Sergueï Sourovikine, le nouveau commandant "totalement impitoyable" des forces russes en Ukraine
Sergueï Sourovikine est devenu ce week-end le nouveau commandant des forces russes en Ukraine. Il succède au général Alexandre Dvornikov, lui aussi vétéran de la deuxième guerre de Tchétchénie et commandant des forces russes en Syrie.
- Publié le 10-10-2022 à 18h04
- Mis à jour le 18-10-2022 à 19h59
Est-ce déjà l'effet de sa nomination ? À peine le général Sourovikine a-t-il été désigné, le 8 octobre, "commandant du groupement combiné de troupes dans la zone de l'opération militaire spéciale" en Ukraine qu'un déluge de feu s'est abattu, lundi, sur plusieurs villes du pays. Il faut dire que la réputation de ce "Héros de la Fédération", qui dirigeait jusque-là le groupement de forces "Sud" en Ukraine, le précède : "totalement impitoyable", peut-on lire dans un rapport consacré à la doctrine et la stratégie militaire de la Russie, publié par la Fondation Jamestown. Que ce soit envers ses ennemis ou ses hommes.
Né à Novossibirsk il y a 56 ans ce 11 octobre, père de deux enfants, le militaire de carrière, qui a servi sur plusieurs terrains de guerre, du Tadjikistan à la Syrie, présente un CV taché de sang. En 1991, il avait ordonné à ses hommes de tirer sur les manifestants qui s’élevaient contre le coup d’État perpétré par les tenants de la ligne dure du PC contre Mikhaïl Gorbatchev. Trois personnes avaient été abattues. Mais, après quelques mois en prison, il avait été libéré sans procès.
Envoyé à Grozny dans les années 2000, lors de la deuxième guerre qui a ensanglanté la région, Sergueï Sourovikine promettait d’éliminer trois Tchétchènes pour chacun de ses soldats tués, indique encore le rapport.
À partir de 2008, il a ensuite "fait une brillante carrière aux échelons supérieurs de l'état-major général et du ministère de la Défense", "pendant la réforme militaire radicale qui exigeait de licencier sans pitié les vétérans inutiles et de constituer une force plus légère et plus apte au combat". Peu importe qu'en 1995, il avait été reconnu coupable de vol et de vente d'armes - sa condamnation avait été annulée. Selon le renseignement britannique, cité par The Guardian, "pendant plus de 30 ans, la carrière de Sourovikine a été entachée d'allégations de corruption et de brutalité". Mais son "empressement à exécuter vigoureusement n'importe quel ordre a annulé toutes les questions potentielles sur son CV douteux", selon la Fondation Jamestown.
Lorsque la Russie a volé au secours de Bachar al-Assad en Syrie, elle a pu compter sur Sourovikine là encore. Le commandant sera accusé, par Human Rights Watch, d’avoir ordonné des bombardements indiscriminés. Aussi la nomination de celui qui était devenu commandant en chef des forces aérospatiales russes en 2017, apparaît-elle aujourd’hui comme une façon de donner des gages aux plus bruyants radicaux de Russie.