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Le mariage des enfants est encore une réalité dans 43 États américains

Le mariage des enfants aux USA. Image d’illustration.

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Par Marie Michiels

Dans la majorité des États américains (quarante-trois sur cinquante), le mariage d’un mineur avec un adulte est autorisé. Tout récemment, le magazine de reportages radio Interception de France Inter a consacré un reportage de près d’une heure à cette problématique. Seuls sept États sur cinquante interdisent le mariage des moins de dix-huit ans, et ces lois ont été votées au cours de ces dernières années.

Ainsi par exemple, ce n’est qu’en 2017 que le gouverneur de l’État de New York a signé une loi pour relever l’âge du mariage de quatorze à dix-huit ans. Les autres États américains qui interdisent le mariage en dessous de l’âge de dix-huit ans sont le Delaware, le New Jersey, la Pennsylvanie, le Minnesota, le Rhode Island et le Massachusetts (loi votée en 2022).

La plupart des enfants mariés sont des jeunes filles

Il existe peu d’informations sur le mariage des enfants aux États-Unis. Chaque État fonctionne à sa manière. Ainsi, dans certains États il n’y a pas d’âge minimum légal pour pouvoir se marier.

Selon une étude publiée par l’ONG Unchained at last (organisation qui se bat pour mettre fin au mariage forcé et au mariage des enfants aux États-Unis), près de 300.000 mineurs, âgés de moins de dix-huit ans, ont été légalement mariés aux États-Unis entre 2000 et 2018. Le rapport précise que certains enfants n’avaient que dix ans, mais presque tous avaient seize ou dix-sept ans. La plupart étaient des filles mariées à des hommes adultes qui avaient en moyenne quatre ans de plus qu’elles.

Marier son enfant pour sauver l’honneur de la famille

Parmi les maigres témoignages disponibles à ce jour sur le web, il y a ceux de femmes qui ont été mariées de force car très jeunes, elles étaient enceintes suite à un viol. Dans les États où l’avortement est interdit, la démarche permet ainsi aux parents d’échapper à la honte.

Beaucoup de témoignages sont aussi ceux de femmes (ou même de garçons) mariées à l’intérieur de la communauté religieuse de leurs parents, avec un adulte appartenant à cette même communauté. Et puis il y a les familles où le mariage des enfants fait partie des traditions.

Une étude publiée dans le Wiley Online Library (magazine on line spécialisé dans la publication de résultats de recherches scientifiques) et basée sur des données existantes entre 2010 et 2014, rapporte que le nombre de mariages d’enfants au cours de cette période était particulièrement élevé dans les familles d’origine amérindienne ou chinoise. Les enfants immigrés étaient plus susceptibles que les enfants nés aux États-Unis d’avoir été mariés.

Autre élément de l’étude : la prévalence chez les enfants du Mexique, d’Amérique centrale et du Moyen-Orient était de deux à quatre fois supérieure à celle des enfants nés aux États-Unis. Seuls 20% des enfants mariés vivaient avec leur conjoint ; la majorité des autres vivaient avec leurs parents.

Trop jeune pour prendre une décision éclairée en matière de mariage

Dans un rapport de l’UNICEF paru en mai 2022, il est écrit que le mariage des enfants compromet souvent le développement d’une fille en entraînant une grossesse précoce et un isolement social, en interrompant sa scolarité, en limitant ses possibilités de carrière et d’avancement professionnel et en l’exposant à un risque de violence domestique. Le droit au consentement "libre et plein" au mariage est reconnu dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui stipule que le consentement ne peut être "libre et plein" lorsque l’une des parties concernées n’est pas suffisamment mûre pour prendre une décision éclairée en matière de mariage.

Toujours selon ce rapport de l’UNICEF, les régions du monde où les mariages d’enfants sont les plus élevés sont l’Afrique de l’Ouest et centrale (où près de quatre jeunes femmes sur dix sont mariées avant l’âge de dix-huit ans), l’Amérique latine où c’est le cas pour 28% d’entre elles et les Caraïbes (21% de jeunes filles mineures mariées).

Dans un autre rapport publié en février 2023 (rapport annuel du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme), le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et le Comité des droits de l’enfant exigent que les États fixent à dix-huit ans l’âge légal minimum du mariage pour les filles et les garçons, avec ou sans consentement parental.

"Le mariage forcé a des conséquences particulières pour les femmes et les filles, et il présente des risques pour leur santé physique et mentale. […] Il existe un lien entre le mariage forcé et l’exploitation sexuelle, car l’accomplissement des droits conjugaux donne parfois lieu à des rapports sexuels non consentis ; dans les cas d’enfants mariés qui n’ont pas encore atteint l’âge de la maturité sexuelle, on peut parler de détournement de mineurs. Dans le cas de mariages d’enfants, la santé des filles est mise en danger par la grossesse et l’accouchement. Le risque de mortalité maternelle est plus élevé chez les filles de moins de quinze ans et les complications au cours de la grossesse ou de l’accouchement sont plus nombreuses chez les adolescentes âgées de dix à dix-neuf ans (par rapport aux femmes de vingt à vingt-quatre ans)."

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