Passer au contenu

Précarité menstruelle : le Planning familial de l'Isère lance une collecte de protections hygiéniques

Par

Permettre à toutes les personnes menstruées d'avoir accès aux protections hygiéniques, voilà le crédo du Planning familial de l'Isère, qui lance ce lundi 2 octobre une grande collecte. Mais le but est aussi d'interpeller les pouvoirs publics.

Boite de protections periodiques ouvertes dans un hypermarché. Précarité menstruelle ? Boite de protections periodiques ouvertes dans un hypermarché. Précarité menstruelle ?
Boite de protections periodiques ouvertes dans un hypermarché. Précarité menstruelle ? © Radio France - Stéphanie Berlu

Savez-vous combien dépense une femme en protection hygiénique durant toute sa vie ? Près de 3.800 euros, en moyenne. Une coquette somme que certaines personnes ne peuvent pas forcément se permettre. Le Planning Familial de l'Isère lance donc une collecte solidaire ce lundi 2 octobre, et veut en profiter pour interpeller les autorités.

La précarité menstruelle, c'est la difficulté pour les femmes d'acheter des protections hygiéniques. Ça concerne combien de personnes ? En Isère et en France ?

On estime qu'entre 1,7 et 2 millions de femmes et de personnes menstruées se retrouvent à un moment de leur vie en situation de précarité menstruelle. Evidemment, c'est une précarité économique, c'est le fait de devoir choisir parfois entre un paquet de pâtes et un paquet de serviettes.

Mais ce n'est pas que ça la précarité menstruelle, c'est aussi une précarité "sociétale" : le fait de ne pas pouvoir parler des règles, demander des protections périodiques, de connaître son cycle menstruel, de savoir par exemple que ce n'est pas normal d'avoir mal pendant ses règles et que c'est possible de trouver des solutions pour aménager la douleur. Tout cela fait aussi partie de la précarité menstruelle, c'est une précarité d'informations auxquelles on ne peut pas accéder.

Et donc, vous organisez à partir d'aujourd'hui une collecte de produits périodiques. Comment ça se passe ?

Alors c'est très simple : il y a environ 70 points de collecte à travers toute l'Isère. À Grenoble, par exemple, c'est possible de faire un don dans nos locaux du Planning familial, boulevard Gambetta ou encore dans chaque maison des habitant.e.s ou à l'hôtel de ville de Grenoble, par exemple. Et tous nos points de collecte sont disponibles sur une carte interactive sur le site le-tamis.infos.

Vous recherchez quoi comme protection ? Des serviettes en particulier ?

Oui on cherche majoritairement des serviettes, simplement parce que c'est la protection qui est la plus plébiscitée par les publics accompagnés par les 70 associations du réseau. Mais aussi parce que c'est la solution la plus facile d'accès, par exemple pour se changer dans la rue, parce que mettre un tampon dans la rue ce n'est pas évident ou bien avoir une coupe menstruelle quand on n'a pas accès à l'eau potable ou à des toilettes, c'est compliqué. Donc c'est tout un système aussi qui ne permet pas de choisir sa protection. Donc celle-ci est la plus simple.

À Grenoble, depuis le début de l'année 2022, il y a quatre distributeurs gratuits de protections hygiéniques (à la Belle Électrique, à la MJC Anatole-France, à la Mission locale ou à la Maison des habitant.e.s Chorrier-Berriat. Ça ne suffit pas ?

Quatre distributeurs pour les 450.000 habitants de Grenoble, je pense qu'on peut dire que ça ne suffit pas. Et puis nous ce qu'on demande au Planning familial, c'est la gratuité des protections périodiques pour toutes et tous. On estime que ni les gens, ni les associations comme le Planning familial n'ont à pallier au devoir de l'Etat de permettre à tout le monde d'avoir une vie digne pour pouvoir s'acheter un paquet de protections périodiques. Mais en attendant, il faut bien faire quelque chose. Donc c'est aussi le sens de notre campagne : en attendant la gratuité, montrons-nous solidaires des plus précaires.

On a parlé ces dernières années de la "taxe rose" (des produits pour femme qui sont plus chers que ceux pour hommes). C'est encore une réalité, ça, aujourd'hui, en 2022 ?

Oui bien sûr, il y a déjà le fait d'acheter des protections périodiques, ça représente un coût pour 52 % de la population mondiale, un budget supplémentaire. On sait mal l'estimer car il n'y a pas d'étude réelle, puisque ça n'intéresse pas beaucoup les pouvoirs publics... Ça représente peut-être plusieurs milliers d'euros dans une vie d'une personne menstruée.

Et puis il y a tous les à-côtés : les anti-douleurs qui peuvent servir à soulager les règles ou encore le remplacement de draps ou de sous-vêtements qui ont été tachés et puis des arrêts maladies dans certains cas de règles très douloureuses, avec parfois des carences de quelques jours. Tout cumulé, cela fait une sacrée somme...

Ma France : Améliorer le logement des Français

Quelles sont vos solutions pour aider les Français à bien se loger ? En partenariat avec Make.org, France Bleu mène une consultation citoyenne à laquelle vous pouvez participer ci-dessous.

undefined