pour tous les professionnels de santé les exercices mixtes, ville hôpital, particulièrement en zone sous dotée. Développer le partage de compétences entre professionnels de santé
* Bassins de vie : le bassin de vie constitue le plus petit territoire sur lequel les habitants ont accès aux équipements et services les plus courants, selon l'Insee. Consultez la répartition des bassins de vie urbains/ ruraux.
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