Un rapport des Petits Frères des Pauvres lève le voile sur la vie affective et intime après 60 ans

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Un rapport des Petits Frères des Pauvres lève le voile sur la vie affective et intime après 60 ans

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94 % des personnes âgées déclarent être amoureux de leur conjoint(e).
94 % des personnes âgées déclarent être amoureux de leur conjoint(e).
© Getty - Claudia Burlotti

L’association Les Petits Frères des Pauvres dévoile son rapport sur l’isolement des personnes âgées. Il est consacré cette année à leur vie intime. Son sondage révèle une image de la sexualité des retraités bien loin des idées reçues.

Plus de dix millions de Français de plus de 60 ans vivent en couple, d’après l’étude menée par l’association Les Petits Frères des Pauvres. Dans son dernier rapport, elle se concentre sur la vie affective, intime et sexuelle des personnes âgées. "Nous voulons démontrer que c’est un sujet normal", écrit l’association, et "changer notre regard sur la vieillesse". Elle a donné la parole à plus de 1.500 Français de plus de 60 ans. "Les enseignements de cette étude inédite révèlent un décalage entre les représentations que la société véhicule sur les personnes âgées et la réalité qu’elles vivent", estiment Les Petits Frères des Pauvres. Dans son rapport, l’association publie dix enseignements, en voici les principaux.

28% des plus de 85 ans sont encore en couple

Le sondage révèle également que 10%, soit plus d’un million de 60 ans et plus restent avec leur conjoint car ça ne se fait pas de quitter l’autre. 28% des plus de 85 ans sont encore en couple. Les Petits Frères des Pauvres ont recueilli le témoignage de Gaston, 87 ans, qui a perdu son épouse après 64 ans de vie commune : "J’ai pleuré pendant trois mois après son décès. Ensuite, j’ai continué à pleurer, moins, mais pas mal quand même. On m’a donné un traitement alors je ne pleure plus, mais j’ai un regret c’est que ce médicament m’éloigne de mon épouse."

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Le sentiment de solitude se renforce avec les années qui passent. Les contacts avec les petits-enfants sont moins réguliers, les sorties moins fréquentes. "10% des 85-89 ans sortent moins d’une fois par semaine ou jamais de leur domicile", note le rapport.

Une grande solitude après le décès du conjoint

Si 59% des personnes âgées de plus de 60 ans vivent en couple, sept millions sont seuls, et une sur deux depuis au moins dix ans. Les femmes sont plus concernées que les hommes. Deux raisons sont avancées par l’association : l’espérance de vie des femmes est supérieure à celle des hommes ; et les hommes âgés ont plus souvent un·e partenaire plus jeune.

"Au début, à la mort de mon mari, ça a été très dur, je me suis retrouvée seule, je ne savais que faire", témoigne Odette, une veuve de 95 ans. "Comme j’étais déjà à un âge avancé, je me suis lancée dans le bénévolat. Je suis allée dans les maisons de retraite. Ça m’a sorti de ma solitude. Je ne regrette pas parce que ça m’a fait connaître l’autre côté de la vie." D’après Les Petits Frères des Pauvres, "plus les revenus sont faibles, moins la personne âgée est en couple". 81% des plus de 60 ans avec des revenus inférieurs à 1 000 € (donc sous le seuil de pauvreté) vivent sans conjoint(e).

L’un des freins pour réaliser de nouvelles rencontres est la pression des enfants, pour 35% des retraités. "Je me vois mal maintenant me remettre avec quelqu’un vu que mes enfants sont grands", reconnaît Marie-Ange, 71 ans.

La difficulté de se remettre en couple

85% des personnes âgées seules ne veulent pas vivre en couple selon le sondage. "Je ne souhaite pas être en couple", affirme Roger à l’association. "J’ai été tellement déçu que ça ne m’intéresse pas. Maintenant que ça fait plus de trente ans que je suis tout seul, le reste ne m’intéresse pas. (…) À soixante-quinze ans, se mettre en couple, je pense que c’est un peu rêver, plus que rêver."

41% des plus de 80 ans se trouvent toujours séduisants

71% des personnes âgées interrogées affirment qu’un corps qui vieillit peut rester désirable, comme Marie-Ange, 71 ans et divorcée, interrogée par l’association : "J’aime bien être coquette. J’aime bien être belle pour moi. Je ne me ferai plus belle pour quelqu’un d’autre." En revanche, "reprendre quelqu’un non. J’aurais trop peur d’être déçue de son comportement".

71 % des personnes âgées interrogées dans notre rapport trouvent qu’un corps qui vieillit peut rester désirable.
71 % des personnes âgées interrogées dans notre rapport trouvent qu’un corps qui vieillit peut rester désirable.
© Getty - Halfpoint Images

41% des plus de 80 ans se trouvent toujours séduisants. Le rapport regrette l’invisibilisation des personnes âgées dans les médias, ils sont sous-représentés. Comme le note l’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel, les plus de 65 ans représentent 5% des personnes qui apparaissent à la télévision.

Plus de la moitié ont des relations sexuelles

Le sondage mené par l’association dévoile des chiffres très peu relayés. "Une personne âgée sur deux a des relations intimes et 91% d’entre elles en sont satisfaites", notent Les Petits Frères des Pauvres. "70% des 60-64 ans ont des relations sexuelles, ils ne sont plus que 32% dans la tranche 80-84 ans et seulement 8% au-delà de 85 ans."

"C’est le plus important dans la vie. Si tu ne fais pas l’amour, tu ne vis pas. Tu es renfermé", clame Arthur, divorcé de 61 ans. "Moi, ça me manque beaucoup. Je suis un être humain. On se retient. C’est le destin." Le rapport affirme aussi que la fréquence des rapports sexuels et les problèmes de santé sont les premières sources d’insatisfaction pour 8% de personnes âgées ayant des relations sexuelles.

Très à l'aise pour évoquer la sexualité

Les retraités interrogés sont majoritairement très à l’aise pour parler de sexualité, à 84%. Mais plus d'un retraité sur deux considère que le sujet est tabou pour la société. "On ne peut que se réjouir de ces résultats qui révèlent que ce sujet intime très longtemps considéré comme tabou n’est pas une source de gêne pour les personnes âgées", écrivent Les Petits Frères des Pauvres.

"Avec le temps, on est quand même en 2022, peut-être qu’en 2050 on en parlera librement", espère Paul, célibataire de 71 ans. "Plus on va aller, plus on va se libérer. Il y a eu quand même pas mal de progrès de fait depuis les années 60. Il y a eu la libération sexuelle en 68."

En revanche, être à l’aise sur le sujet ne veut pas forcément dire en parler à son entourage, indique le sondage. "Les trois-quarts des personnes âgées ne parlent pas de leur vie intime à leur entourage, dont 68% précisent ne pas souhaiter en parler."

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