Le Royaume-Uni a exigé l’absence de drapeaux de l’UE lors de la réunion de Prague

Le château qui accueillait l’événement a dû se débarrasser des drapeaux de l’UE à la demande du Royaume-Uni, et les dirigeants européens basés à Bruxelles ont dû rendre leur présence aussi « discrète » que possible. [Shutterstock/Bennian]

Plusieurs dirigeants européens ont conclu que la première réunion de la Communauté politique européenne, qui s’est tenue jeudi (6 octobre) à Prague, a été un succès, même s’il a fallu enlever les drapeaux européens à la demande des Britanniques et malgré les tensions entre les dirigeants grec et turc.

En effet, pour en arriver là, le château qui accueillait l’événement a dû se débarrasser des drapeaux de l’UE à la demande du Royaume-Uni, et les dirigeants européens basés à Bruxelles ont dû rendre leur présence aussi « discrète » que possible.

De plus, la Grèce et la Turquie n’ont pas réussi à respecter la ligne de communication convenue pour montrer leur unité, leurs dirigeants s’étant disputés au cours du dîner.

Le Premier ministre tchèque Petr Fiala a qualifié la réunion des 43 dirigeants européens de succès et a partagé son optimisme quant à l’avenir du concept.

« Notre tâche commune était de créer une plateforme informelle où nous pouvons coopérer, partager des idées et développer des solutions pour ramener la paix et la prospérité en Europe. Et je pense que nous avons réussi », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse finale.

Toutefois, le concept de la Communauté politique européenne a suscité une série de doutes de la part des pays candidats à l’UE qui craignaient que la communauté ne soit considérée comme une alternative à l’adhésion à part entière.

Cependant, M. Fiala a balayé ces inquiétudes. « Nous ne voulons pas remplacer les formats de coopération existants. »

L’idée avait été initialement présentée par le président français Emmanuel Macron, et l’actuelle présidence tchèque de l’UE a proposé Prague comme capitale hôte du premier sommet.

Cacher le concept de l’UE

La réunion a été préparée conjointement par la présidence tchèque, le président du Conseil européen Charles Michel et Emmanuel Macron. Néanmoins, les diplomates de la présidence tchèque ont souligné qu’elle n’avait « rien à voir avec l’UE elle-même ».

En effet, il n’y avait aucun drapeau de l’UE dans le château de Prague, où la réunion a eu lieu. EURACTIV République tchèque a appris que c’était l’une des demandes de la Première ministre britannique Liz Truss, qui a également participé à la réunion. L’UE était néanmoins représentée par M. Michel, qui a également présidé la session informelle du dîner.

Si la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a également assisté aux réunions, elle n’y a joué aucun rôle officiel.

« Elle n’a pas eu de discours pendant le programme officiel, elle ne fait qu’assister à l’événement et participer à quelques réunions bilatérales », a déclaré un diplomate tchèque à EURACTIV République tchèque.

Selon le Premier ministre tchèque, l’Europe avait besoin d’un espace pour un échange d’idées informel, indépendamment de l’appartenance ou non à l’UE. « Même le fait que tous les dirigeants européens aient passé une journée ensemble, au même endroit et que des dizaines de réunions bilatérales aient eu lieu, c’est déjà très positif », a-t-il ajouté.

M. Fiala a également annoncé que la Communauté politique européenne ne sera pas institutionnalisée et qu’il n’y aura pas de conclusions formelles du sommet.

La Grande Europe en sommet à Prague pour se rassembler face à Moscou

Les dirigeants de l’Union européenne et leurs homologues du continent vont se réunir jeudi et vendredi à Prague pour discuter des réponses aux conséquences dramatiques de la guerre russe en Ukraine, selon Charles Michel.

MM. Erdoğan et Mitsotakis se chamaillent lors d’un dîner

M. Macron a tenu à souligner au cours de la journée que la réunion avait envoyé un message d’unité.

Mais les médias grecs ont rapporté que, lors du dîner, le président turc Recep Tayyip Erdoğan s’est disputé avec le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis au sujet de la récente escalade en Méditerranée orientale.

Les médias grecs rapportent que M. Erdoğan a pris la parole lors du dîner pour accuser Athènes d’actions provocatrices qui ont fait monter les tensions dans la région.

M. Mitsotakis aurait répondu qu’Ankara devrait cesser de remettre en question la souveraineté des îles grecques. Au lieu de cela, le Premier ministre grec a déclaré que le président turc devait privilégier le dialogue sans rhétorique extrême, comme le font les dirigeants responsables.

Lors d’une conférence de presse après le dîner, M. Erdoğan s’en est tenu à sa rhétorique incendiaire.

« J’ai prononcé un discours pendant la réunion et un monsieur [Kyriakos Mitsotakis] n’était pas à l’aise avec ce discours […] Il a dit que nous utilisions un langage dur alors que ce n’était pas le cas », a déclaré M. Erdoğan aux journalistes.

« Maintenant, nous n’avons rien à dire à la Grèce », a-t-il ajouté.

M. Erdoğan a récemment déclenché de fortes réactions à Athènes lorsqu’il a appelé la Grèce à cesser de « militariser » les îles grecques voisines de la Turquie, faute de quoi les forces militaires turques pourraient venir « pendant la nuit ».

À la question d’un journaliste demandant si cela signifie que la Turquie pourrait attaquer la Grèce, M. Erdoğan a répondu au journaliste : « Vous avez raison. Si un pays nous dérange et nous attaque, notre réponse est “nous pouvons venir soudainement une nuit”. C’est ainsi qu’ils doivent le savoir, le comprendre. Puisque vous l’avez compris de cette façon, ils l’ont aussi compris de cette façon ».

Le président turc Recep Tayyip Erdogan participera au sommet de l’UE à Prague

Le président turc Recep Tayyip Erdogan participera au sommet informel de l’UE qui débutera jeudi (6 octobre) à Prague, a confirmé l’ambassadeur turc en République tchèque Egemen Bagis.

Inscrivez-vous à notre newsletter

S'inscrire