Fatima Hassan, 32 ans, est encore marquée par l’histoire de sa grand-tante, mariée alors qu’elle n’avait que 12 ans. “Les ordres de la famille étaient clairs : obéir en toute circonstance à son mari âgé de seize ans de plus qu’elle, et ne pas se plaindre quoi qu’il arrive”, raconte le site Daraj. C’est ainsi qu’elle est devenue mère alors qu’elle n’avait pas encore 13 ans et “un objet ménager accoutumé à la violence à la marginalisation”.

“Elle et d’autres que je connais sont une raison valable pour mon refus de me marier jusqu’à présent”, dit-elle. Et ce, malgré les “pressions” que ses parents, dont sa mère, mariée à 14 ans, lui font subir. “Mon père pousse parfois mes frères à faire des problèmes ou me frapper lorsque j’éconduis des prétendants”, explique-t-elle.

Selon un rapport des Nations unies, 25,5 % des Irakiennes mariées en 2021 étaient mineures. Un chiffre en augmentation par rapport à 2011, année au cours de laquelle 21,7 % des Irakiennes mariées avaient moins de 18 ans, indique Daraj. Légalement, l’âge du mariage est de 18 ans en Irak, mais des exceptions permettent une union à l’âge de 15 ans, avec un accord parental ou judiciaire. Le mariage des mineures, qui “ne se limite plus aux villages”, entraîne notamment vers le décrochage scolaire, explique le site.

Considérations financières

Les autorités sont absentes et n’ont pas de programme de sensibilisation sur les dangers du mariage précoce, regrette Salwa Ahmad, titulaire d’une maîtrise en sociologie, citée par Daraj. Selon elle, ce sujet est un véritable marqueur de la dualité de la société irakienne, mariages précoces d’un côté et mariages tardifs, de l’autre.

Dans une grande partie de la société, traditionaliste et ultraconservatrice, on marie les filles très jeunes, résume Daraj : “La décision de se marier ou non est un luxe que la grande majorité des filles n’a pas.” Et dans une autre partie, c’est surtout la situation économique qui détermine le choix de se marier ou non.

Mais pour Allawi, qui habite Bagdad, ces deux considérations peuvent s’entrecroiser. “Les dots élevées […] et le coût des noces font que la plupart des jeunes reportent le mariage ou recourent au mariage traditionnel à un âge précoce avec l’une de leurs parentes.”