«C’est bien la première fois que je suis émue aux larmes pour l’annonce d’un prix Nobel ! J’ai lu la Place quand j’avais 20 ans, j’étais à la Sorbonne en histoire, je me sentais profondément seule, déphasée et d’un coup, ce livre m’a offert un miroir réflexif comme si l’auteure concentrait dans ses pages en m’ayant devancée dans son parcours, sa réflexion, un ensemble d’expérience très spécifique propre à ce qu’on a fini par nommer les transfuges de classe.
«Partir d’une situation de fragilité, surmonter la honte, raconter la violence subie, élever au rang de littérature des choses qui n’étaient pas destinées à entrer dans son champ comme ces pages géniales sur l’odeur d’eau de javel à la maison, tant sa mère est obsédée par le ménage, odeur que j’ai sentie, presque portée sur moi toute mon enfance, c’était bouleversant. Mon expérience de femme a été traversée par sa littérature, c’est puissant, politique, chirurgical. Elle a éclairé, nommé, ce que j’avais vécu, elle l’a réparé et a transformé ma fragilité en puissance, elle m’a permis de devenir la femme que je suis.»