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Guerre en Ukraine : la Russie a perdu une grande partie de ses armes lourdes

La Russie a perdu en Ukraine l'équivalent de la moitié de ses chars d'assaut opérationnels. Un bilan sans précédent historique en à peine sept mois de guerre. La flotte et l'aviation n'ont toutefois perdu qu'environ un dixième de leurs armes lourdes, en s'impliquant moins dans les combats.

Les territoires ukrainiens sont devenus le cimetière des blindés russes.
Les territoires ukrainiens sont devenus le cimetière des blindés russes. (Genya SAVILOV/AFP)

Par Yves Bourdillon

Publié le 6 oct. 2022 à 07:14Mis à jour le 6 oct. 2022 à 09:51

Un dixième de son aviation, de sa flotte et de ses batteries de missiles, et jusqu'à la moitié de ses chars opérationnels et 40 % de ses blindés d'infanterie disponibles : voilà la proportion approximative d'armes lourdes et équipements que l'armée russe a perdus en sept mois de guerre en Ukraine, selon des sources recoupées. Des pertes variables suivant le type de matériel considéré, mais qui montrent un dispositif militaire dégradé dans des proportions sans précédent en si peu de temps, hormis peut-être au début de la Seconde Guerre mondiale.

Un cimetière de blindés

Alors que l'aviation et la flotte russe ont limité les dégâts en réduisant leurs opérations, les pertes sont très importantes dans l'armée de terre, surtout parmi les blindés (chars d'assaut, véhicules de combat, transports de troupes), indispensables aux mouvements et protection des fantassins. Ce qui obère les capacités de la Russie à tenir des territoires, comme l'illustrent les revers majeurs des derniers jours.

L'Ukraine est devenue un véritable cimetière de blindés russes. Le site de référence Oryx comptabilise 1.250 chars d'assaut dont la perte peut être authentifiée par photos de smartphone datées et géolocalisées. Ce bilan est déjà neuf fois supérieur au nombre total de chars perdus en dix ans en Afghanistan… Et dépasse le total de l'inventaire opérationnel combiné des armées française, britannique et allemande.

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Pour ce qui est des autres blindés, notamment véhicules de combat d'infanterie (IFV) à la puissance de feu nettement inférieure à celle des chars, au moins 2.200 ont été détruits, selon Oryx. Des analystes estiment même, au vu du retour d'expériences sur d'autres champs de bataille, que le nombre réel de blindés perdus serait de 45 % supérieur, compte tenu de ceux dont la carcasse n'a pas été repérée ou a été trop détruite pour être identifiable.

Plus assez de chars pour tenir le terrain

A raison de 120 bataillons russes impliqués, comptant chacun 10 chars et 30 autres blindés, les pertes documentées de chars sont donc d'ores et déjà supérieures au nombre de ceux déployés au début de l'invasion (des renforts ont été acheminés depuis). Le ratio de pertes pour les autres blindés est d'environ 60 % de ceux déployés initialement. La plupart des spécialistes estiment qu'un corps expéditionnaire ne peut plus opérer efficacement quand il a perdu plus de 40 % de ses armes lourdes.

Moscou dispose, certes, de près de 8.000 chars en réserve, mais dont une forte proportion est de conception trop ancienne pour les rendre utiles au combat ou parqués à l'air libre depuis quarante ans, sans entretien, et ne constitue désormais plus qu'un réservoir de pièces pour réparer des chars opérationnels.

L'Ukraine a aussi perdu beaucoup d'armes lourdes, par exemple 277 chars… mais en dispose d'un nombre plus élevé qu'au début de la guerre, compte tenu des livraisons de ses voisins et des 421 chars russes capturés.

L'aviation et la flotte prudentes mais peu impliquées

Les pertes sont bien moins élevées dans l'artillerie, avec par exemple 118 lance-missiles multiples Grad et Uragan détruits sur 1.300 en inventaire. De même pour l'aviation, qui est beaucoup plus prudente depuis l'été, en raison du déploiement en Ukraine de systèmes antiaériens performants. Moscou a perdu 22 chasseurs bombardiers Soukhoï 25 sur 196 opérationnels, une douzaine de Soukhoï 30 sur 145 et 15 Sukhoï 34, les plus modernes, sur 123. Les pertes sont encore moins importantes pour les hélicoptères, une cinquantaine sur un inventaire de 1.500, dont à vrai dire seulement 400 étaient déployés en Ukraine.

La flotte russe est aussi relativement préservée : après le traumatisme de la perte d'un de ses trois seuls croiseurs lance-missiles, le « Moskva », en avril, elle s'est repliée vers le port russe de Novorossiysk. Elle ne participe presque plus aux combats, hormis le lancement de temps en temps d'un missile Kalibr. Elle a perdu trois navires d'assaut amphibie sur les sept déployés en mer Noire. Sa flotte de quinze frégates est, en revanche, intacte.

Vers une pénurie de missiles

Voilà pour les pertes, auxquelles s'ajoute un grand nombre d'obus et missiles tirés. Evaluation impossible, notamment du fait qu'il est plus facile de cacher aux satellites occidentaux des dépôts de munitions que des croiseurs.

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Le stock de missiles de croisière, cruciaux en raison de leur précision et de leur difficulté à intercepter, touche vraisemblablement à sa fin, puisque l'Ukraine estime avoir été frappée par 2.500 d'entre eux et que les services de renseignement occidentaux évaluaient le stock à 3.000. Ils sont virtuellement impossibles à remplacer faute de composants électroniques très particuliers importés habituellement d'Occident. Ce qu'illustrerait le fait que la Russie se résigne à tirer depuis peu des missiles Tochka, peu employés jusqu'ici.

Yves Bourdillon

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