L'économie selon... Claude Chabrol : épisode • 38 du podcast L'économie selon...

Le réalisateur Claude Chabrol, sur le tournage de Mme Bovary, le 19 septembre 1990 ©Getty - Jacques PRAYER/Gamma-Rapho via Getty Images
Le réalisateur Claude Chabrol, sur le tournage de Mme Bovary, le 19 septembre 1990 ©Getty - Jacques PRAYER/Gamma-Rapho via Getty Images
Le réalisateur Claude Chabrol, sur le tournage de Mme Bovary, le 19 septembre 1990 ©Getty - Jacques PRAYER/Gamma-Rapho via Getty Images
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Du "Beau Serge" à la "Cérémonie", Claude Chabrol met en scène les rapports sociaux et porte à l'écran des faits divers, pour en exposer la violence...

Avec
  • Cécile Maistre-Chabrol Autrice et réalisatrice
  • Dominique Memmi Directrice de recherches en sciences sociales au CNRS, auteur de « La Revanche de la chair. Essai sur les nouveaux supports de l'identité » (à paraître au Seuil)

Fréquemment comparé à Balzac, dont il était un grand lecteur, certains parlent volontiers de la comédie humaine que Chabrol aurait dessinée films après films. Analysant la confrontation des différents milieux sociaux, au-delà de sa passion pour les drames bourgeois, il réfléchit aussi à la violence et aux aspects sociaux qu’elle revêt...

Selon Dominique Memmi " bien que la comparaison soit tout le temps faite, il y a une différence fondamentale entre Chabrol et Balzac. Ce dernier décrit des univers larges de la société, on se trouve dans des salons aristocrates, des salons bourgeois, en ville, à la campagne...or Chabrol se contente de lieux relativement resserrés tels que le petit village de Sardent, la maison des maîtres dans "La Cérémonie ". C'est la bourgeoisie de province, qui évolue dans des lieux beaucoup plus étroits, et où l'on peut regarder les relations sociales de manière plus rapprochée, les classes sociales sont beaucoup proches les unes des autres". Dans la plupart de ses films Chabrol observe la bourgeoisie et ses travers, tels que l'apparence, l'hypocrisie, la cruauté... Cécile Maistre-Chabrol précise "effectivement il dézingue les bourgeois, et ce qu'il n'aime pas c'est cette affaire de pouvoir, encore plus que la question des classes sociales. C'est l'abus de pouvoir qu'on retrouve dans tous ses films, l'arrogance du pouvoir, la hiérarchie sociale".

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On trouve cette question des apparences et de l'art de mentir en particulier dans  "La Cérémonie", d'après Dominique Memmi " on a deux filles qui ont un vrai stigmate, une a été probablement infanticide et l'autre parricide, elles sont stigmatisables toutes les deux. Il y en a une qui parle trop, fait des logorrhées et des bêtises et l'autre est analphabète et cherche à cacher ce stigmate. La grosse différence c'est que dans la famille bourgeoise, où il y a aussi des personnages avec des stigmates, ils sont capables de les cacher ". Par ailleurs, Chabrol détestait le rapport à l'argent, selon Cécile Maistre-Chabrol "Il disait que "l'argent est le sang contaminé de la société". Il vivait comme un bourgeois, parce qu'il aimait le confort, mais ce qu'il détestait c'est la mentalité bourgeoise, c'est-à-dire l'amour du fric, les gens qui vivent pour le pognon, selon son expression, et qui font du pognon avec du pognon".

Références sonores

  • extrait de Chabrol, l’anticonformiste de Cécile Maistre-Chabrol (2018)
  • Extrait de Poulet au vinaigre de Claude Chabrol (1985)
  • Extrait de La fleur du mal de Claude Chabrol (2003)
  • Extrait de La cérémonie de Claude Chabrol (1995)

Bibliographie

Chabrol, l'anticonformiste, un film réalisé par Cécile Maistre-Chabrol, 2018
Cécile Maistre-Chabrol :  Torremolinos (Lattès, 2021)
Antoine de Baecque : Chabrol (Stock, 2021)

Références musicales

Les bourgeois, par Jacques Brel
Le coup d'soleil (feat. Emma Peters) Bon Entendeur

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