Diplomatie: A l’ONU, l’Ukraine accuse la Russie d’être un «Etat terroriste»

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DiplomatieÀ l’ONU, l’Ukraine accuse la Russie d’être un «État terroriste»

L’Ukraine a accusé lundi à l’ONU la Russie d’être un «État terroriste» pour avoir tué des civils en frappant massivement Kiev et des grandes villes, des raids dénoncés par l’ONU et l’Occident.

Avant l’assemblée générale, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, «profondément choqué», a dénoncé les bombardements russes. (Image d’illustration)

Avant l’assemblée générale, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, «profondément choqué», a dénoncé les bombardements russes. (Image d’illustration)

Getty Images via AFP

Les pays membres de l’ONU étaient réunis lundi après-midi dans l’amphithéâtre historique de l’Assemblée générale, à New York, pour débattre en urgence d’une résolution de condamnation de l’annexion de régions ukrainiennes par Moscou.

Avec ce texte co-rédigé par l’Union européenne, présenté par l’Ukraine et qui pourrait être mis au vote mercredi, les Occidentaux espèrent démontrer que la Russie du président Vladimir Poutine est isolée sur la scène internationale.

Mais ce sont les frappes meurtrières de lundi matin qui ont monopolisé la séance où les deux pays en guerre ont croisé le fer dans une ambiance électrique.

«La Russie a encore une fois prouvé qu’elle était un État terroriste que l’on doit dissuader de la plus forte des manières», a martelé l’ambassadeur ukrainien à l’ONU Sergiy Kyslytsya.

Son homologue russe Vassili Nebenzia lui a répondu en comparant le régime de Kiev à la «plus scandaleuse des organisations terroristes», deux jours après l’explosion --un «sabotage» selon Moscou-- qui a sérieusement endommagé le pont russe de Crimée.

Avant l’Assemblée générale, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, «profondément choqué», avait dénoncé les bombardements russes: «Une nouvelle escalade inacceptable de la guerre» dont les civils «paient le prix le plus élevé».

Davantage de personnes seront contraintes de fuir leur foyer en Ukraine, a prévenu de son côté le Haut-commissaire aux réfugiés de l’ONU Filippo Grandi. «L’horreur de ce qui s’est passé en Ukraine aujourd’hui (…) est inexcusable», a souligné le diplomate italien auprès de journalistes, disant «craindre (…) de nouveaux déplacements» de populations.

«Brutalité absolue»

Le président américain Joe Biden s’est insurgé contre la «brutalité absolue» de son homologue russe, tandis que la diplomatie européenne a dénoncé des «attaques barbares».

Les services de secours ukrainiens ont fait état d’un bilan provisoire de 11 morts et 89 blessés à travers le pays mais l’ambassadeur Kyslytsya a parlé de 14 civils tués et 97 blessés.

Plusieurs jours avant ces bombardements, l’ONU avait décidé de porter le dossier des annexions de régions ukrainiennes devant son Assemblée générale --où chacun des 193 membres ont une voix, sans veto-- après que la Russie eut bloqué un texte similaire au Conseil de sécurité le 30 septembre.

Annexions «illégales»

Le projet de texte vu par l’AFP condamne les annexions «illégales» des régions ukrainiennes de Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson après des «prétendus référendums» et souligne que ces actions n’ont «aucune validité» au regard du droit international. Il appelle également à ce que personne ne reconnaisse ces annexions et réclame le retrait immédiat des troupes russes d’Ukraine.

À la tribune de l’ONU, le chargé d’affaires de la mission de l’UE à New York, Silvio Gonzato, a affirmé que les 27 «ne reconnaîtront jamais les prétendus +référendums+ imaginés par la Russie comme un prétexte à une violation de plus de l’indépendance, de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine».

Mais la Russie avait riposté dès ce week-end dans une lettre acerbe à tous les États membres, en attaquant «les délégations occidentales» dont les actions «n’ont rien à voir avec la défense du droit international».

Sous tension, la séance à l’Assemblée générale a été perturbée par une bataille de procédures lancée par Moscou pour obtenir, en vain, un vote de la résolution à bulletins secrets, une procédure très inhabituelle.

«Escalade dangereuse»

Antonio Guterres avait aussi dénoncé les annexions de territoires ukrainiens fin septembre: «Cela bafoue les buts et les principes des Nations unies. C’est une dangereuse escalade. Cela n’a pas de place dans le monde moderne. Cela ne doit pas être accepté».

Pour un responsable américain à New York, les propos du chef de l’ONU «prouvent bien que ce n’est pas une question de l’Occident contre la Russie».

Lors du vote au Conseil de sécurité, aucun pays n’avait pris le parti de la Russie, mais quatre (Chine, Inde, Brésil et Gabon) s’étaient abstenus. Alors que certains pays en développement s’agacent que l’Occident concentre toute son attention sur l’Ukraine, d’autres pourraient lui emboîter le pas cette semaine.

100 à 140 votes pour

Le vote permettra d’évaluer le degré d’isolement de la Russie. Les efforts des défenseurs du texte pour convaincre les potentiels abstentionnistes vont ainsi bon train.

En visite en Afrique, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a dit «exhorter l’Afrique à ne pas rester neutre» lors du vote, selon un communiqué de l’ambassade d’Ukraine à Dakar.

Un responsable européen table sur 100 à 140 voix pour.

Les deux premières résolutions de l’Assemblée générale contre l’invasion russe en mars avaient recueilli 141 et 140 voix pour, cinq contre (Russie, Bélarus, Syrie, Corée du Nord et Érythrée) et entre 35 et 38 abstentions. La troisième fin avril, qui suspendait la Russie du Conseil des droits de l’homme, s’était traduite par un effritement de l’unité internationale face à Moscou, avec beaucoup plus d’abstentions (58) et de voix contre (24) face à 93 voix pour.

(AFP)

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